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Amadou Diaw : "Les élites se détournent de la France"

Amadou Diaw est président de l'International School of Management (ISM Dakar). Ce spécialiste de l'enseignement supérieur constate une attirance pour les établissements anglo-saxons.

 


Amadou Diaw

 


Jeune Afrique : Quelle est la part d'élèves sénégalais scolarisés dans des établissements européens élitistes ?

Amadou Diaw : Depuis une vingtaine d'années, des Sénégalais plutôt aisés envoient leurs enfants en France ou en Suisse pour leurs études secondaires. Ce phénomène concerne tout au plus quelques dizaines de familles chaque année, en particulier dans le milieu des affaires. Il ne s'agit pas nécessairement des meilleurs éléments, on ne peut donc pas parler de fuite des élites. En revanche, nous constatons une augmentation des inscriptions dans des écoles secondaires de très haut niveau aux États-Unis ou en Afrique du Sud. Cette élite en formation se détourne de la France.


Certains pays sont-ils plus concernés que d'autres ?

Les pays d'Afrique centrale sont a priori plus représentés dans ces établissements européens. Pendant la période coloniale déjà, les familles royales du Cameroun envoyaient leurs enfants poursuivre leurs études secondaires en France. Au lendemain des indépendances, le phénomène s'est amplifié, y compris au Maghreb. Malgré l'existence de lycées de très haut niveau au Maroc, des jeunes marocains, tunisiens et libyens, notamment, ont poursuivi leurs études dans les prestigieux établissements parisiens (lycées Louis-le-Grand, Henri-IV). Quoi qu'il en soit, le phénomène que nous évoquons, marginal, n'a aucune répercussion, ni sur nos établissements ni sur le système éducatif.


Au Sénégal, quels établissements sont en mesure de proposer une alternative locale ?

En Afrique de l'Ouest, le pays affiche une belle longueur d'avance, tant au niveau du secondaire que de l'enseignement supérieur. Il y a par exemple le lycée public Mariama-Bâ, sur l'île de Gorée. Cette maison d'éducation réservée aux jeunes filles affiche 100 % de réussite au bac, avec mention ; le prytanée militaire de Saint-Louis constitue son pendant masculin. Depuis une dizaine d'années, des lycées privés d'excellence affichent également de très bons résultats. À cela s'ajoutent de bons collèges catholiques.

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Propos recueillis par Fanny Rey


Source: Jeuneafrique.com

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