30012013
L'occupation du Nord du Mali par les rebelles islamistes n'a pas porté préjudice
au secteur. Mais une période d'incertitudes s'ouvre avec le coup d'envoi de
l'intervention militaire française.
Le gisement de Loulo est exploité par Randgold Resources.
Alors que la guerre dans le Nord-Mali bat son plein, le secteur minier se porte
bien. « La production aurifère n'a pratiquement pas été affectée », affirme
Abdoulaye Pona, président de la Chambre des mines du Mali. Selon le ministère
des Mines, 43,5 tonnes d'or brut ont été produites en 2011. En 2012, sur les
onze premiers mois de l'année, ce sont 41,3 tonnes d'or qui ont été extraites. «
Les zones aurifères sont à des milliers de kilomètres du Nord-Mali, dans le sud
et dans l'extrême ouest du pays », explique Alassane Diarra, directeur général
de MCS Consulting, un cabinet de courtage malien spécialisé dans l'or.
Et le putsch de mars 2012 n'a pas remis en question les contrats d'exploitation.
« Les autorités ont toujours été présentes et assurent notre sécurité. L'option
rapatriement n'a pas été mise sur la table, mais c'est une très bonne chose que
l'armée française ait réagi aussi vite », indique Mark Bristow, directeur
général de Randgold Resources. « Néanmoins, la crise a eu un impact négatif sur
la prospection, relativise Alassane Diarra. Des investisseurs se sont montrés
plus frileux, et quelques acteurs se sont retirés », effrayés par la perspective
d'enlèvements, même dans des zones censées être épargnées. Une perspective
ravivée par le rapt d'un Français fin novembre à Diéma, dans l'ouest du pays.
Malgré tout, la production devrait encore progresser en 2013. Portées par un
cours de l'once qui atteint des records (1 270 euros début janvier), les
annonces d'ouverture ou de prolongation d'exploitation de mines d'or se
multiplient. Ainsi, le sud-africain AngloGold Ashanti a été autorisé à prolonger
d'une douzaine d'années l'exploitation de sa mine de Sadiola, et l'australien
Resolute Mining va investir 185 millions d'euros dans celle de Syama pour
l'exploiter quinze années de plus.
Aubaine
En plus des sept mines déjà ouvertes, deux nouveaux sites ont été inaugurés en
2012 : Wassoul'or (par la société malienne éponyme) et Gounkoto (par Randgold
Resources). « Le complexe de Loulo-Gounkoto, actuellement en cours d'expansion,
forme l'une des plus grandes mines d'or d'Afrique, se réjouit Mark Bristow. En
2011, 346 000 onces ont été extraites de ces deux mines, 500 000 en 2012, et la
production devrait dépasser les 600 000 dès 2014, avec une durée de vie de plus
de vingt ans. »
D'autres projets sont prêts à se concrétiser, à l'image du gisement de Nampala,
dont la concession a été confiée au canadien Robex. « Et treize autres sites
sont en cours de prospection, s'enthousiasme Abdoulaye Pona. Les perspectives
sont vraiment excellentes. Le Mali pourrait devenir le deuxième producteur
aurifère du continent. » Une aubaine pour l'État, qui, ainsi que le prévoit le
code minier, détient 20 % des parts des sociétés d'exploitation.
Une nouvelle raffinerie
Swiss Bullion Company et l'entreprise malienne Pan African Minerals
Beneficiation Consultants se sont associés pour ouvrir une raffinerie d'or d'une
capacité de 20 tonnes par mois, près de Bamako. L'investissement est estimé à 45
millions d'euros et les travaux ont démarré en janvier. « L'objectif est de
valoriser les matières premières du sous-sol ouest-africain, explique Abdoulaye
Pona. Nous allons aussi créer des ateliers de taille de pierres précieuses et de
fabrication de bijoux haut de gamme. »
Si le président de la Chambre des mines du Mali se félicite du millier d'emplois
directs et indirects qui devraient être créés, Mark Bristow, directeur général
de Randgold Resources, est plus réservé : « Les marges sont trop faibles, le
projet n'est pas viable », indique-t-il en connaissance de cause. Le groupe
britannique dispose en effet d'une petite raffinerie dans la mine de Loulo, «
exclusivement destinée à favoriser l'emploi local ». B.T.
Source: Jeuneafrique.com
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