27012013
“Ne laissons pas les hydrocarbures devenir notre héroïne”
Pour maintenir le train de dépenses actuelles de l’État, le déficit budgétaire
continuera à se creuser au fil des ans et finira par vider le Fonds de
régulation des recettes avant 2020.
Ce fonds où sont venus s’accumuler les surplus budgétaires depuis sa mise en
place en 2003, pour atteindre plus de 4 000 milliards de dinars, fin 2012,
constitue la réserve de l’État pour faire face aux années de “vaches maigres” et
aux aléas des marchés pétroliers. En continuant à dépenser plus que ce qu’il ne
collecte comme recettes fiscales, et sans changer de modèle économique ou de
politique fiscale et budgétaire, l’État aura consommé toute cette “tirelire”
dans 5 ou 6 ans. Après cela, les déficits budgétaires iront accroître la dette
de l’État qui, de moins de 1 400 milliards de dinars en 2012 (9% du PIB),
pourrait atteindre près de 3 000 milliards de dinars en 2020 (16% du PIB), puis
près de 25% du PIB à l’horizon 2030.
Quant aux réserves de changes (près de 200 milliards de dollars fin 2012), elles
commenceront à baisser à partir de 2016 quand la croissance non contenue des
importations et la baisse des exportations d’hydrocarbures nous mèneront à des
déficits commerciaux structurels. Ces réserves de changes risquent de s’épuiser
autour de 2024, ce qui nous obligera à nous endetter pour financer nos déficits
commerciaux. La dette extérieure, que l’État a prudemment remboursée en
quasi-totalité en 2005, pourrait alors atteindre plus de 150 milliards de
dollars en 2027 et plus de $ 300 milliards autour de 2030 si les importations
continuent à croître. Cette tendance nous ramènerait ainsi à des niveaux de
dette extérieure non soutenables, comparables à ceux atteints au début des
années 1990 et qui nous ont forcés à l’époque d’entreprendre des ajustements
très douloureux sur le plan social. Ce scénario, décrit, dans le rapport Nabni
Algérie 2020, de 256 pages, présenté, hier, à la salle Cosmos du complexe Riad
El-Feth n’est pas une fiction. “Cette perspective peu réjouissante est
malheureusement probable si rien n’est fait”, si le statu quo actuel est
maintenu. Ce scénario, désastreux, peut être déjoué en amorçant rapidement le
virage que doit prendre notre économie et éviter ainsi le même sort que le
“Titanic”. Le magnifique paquebot qui avait amorcé son virage quelques minutes
trop tard a coulé.
Il faut impérativement couper le cordon avec la rente et la (rente) réorienter
vers des investissements d’avenir. “Ne laissons pas les hydrocarbures devenir
notre héroïne”, avertit Raïf Mokretar Karroubi, expert en banque. En d’autres
termes, il faut faire du pétrole le carburant de la diversification de
l’économie.
Au total, cinq ruptures fondamentales, (15 chantiers), par rapport aux
politiques menées ces dernières décennies sont nécessaires comme leviers pour
réaliser la vision économique de l’Algérie 2020. “Notre pays dispose d’un
formidable potentiel économique et est doté d’atouts pour réussir : capital
humain, infrastructures, ressources naturelles, positionnement stratégique et
surtout un réservoir d’idées et d’ambitions qui n’attendent que le cadre idoine
pour pouvoir se réaliser. Ce qui lui a trop longtemps manqué, c’est une vision,
de l’audace et de la volonté pour entamer un Projet global et cohérent”,
souligne le think tank Nabni. “C’est ce que nous proposons avec espoir et
réalisme”, a ajouté le collectif. Cette vision fait de “Cinquante chantiers de
rupture pour bâtir l’Algérie de 2020”, relie dans un ensemble cohérent et
indissociable, des chantiers structurants, des virages dans les politiques
publiques, dans les domaines économique, social, éducatif, urbain, culturel et
de santé publique, en asseyant le tout sur des réformes fondamentales de la
gouvernance et des institutions de l’État. Si on ne change pas la gouvernance,
pas de développement possible.
Chacun des thèmes abordés au cours du projet Nabni 2020 met en évidence la
nécessité de changements profonds dans la gouvernance publique. Les virages à
prendre dans des domaines comme l’économie, l’éducation ou la santé, reposent
tous sur une nouvelle manière de concevoir et de conduire les politiques
publiques. Celle-ci exige une refonte de la gouvernance de l’État et des
institutions, et plus fondamentalement de leurs liens avec les administrés.
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Source:http://www.liberte-algerie.com
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