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Les Egyptiens se sont prononcés samedi sur un projet de Constitution défendu par
les islamistes au pouvoir et rejeté par l'opposition, lors d'un référendum qui
se transformait en test pour le président Mohamed Morsi et les Frères musulmans
dont il est issu.
Les bureaux de vote ont fermé à 23H00 (21H00 GMT) et le dépouillement a commencé
dans la plupart des bureaux, selon la commission électorale qui avait prolongé
le vote de quatre heures en raison des longues queues dans les 10 gouvernorats
appelés à se prononcer.
Dans la journée, l'opposition a dénoncé des fraudes et la tension est montée
dans la soirée avec une attaque contre un parti libéral au Caire.
Le projet de loi fondamentale, qui doit encore être soumis au vote d'une
deuxième moitié du pays le 22 décembre, est au coeur de la plus grave crise en
Egypte depuis l'élection en juin de M. Morsi, premier président civil du pays.
Depuis plus de trois semaines, le pays vit au rythme des manifestations des
partisans et adversaires du chef de l'Etat islamiste, qui ont parfois dégénéré
en violences meurtrières.
Quelque 120.000 soldats ont été appelés en renfort pour aider les 130.000
policiers à assurer la sécurité et M. Morsi a donné à l'armée le droit d'arrêter
des civils jusqu'à l'annonce officielle des résultats.
Cette annonce ne doit pas intervenir avant la deuxième journée de vote, mais la
presse s'attendait à des fuites dès les premières heures du dépouillement.
Après des accrochages entre partisans rivaux du "oui" et du "non" qui ont fait
15 blessés vendredi à Alexandrie (nord), la police anti-émeute est intervenue
samedi soir au Caire pour disperser des militants islamistes qui attaquaient le
siège du Wafd, un parti d'opposition libérale, avec des feux d'artifices et des
pierres, ont expliqué des officiers à l'AFP sur les lieux.
D'une manière générale, le vote s'est cependant déroulé dans le calme. Les
Egyptiens se sont pressés devant les bureaux au Caire et en province, commençant
à faire la queue avant même leur ouverture samedi matin. L'ambiance était
toutefois loin de l'euphorie qui a marqué les scrutins précédents.
Kassem Abdallah, un habitant du quartier de Moqattam, au Caire, a déclaré voter
"oui" sans hésitation. Le projet de Constitution "offre des droits et la
stabilité", a-t-il assuré. Il s'agit de faire en sorte "que le pays revienne à
la normale", a expliqué Ibrahim Mahmoud, un instituteur.
A l'inverse, Omar Abdel Kader, un enseignant de 60 ans, a dit rejeter un texte
ne représentant selon lui "pas tous les Egyptiens". "Je le refuse en raison des
pouvoirs accordés au président. Est-ce raisonnable de faire du président un
dictateur?", a renchéri Nadia Chokri, 55 ans.
"Volonté claire de truquer"
Le Front du salut national (FSN), une coalition des principaux mouvements
d'opposition, a affirmé avoir constaté de nombreuses "violations" des règles
électorales de la part des partisans du chef de l'Etat.
"L'étendue des infractions (...) indique une volonté claire de truquer la
volonté des électeurs de la part des Frères musulmans, dans le but de faire
passer la Constitution de la confrérie", a accusé le FSN dans un communiqué, en
exhortant à voter "non".
Le ministère de l'Intérieur a cependant assuré n'avoir recensé "aucun incident
constituant une entrave au processus référendaire".
Environ 26 millions de personnes sur 51 millions d'électeurs étaient appelés aux
urnes, dont Le Caire et Alexandrie, deuxième ville du pays.
La décision de nombreux juges de boycotter le référendum, qui ne peut être
déclaré valide que sous leur supervision, a forcé les autorités à scinder le
vote sur deux jours. Le ministère de la Justice a cependant assuré qu'il n'y
avait "pas un seul bureau de vote fonctionnant sans juge".
Pour le camp du "oui", l'adoption du texte doterait le pays d'un cadre
institutionnel stable après la transition tumultueuse qui a suivi la chute de
Hosni Moubarak en février 2011.
L'opposition laïque, de gauche et libérale dénonce de son côté un texte adopté
par une commission dominée par les islamistes, qui ouvre selon elle la voie à
des interprétations rigoristes de l'islam et offre peu de garanties pour
certaines libertés.
"Si le projet de Constitution est approuvé par moins de 60% des votants, il
pourrait devenir le centre d'un futur conflit sur la validité du système
politique qui en découlera", a dit à l'AFP Yasser El-Shimy, spécialiste de
l'Egypte à l'International Crisis Group.
A l'inverse, "si plus de 60% votent oui, il sera très difficile pour
l'opposition de dire qu'elle représente les aspirations du peuple égyptien",
a-t-il ajouté.
Source: http://www.elwatan.com
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