07012013
Trois premiers ministres très encadrés sur le plan économique
Les économies des principaux pays
maghrébins évoluent dans des directions contradictoires. Les résultats pour 2012
sont, certes, mitigés pour tous, mais les perspectives pour 2013 sont,
curieusement, plus souriantes pour les pays ayant le moins de ressources, le
Maroc et la Tunisie, alors que le poids de la rente tétanise toujours l’économie
algérienne.
Difficile de trouver de la cohérence dans l’évolution des économies maghrébines
en 2012, et dans les perspectives contradictoires pour l’année prochaine. Alors
que la Tunisie tente de dépasser les contre-performances liées à l’instabilité
politique, le Maroc mène une expérience mitigée d’un pouvoir islamiste soft.
Quant à l’Algérie, elle stagne, rien ne semble en mesure de la sortir de son
hibernation.
Curieusement, les principaux pays maghrébins se retrouvent sur quelques
fondamentaux, avec une faible productivité du travail, un chômage élevé, mais
supportable en Algérie et au Maroc. En Tunisie, le chômage touche près de 18% de
la population active, contre 10% en Algérie et au Maroc, sous réserve de la
fiabilité des statistiques fournies par les organismes officielles.
L’économie tunisienne est la plus affectée par l’instabilité politique, ce qui
est parfaitement compréhensible pour ce pays qui a été le berceau du « printemps
arabe ». Toutefois, l’économie tunisienne commence à ressaisir. Elle a réalisé
un taux de croissance de 3% lors des neuf premiers mois de 2012, selon M. Ridha
Saïdi, ministre chargé des dossiers économiques. En attendant les bilans
définitifs de l’année, légèrement au-dessous de 3%, selon le FMI, ces chiffres
doivent être rapportés au faible 2.6% de croissance en 2012 attendu en Algérie,
toujours selon le FLMI, et aux 3.4% attendus au Maroc. Mais les résultats de la
Tunisie doivent être examinés avec une grande prudence, car le pays partait de
très bas, après les contreperformances de 2011. En fait, en 2012, l’activité
économique devrait se situer encore en deçà de son niveau de 2010.
En Tunisie, l’agriculture (+4%) et les services (+4,5%) ont été les principaux
moteurs de la croissance, alors qu’au Maroc, c’est essentiellement la demande
interne qui a entrainé la croissance, en raison de la crise qui touche les
principaux clients traditionnels du pays, en premier lieu l’Europe. Autre point
faible de la Tunisie, la crise frappe les régions de manière inégale. Certaines
régions de l’intérieur sont plus durement touchées que les grands centres
urbains touristiques de la côte. Selon des informations de presse, le chômage
dépasserait 30% dans le gouvernorat du Kef, et probablement plus dans celui de
Gafsa.
Des islamistes financièrement orthodoxes
Curieusement, les perspectives des économies maghrébines sont nettement plus
optimistes pour la Tunisie et le Maroc que pour l’Algérie. Certes, le PIB de
l’Algérie représente 1,8 fois celui du Maroc et 3.5 fois celui de la Tunisie. De
même, les recettes réalisées grâce aux exportations d’hydrocarbures (près de 80
milliards de dollars) et les réserves de change, qui frisent les deux cent
milliards de dollars, constituent une solide garantie pour de nombreuses années
encore.
Mais les banques et les institutions internationales considèrent de manière
générale que l’économie algérienne est la moins bien lotie des trois, en raison
de son incapacité chronique à sortir de la logique de la rente. Pour le Maroc,
le FMI prévoit une croissance de 5% en 2013, alors que le ministère des
finances, plus prudent, se contente d’annoncer 4.5%. En Tunisie, le gouvernement
table sur une croissance de 4.5% en 2013, alors qu’en Algérie, le FMI se limite
à une croissance de 3.4%.
Le FMI estime que « les fondamentaux » de l’économie marocaine sont bons.
L’économie a été largement assainie, et le gouvernement islamiste de M.
Abdelilah Benkirane ne s’est pas laissé aller à une dérive populiste. En
Tunisie, le gouvernement Ennahdha est lui aussi resté dans l’orthodoxie
financière, ce qui lui permet de maintenir un minimum de crédibilité du pays
malgré l’instabilité politique. En Algérie, par contre, le FMI considère que
l’économie est déstructurée. Elle a « le potentiel pour faire une croissance à
deux chiffres », mais elle n’atteindra probablement pas 4%, selon le FMI. Pour
2013, on parle de « relance » en Tunisie, de « rebond » au Maroc, mais en
Algérie, ce sera probablement une stagnation, qui sera occultée par les recettes
des hydrocarbures.
Maitrise de l’inflation au Maroc, dérapage en Algérie
Autrement élément qui traduit le degré de maitrise économique : l’inflation. En
Algérie, elle devrait frôler les dix pour cent en 2012, avec déjà 8.3% à
novembre, selon l’Office National des Statistiques, pour revenir vers 5% en
2013, selon les prévisions du FMI. Ce dérapage, résultat direct des hausses de
salaires de 2011, a brisé une décennie d’efforts qui avaient ramené l’inflation
à un niveau acceptable.
En Tunisie, 2012 a également été marqué par un bond de l’inflation, qui avait
atteint 5,7 pour cent au mois de septembre, selon l'Institut national de la
statistique. Le gouvernement tunisien a été contraint de lâcher du lest, face à
l’agitation sociale, alors que le Maroc semble le seul à mieux s’en sortir sur
ce terrain. Malgré le renchérissement de certains produits importés, le
gouvernement devrait tenir ses engagements en vue de contrôler l’inflation à
moins de deux pour cent. S’il tient son pari, ses prévisions pour 2013, avec
toujours une inflation à deux pour cent, deviendraient crédibles.
Source: http://www.maghrebemergent.info
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