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La relation algéro-française à l’épreuve du passé colonial de la France en Algérie

16122012
De François Mitterand à François Hollande, en passant par Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, l’histoire et le passé colonial apparaissent comme déterminants dans l’avenir des relations franco-algériennes. Cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie c’est encore le cas.

Les ambitions nourries par Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ont trouvé leurs limites dans la perception de ce passé et de sa reconnaissance par l’Etat français sous leurs directions respectives. Qu’en sera-t-il pour François Hollande ? Après sa déclaration sur la reconnaissance du 17 Octobre 1961, jusqu’où l’actuel chef de l’Etat français ira-t-il dans la reconnaissance du fait colonial en Algérie ? Continuera-t-il à avancer pas à pas pour ne pas braquer les réfractaires à toute idée de reconnaissance et aux nostalgiques de l’Algérie française. «La France se grandit lorsqu’elle regarde lucidement son passé», affirmait le président Hollande à la veille d’un voyage en Afrique dans une interview accordée, depuis l’Elysée, à France 24, RFI et TV5 Monde. Dans cette interview, il avait évoqué les «fautes» du passé, la colonisation ou la traite négrière. Fera-t-il une déclaration solennelle en ce sens concernant l’Algérie lors de la visite d’Etat qu’il y fera dans quelques jours ?

Al’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, le 5 juillet 2012, François Hollande, élu le 6 mai 2012, avait adressé une lettre au président Bouteflika dans laquelle il estimait qu’il y «a place désormais pour un regard lucide et responsable» de la France sur son passé colonial en Algérie. Quand bien même le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, affirmait, il y a quelques semaines dans l’émission «Grand rendez-vous» d’Europe1-ITélé-Le Parisien que «les Algériens ne souhaitent pas un voyage tourné vers le passé», et que la France veut conclure «un partenariat stratégique» avec l’Algérie, centré sur les domaines économique, éducatif, énergétique et «pourquoi pas militaire», ce passé ne devrait pas être occulté. C’est le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, qui l’a affirmé en indiquant sur les ondes de la Chaîne 3 que la question de la mémoire, «même si elle ne figure pas officiellement au programme de la visite de M. Hollande, sera inévitable», notamment, a-t-il dit, après «les déclarations encourageantes de M. Hollande dans ce sens». «Nous attendons la visite de M. Hollande pour avoir plus de clarifications que le peuple algérien attend sur la question de la mémoire.»

En effet, dans un communiqué remis à l’AFP le 17 octobre dernier, le président Hollande écrivait : «Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes.» Par cette déclaration, le président François Hollande ne va pas jusqu’à mettre en cause la responsabilité -pourtant avérée- de l’Etat français dans ce crime d’Etat. Mais le symbole est là : il est salué en France comme en Algérie.«Aujourd’hui, entre une repentance jamais formulée et un oubli forcément coupable, il y a place pour un regard lucide, responsable sur notre passé colonial et un élan confiant vers l’avenir… Cela vaut pour la gauche française dans le regard qu’elle porte sur sa propre histoire. Cela vaut aussi pour la France et pour l’Algérie. Aucune avancée en la matière ne pourra être unilatérale», affirmait le président Hollande à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie.

Candidat à la présidentielle, dans une tribune qu’il avait confiée au journal Le Monde et El Watan, le 19 mars dernier, jour anniversaire des Accords d’Evian de 1962, François Hollande écrivait : «Nous avons tant de choses utiles et belles à faire dans une même perspective. Celle du respect mais aussi du dépassement.» Premier secrétaire du Parti socialiste, il nous affirmait dans une interview à la veille d’un déplacement en Algérie, en juillet 2006 (El Watan du 8 juillet 2006) : «La colonisation a été un système inéquitable et oppresseur. La guerre d’Algérie a produit, comme toute guerre, des tragédies humaines. Dire cette vérité, n’est pas rajouter du malheur à la douleur, c’est accomplir notre devoir à l’égard de toutes les victimes de cette période. Le retour sur notre passé est nécessaire pour préparer l’avenir.» «La loi du 23 février 2005, votée par la majorité de droite, en France, a suscité incompréhension et colère ici en Algérie, mais aussi en France. C’est pourquoi la gauche s’est mobilisée pour l’abrogation de son article 4 qui reconnaissait le caractère positif de la colonisation. Nous avons obtenu gain de cause et Jacques Chirac a fini par faire annuler cette disposition.»

Quatre ans après (El Watan du 6 décembre 2010), il nous réaffirmait son souhait d’une construction entre l’Algérie et la France d’une relation durable, au-delà de la conjoncture politique et du pragmatisme. «Au-delà de la conjoncture politique, je m’intéresse à l’amélioration durable de la relation entre la France et l’Algérie.» «Nos relations doivent dépasser le pragmatisme pour se donner des objectifs au long cours.» Aussi, «il est temps de l’investir pour les générations futures».
Aujourd’hui qu’il est à la tête de l’Etat français, François Hollande ira-t-il jusqu’au bout de cette conviction qu’il a affichée dans les différentes responsabilités politiques qui ont été les siennes ?


Source:http://www.elwatan.com
 

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