25122012
L’ingénieur français enlevé mercredi 19 décembre à Rimi, dans le nord du
Nigeria, est aux mains du groupe islamiste radical Ansaru. Né il y a moins d'un
an dans l’ombre de la célèbre secte islamiste Boko Haram, ce nouveau groupe
jihadiste nigérian n’en est pas à son premier coup d’essai.
Ansaru « annonce au monde, et surtout au
gouvernement français, être responsable de l'enlèvement de l'ingénieur Francis
Colump (...), 63 ans, qui travaille pour l'entreprise française Vergnet ».
Dimanche 23 décembre, le groupe islamiste radical nigérian Ansaru fait parvenir
un communiqué à la presse locale. Il y revendique le rapt de l’ingénieur
français Francis Colump, enlevé mercredi dernier dans sa résidence à Rimi, dans
l’État de Katsina, où il travaillait pour la société française d’éoliennes
Vergnet.
Les auteurs de l’enlèvement expliquent leur geste par « le rôle majeur de la
France » dans la préparation d’une intervention militaire internationale au
Nord-Mali. Ils invoquent également la « position du gouvernement français et des
Français vis-à-vis de l’islam et des musulmans », pointant notamment du doigt la
loi interdisant le port du voile intégral.
Le groupe Ansaru termine son communiqué d’un ton menaçant. Il informe qu’il va
« continuer à lancer des attaques contre le gouvernement français et les
citoyens français (...) en particulier en Afrique noire, tant qu'il ne changera
pas sa position sur ces deux sujets. »
Qui se cache derrière Ansaru ?
L’apparition officielle d’Ansaru remonte au début du mois de juin 2012. Son
premier communiqué, diffusé le 3 juin, indique que le vrai nom du groupe est
Jama’atu Ansarul Muslimina Fi Biladi Sudan (« L'avant-garde pour la protection
des musulmans en Afrique noire »). Leur logo est un Coran entouré de deux
fusils. Sur chaque fusil, des drapeaux noirs, sur lesquels sont inscrits « Il
n’y a de Dieu qu’Allah est Mohammed est son Prophète ».
Le groupe Ansaru est une faction dissidente de la secte islamiste Boko Haram,
organisation terroriste responsable de centaines de morts au Nigeria depuis
2009. Il est dirigé par un personnage encore méconnu, Abu Ussamata Al Ansari.
Comme Boko Haram, Ansaru se bat pour l’instauration d’un État islamique dans le
nord du Nigeria. « Nous sommes engagés dans la même bataille, mais avec
différents leaders », affirme le communiqué. Ansaru affiche toutefois quelques
différences avec la secte islamiste, se voulant par exemple moins radical sur
certaines questions idéologiques.
Quelles sont les revendications
d’Ansaru ?
Ansaru se présente avant tout comme une force de défense des intérêts musulmans.
Ses membres affirment lutter contre les injustices et les actes terroristes
perpétués contre les musulmans au Nigeria et en Afrique. Dans son communiqué
officiel, Usamata Al Ansari justifie notamment son engagement par les
manquements de l’Etat nigérian, selon lui incapable de défendre les musulmans
dans les violences inter-religieuses avec les chrétiens.
Un autre objectif du groupe Ansaru est de retrouver la « dignité perdue des
musulmans d’Afrique noire ». Il souhaite un retour aux temps glorieux du califat
de Sokoto, ancien empire islamique peul créé au début du XIXe siècle par Usman
Dan Fodio et qui s’étendait du Niger au Cameroun en passant par le nord du
Nigeria.
Quels sont les principaux faits
d’armes d’Ansaru ?
Le 8 mars 2012, deux otages européens (un Italien et un Britannique) sont tués
dans un raid tentant de les libérer à Sokoto, dans l'extrême nord-ouest du
Nigeria. Londres avait alors accusé une faction du groupe islamiste Boko Haram,
qui pourrait être Ansaru, d'être responsable de l'enlèvement des deux
ingénieurs.
Plus récemment, le groupe Ansaru a revendiqué l’attaque commise le 26 novembre
contre le quartier général de la Brigade spéciale anti-vol (Sars) à Abuja. Un
groupe d’hommes armés avaient alors pris d’assaut le bâtiment, tuant deux
policiers et libérant cinq détenus islamistes.
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Benjamin Roger (@benja_roger)
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