19012013
Suite à l'intervention militaire française au nord du Mali, le scénario redouté
en Algérie de l'élargissement de la zone de combats au territoire sud du pays
n'a pas été long à se matérialiser. Venus du Nord-Mali ou de Libye, des éléments
armés se sont en effet attaqués hier à une base pétrolière de la société
britannique BP située non loin de la ville d'In Amenas.
Selon les premières informations qui ont filtré, l'attaque s'est soldée par la
mort d'un agent du service de sécurité et sept autres blessés parmi ses
collègues ainsi que l'enlèvement de 6 travailleurs étrangers. Les auteurs de ce
coup de main ont pu commettre leur forfait malgré l'assurance martelée par les
autorités d'avoir pris toutes les dispositions pour sécuriser les frontières du
pays d'où pouvait venir la menace terroriste.
L'attaque d'hier ne démontre pas seulement que le dispositif sécuritaire mis en
place pour parer aux infiltrations terroristes n'assure pas au pays le risque
zéro en matière de menace terroriste visant le territoire national. Elle donne
également à comprendre que nos régions sud ne vont pas être épargnées par les
développements qu'est en train de connaître la zone sahélienne devenue théâtre
de combats entre les forces d'intervention déployées au Mali et les groupes
armés jihadistes.
L'entrée des premières en action a provoqué un afflux de renforts en faveur des
seconds provenant sans aucun doute de Libye et de Tunisie. Lesquels renforts ne
peuvent rejoindre les groupes opérant au nord du Mali qu'en passant par
l'extrême Sud algérien. De même que les éléments jihadistes repoussés par
l'offensive de la force d'intervention française tenteront eux de se replier en
territoire algérien. C'est dire que cela va inévitablement « chauffer » dans le
sud du pays.
A leur corps défendant, les autorités algériennes se retrouvent à gérer une
situation contre laquelle elles ont pensé prémunir le pays en prônant au lieu de
l'intervention militaire l'option d'une solution politique à la crise malienne.
Le revirement aussi étrange qu'encore inexpliqué opéré par le groupe armé Ansar
Eddine que les autorités algériennes ont cru convaincu de faire sienne l'option
de la solution politique a précipité les événements dans la crise malienne en
faveur des tenants parmi les acteurs impliqués dans cette crise d'un dénouement
purement militaire. Malgré cela, l'Algérie s'en est tenue à sa position et n'a
pas cessé de prôner l'option politique en dépit de la guerre ouverte dont le
nord du Mali est maintenant le théâtre. N'est-ce pas qu'on voudrait lui faire
changer d'attitude ?
L'attaque d'hier de la base BP près d'In Amenas est peut-être à décoder alors
selon la grille de lecture en faisant une opération destinée à faire basculer
l'Algérie dans le camp de l'option militaire. Si ce sont apparemment des
éléments islamistes qui sont les auteurs de cette attaque, cela n'exclut pas
qu'elle ait eu pour concepteurs des officines déterminées à entraîner l'Algérie
dans l'engagement aux côtés du camp de la militarisation totale de la solution
de la crise malienne. Au vu de la manière dont les événements se sont enchaînés
au nord du Mali mais également à Bamako pour aboutir à la situation de guerre
qui prévaut aujourd'hui, une telle interrogation sur l'objectif réel de
l'attaque d'hier ne peut être réduite à une déduction émanant d'esprits acquis à
« la théorie du complot » en tant qu'explication à ce qui se passe au nord du
Mali. Quoi que l'on pense, il y a manifestement volonté quelque part de forcer
la main à l'Algérie et de la pousser à s'impliquer militairement plus loin
qu'elle n'en a eu l'intention depuis le début de la crise malienne. Le plus sûr
moyen de l'y contraindre est de s'attaquer à ce qui la fait vivre, son industrie
pétrolière et gazière. Les éléments armés qui se sont infiltrés dans la région
d'In Amenas ont manifestement voulu démontrer que cela est possible.
Source:www.djazairess.com
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