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L’ancienne ambassadrice américaine à Bamako jette un pavé dans la mare

09022013
La France a versé des rançons à Aqmi
 

 


Vicki J. Huddleston

 

 

Ce qui n’était que rumeurs, démenties par la France sous Nicolas Sarkozy, est désormais confirmé par les révélations de l’ancienne ambassadrice des États-Unis à Bamako de 2002 à 2005, qui affirme que Paris, comme d’autres pays européens, a versé plusieurs millions de dollars à Aqmi en échange de la libération des otages français.

L’ex-ambassadrice américaine au Mali, Vicki J. Huddleston, a révélé hier à la chaîne d’informations i.Télé que la France, à l’instar d'autres pays européens, a versé des millions de dollars à Aqmi pour obtenir la libération d’otages au Sahel. Vicki J. Huddleston a notamment souligné que l'Algérie “avait toujours refusé catégoriquement de payer des rançons. Comme mon propre pays, les États-Unis”. “Mais les gouvernements européens avaient le sentiment qu'ils ne pouvaient pas faire autrement”, a-t-elle précisé. Elle a indiqué que le gouvernement allemand a aussi déboursé “environ 5 millions de dollars” pour faire libérer des ressortissants au début des années 2000. “Il y a deux ans, Aqmi a pris des Français en otage dans une mine d'uranium au nord du Niger, et pour faire libérer ces otages la France a payé une rançon d'environ 17 millions de dollars”, déclare dans cette interview Vicki J. Huddleston, qui a été ambassadrice au Mali de 2002 à 2005. “Les rançons, comme toutes les rançons, ont été payées indirectement. Elles ont terminé entre les mains du gouvernement malien et ensuite elles sont retournées, du moins une partie, aux salafistes”, a-t-elle ajouté. L’ambassadrice, aujourd'hui à la retraite, a également été responsable des affaires africaines au département d'État. L’entretien a eu lieu jeudi en duplex entre Albuquerque (Nouveau-Mexique) et Washington, selon iTélé. Les quatre otages pour lesquels une rançon a été versée selon la diplomate ont été enlevés à Arlit (Niger) le 16 septembre 2010.

Ces révélations remettent en cause les démentis de la France, sous Sarkozy, niant un quelconque paiement de rançon en échange de la libération des otages par Aqmi. Ceci étant, à la mi-2012, le président Nicolas Sarkozy avait affirmé, à propos de deux otages en Afghanistan, que payer des rançons n’était pas un problème pour son gouvernement. En revanche, le nouvel Exécutif socialiste de François Hollande semble avoir une approche différente, jugeant que des rançons nourrissent le terrorisme et la poursuite de la pratique des rapts, selon des sources concordantes. Rappelons que dans un livre paru début 2012, Serge Daniel, correspondant à Bamako de Radio France internationale et de l'Agence France presse, avait déjà évoqué des montants de rançons, et de manière beaucoup plus précise que l'ex-ambassadrice. Deux sociétés françaises ont payé “13 millions d'euros” pour libérer des Français, l’Autriche a payé “3 millions d'euros”, l'Espagne a payé “9 millions d'euros” par exemple, le Canada “3 à 5”, a-t-il ainsi écrit dans son ouvrage de référence Aqmi, l'industrie de l'enlèvement, publié aux éditions Fayard. La France compte aujourd'hui encore sept otages dans la bande sahélo-saharienne. Deux autres otages français ont été enlevés à Hombori le 24 novembre 2011 et un autre le 20 novembre 2012 près de Kayes. Les sept otages seraient détenus, au nord du Mali, dans le massif des Ifoghas, vaste zone de montagnes et de grottes où, selon des experts et des sources de sécurité, une bonne partie des chefs et des combattants des groupes islamistes se sont réfugiés.

Par : Merzak Tigrine


Source:http://www.liberte-algerie.com

 

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