22012013
Le plan marocain prend corps. Techniciens et bailleurs de fonds sont au
rendez-vous, et le chantier de la première centrale solaire commence à
Ouarzazate. Mise en service programmée en 2015.
Le départ de Mustapha Bakkoury de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), en
juin 2009, fut une surprise. Sa nomination par Mohammed VI, le
30 décembre suivant, à la tête de la naissante Agence marocaine pour l'énergie
solaire (Masen) fut tout aussi inattendue. « Tout ce que je connais du soleil,
c'est qu'il fait chaud ! » confiait alors l'ancien banquier au ministre de
l'Intérieur de l'époque, Chakib Benmoussa. Lequel lui répondit : « Cela doit
être largement suffisant pour faire l'affaire. » Sa mission : entreprendre les
études techniques et financières pour la mise sur les rails et la conduite d'un
programme solaire, sur lequel le très ensoleillé royaume lui-même avait peu
d'expertise.
Gadget onéreux
Ses détracteurs y voyaient un gadget onéreux, ses promoteurs un pari audacieux.
Trois ans plus tard exactement, alors que la demande en électricité du pays
progresse d'environ 7 % chaque année, le plan solaire marocain est en tout cas
devenu un pilier de la politique énergétique du royaume, un vecteur majeur de
son image « verte » à l'international et un générateur d'investissements de
plusieurs milliards de dollars. Outre les préoccupations de production d'énergie
d'origine solaire, l'agence doit également intervenir sur l'intégration
industrielle et régionale, sur les volets de recherche et développement (R&D) et
de formation, ainsi que sur la recherche de financements extérieurs pour limiter
l'impact économique sur les ménages.
Premier contrat
Fin septembre, la Masen a attribué au consortium composé du saoudien Acwa Power
International (95 %) et des espagnols Aries Ingeniería y Systemas et TSK
Electronica y Electricidad (5 %) le contrat pour la conception, le financement,
la construction, l'exploitation et la maintenance de la centrale de Ouarzazate,
qui constitue aussi le premier contrat de production indépendante d'électricité
(pour vingt-cinq ans) du plan solaire marocain. Première tranche du complexe de
Ouarzazate, qui aura à terme une puissance de 500 MW, cette centrale solaire à
concentration est dotée d'une capacité de stockage d'énergie de trois heures
(pour couvrir la pointe de consommation entre 19 heures et 22 heures) et d'une
puissance de 160 MW, qui correspond aux besoins en électricité d'une
agglomération de 1 million d'habitants, comme celle de Marrakech.
Les travaux commencent, pour une mise en service prévue début 2015, avec un prix
du kWh en heure de pointe remis par le consortium à 1,62 dirham (DH, 15 centimes
d'euro). Les 7 milliards de DH du projet sont cofinancés par le groupe allemand
KfW, la Banque européenne d'investissement et la Banque africaine de
développement, rejointes en novembre par l'Agence française de développement, à
hauteur de 100 millions chacune, ainsi que par le Clean Technology Fund
(150 millions), la Commission européenne (30 millions) et le ministère allemand
de l'Environnement (15 millions). La Banque mondiale (153 millions) financera le
différentiel entre le prix d'achat par la Masen et son prix de revente à
l'Office national d'électricité (ONE).
Des centrales du même type doivent être réalisées sur les quatre autres sites
retenus : Aïn Beni Mathar (400 MW), dans l'Oriental, qui accueille déjà une
première centrale hybride solaire-gaz, Foum el-Oued (500 MW), Boujdour (100 MW)
et Sebkha Tah (500 MW) dans le sud du pays. À partir de 2020, date d'entrée en
service de tous ces complexes (qui couvriront une superficie de 10 000 ha), le
Maroc devrait disposer d'une puissance installée en énergie solaire de 2 000 MW
(soit une production annuelle de 4 500 GWh, qui équivaudra à 14 % de sa capacité
électrique). De quoi économiser environ 1 million de tonnes équivalent pétrole
et 3,7 millions de tonnes de CO2.
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