Au moment où une part croissante de la
gauche européenne se convertit .. ....au « droit d’ingérence » qu’elle
critiquait il y a quelques années et où, complices de l’impunité, les médias
occidentaux minimisent les milliers de victimes civiles de bombardements «
humanitaires » ou « laïcs » (Afghanistan, Libye, Mali, etc…), les
latino-américains ne sont pas dupes des habits neufs du colonialisme....Voici
l'appel à l'unité lancé par l'un des plus grands anti colonialiste de notre
temps : Hugo Chavez
Lettre du Président Hugo Chavez aux participants du IIIème Sommet
Afrique-Amérique latine et Caraïbes (Guinée Équatoriale, février 2013)
Caracas, 22 février 2013.
Frères et sœurs,
Recevez mon plus fervent salut bolivarien, unitaire et solidaire, avec toute ma
joie et de toute mon espérance dans le déroulement de ce III° Sommet si attendu
des Chefs d’État et de Gouvernement d’Amérique du Sud et d’Afrique.
Je regrette vraiment, du plus profond de mon être de ne pouvoir être présent
physiquement parmi vous pour vous réitérer, par une sincère accolade, mon
irrévocable engagement en faveur de l’unité de nos Peuples. Je suis présent,
cependant, dans la personne du Chancelier de la République Bolivarienne du
Venezuela, le camarade Elias Jaua Milano, à qui j’ai demandé de vous transmettre
la plus vive expression de mon amour pour ces continents qui sont plus que
frères, unis par de solides liens historiques et destinés à avancer ensemble
vers leur rédemption pleine et absolue.
Je le dis du plus profond de ma conscience : l’Amérique du Sud et l’Afrique sont
un même peuple. On réussit seulement à comprendre la profondeur de la réalité
sociale et politique de notre continent dans les entrailles de l’immense
territoire africain où, j’en suis sûr, l’humanité a pris naissance. De lui
proviennent les codes et les éléments qui composent le syncrétisme culturel,
musical et religieux de notre Amérique, créant une unité non seulement raciale
entre nos peuples mais aussi spirituelle.
De la même manière, les empires du passé, coupables de l’enfermement et de
l’assassinat de millions de filles et de fils de l’Afrique mère dans le but
d’alimenter un système d’exploitation esclavagiste dans leurs colonies semèrent
dans Notre Amérique le sang africain guerrier et combatif qui brûlait du feu que
produit le désir de liberté. Cette semence a germé et notre terre a enfanté des
hommes aussi grands que Toussaint Louverture, Alexandre Pétion, José Léonardo
Chirino, Pedro Camejo parmi beaucoup d’autres, avec pour résultat, il y a plus
de 200 ans, le début d’un processus indépendantiste, unioniste,
anti-impérialiste et reconstructeur en Amérique Latine et caribéenne.
Ensuite, au XX° siècle, vinrent les luttes de l’Afrique pour la liberté, ses
indépendances, contre ses nouvelles menaces néo-coloniales, Patrice Lumumba,
Amilcar Cabral pour n’en citer que quelques-uns. Ceux qui, dans le passé nous
ont conquis, aveuglés par leur soif de pouvoir, ne comprirent pas que le
colonialisme barbare qu’ils nous imposaient deviendraient l’élément fondateur de
nos premières indépendances. Ainsi, l’Amérique Latine et les Caraïbes partagent
avec l’ Afrique un passé d’oppression et d’esclavage. Aujourd’hui plus que
jamais, nous sommes fils de nos libérateurs et de leurs hauts faits , nous
pouvons dire, nous devons dire avec force et conviction, que nous unit aussi un
présent de lutte indispensables pour la liberté et l’indépendance définitive de
nos nations.
Je ne me lasserai pas de le redire, nous sommes un même peuple, nous avons
l’obligation de nous rencontrer au-delà des discours formels dans une même
volonté d’unité et ainsi unis, donner vie à l’équation qui devra s’appliquer
dans la construction des conditions qui nous permettront de faire sortir nos
peuples du labyrinthe dans lequel le colonialisme les a jetés et, par la suite,
le capitalisme néo-libéral du XX° siècle.
Pour cela, je veux évoquer la mémoire de deux grands combattants pour la
coopération sud-sud comme l’ont été les deux ex présidents du Brésil et de la
Tanzanie, Luis Ignacio « Lula » da Silva et Julius Nyerere dont les apports et
les efforts ont permis, en leur temps, la mise en place de magnifique forum pour
une coopération solidaire et complémentaire comme l’est l’ASA (1).
Cependant, les temps que nous vivons nous obligent à consacrer nos plus
profondes et urgentes réflexions à l’effort nécessaire pour transformer l’ASA en
un véritable instrument générateur de souveraineté et de développement social,
économique, politique et environnemental.
C’est sur nos continents que l’on trouve les ressources naturelles, politiques
et historiques suffisantes, nécessaires, pour sauver la planète du chaos où elle
a été conduite. Faisons que le sacrifice indépendantiste de nos ancêtres qui
nous offre le jour d’aujourd’hui serve à unifier nos capacités pour transformer
nos nations en un authentique pôle de pouvoir qui, pour le dire avec le père
Libérateur Simon Bolivar, soit plus grand par sa liberté et sa gloire que par
son extension et ses richesses.
Les paroles de cet immense général uruguayen José Gervasio Artigas résonnent
toujours dans mon âme et dans ma conscience : « Nous ne pouvons rien attendre si
ce n’est de nous-même ». Cette pensée si profonde renferme une grande vérité que
nous devons assumer, j’en suis absolument convaincu.
Notre coopération sud-sud doit être un lien de travail authentique et permanent
qui doit tourner toutes ses stratégies et ses plans de développement soutenable
vers le sud, vers nos peuples.
Quoiqu’en aucune manière nous ne nions nos relations souveraines avec les
puissances occidentales, nous devons nous rappeler que ce ne sont pas elles qui
sont la source de la solution totale et définitive pour l’ensemble des problèmes
de nos pays. Loin de l’être, quelques-unes d’entre elles appliquent une
politique néo-coloniale qui menace la stabilité que nous avons commencé à
renforcer sur nos continents.
Frères et sœurs, je voudrais rappeler pour ce III° Sommet des Chefs d’Etat et de
Gouvernement de l’ASA, l’esprit de fraternité, d’unionisme et de volonté qui a
dirigé le déroulement de ce II° merveilleux Sommet dans l’île de Margarita, au
Venezuela, qui nous permit d’adopter unanimement les engagements de la
Déclaration de Nueva Esparta. Je souhaite avec beaucoup de foi et d’espérance
que nous puissions récupérer à Malabo l’impulsion et l’effort de ce moment
extraordinaire pour notre processus d’unité, le Sommet de 2009, qui a montré
autant par sa fréquentation massive que par la quantité et le contenu des
accords atteints.
Depuis le Venezuela, renouvelons aujourd’hui notre plus ferme engagement dans le
renforcement du Secrétariat Permanent de la Table Présidentielle Stratégique de
l’ASA avec ses principales tâches et fonctions pour accélérer le rythme dans la
consolidation de nos institutions et obtenir ainsi une plus grande efficacité
dans notre travail conjoint.
Je regrette avec beaucoup de douleur et de peine que tout notre travail commencé
formellement depuis 2006 ait été interrompu par les forces impérialistes qui
prétendent encore dominer le monde. Ce n’est pas un hasard, je le dis et je
l’assume pleinement, que depuis le Sommet de Margarita, le continent africain
ait été victime des multiples interventions et des multiples attaques de la part
des puissances occidentales.
Les nombreux bombardements et invasions impériaux empêchant toute possibilité de
solution politique et pacifique aux conflits internes qui ont commencé dans
diverses nations d’Afrique, ils ont eu comme objectif principaux de freiner le
processus de consolidation de l’unité des peuples africains et, en conséquence,
de miner les progrès de l’union de ces états avec les peuples latino-américains
et caribéens.
La stratégie néo-coloniale a été, depuis le début du XIX°, de diviser les
nations les plus vulnérables du monde pour les soumettre à des rapports de
dépendance esclavagiste. C’est pour cela que le Venezuela s’est opposé,
radicalement et depuis le début, à l’intervention militaire étrangère en Libye
et c’est pour le même motif que le Venezuela réitère aujourd’hui son rejet le
plus absolu de toute activité d’ingérence de l’OTAN.
Face à la menace extra-régionale pour empêcher l’avance et l’approfondissement
de notre coopération sud-sud, je le dis avec Bolivar dans sa Lettre de Jamaïque
de 1815 : « Union, union, union, cela doit être notre plus importante consigne.
» Notre Gouvernement renouvelle, en ce III° Sommet de l’ ASA dans cette
république sœur de Guinée Equatoriale, son absolue disposition à avancer dans le
travail nécessaire pour consolider notre coopération dans les secteurs que j’ai
personnellement proposées à notre dernier sommet, dans la belle île de
Margarita. Energie, Education, Agriculture, Finances et Communication continuent
d’être nos priorités et pour celles-ci, nous réitérons notre engagement pour
avancer dans des initiatives concrètes comme Petrosur, l’Université des Peuples
du Sud ou la Banque du Sud, pour ne citer que quelques exemples. Dans le secteur
de la communication, nous proposons, depuis le Venezuela, que cet effort que
nous avons réussi à mettre en place ensemble dans différents pays de l’Amérique
du Sud, TeleSur, s’articule avec l’Afrique afin qu’il puisse accomplir depuis
ces latitudes sa principale fonction : relier les peuples du monde entre eux et
leur apporter la vérité et la réalité de nos pays.
Enfin, je veux renouveler à tous mon désir que les résultats projetés lors de ce
III° Sommet ASA nous permette de transformer ce forum en un outil utile pour
conquérir notre définitive indépendance en nous plaçant à la hauteur de
l’exigence de l’époque et comme le dirait le Libérateur, le plus de bonheur
possible pour nos peuples. Je suis un convaincu, simple et obstiné, nous
réussirons à mener à bien cette cause que nos libérateurs et martyres nous ont
transmise depuis des siècles. Nos millions de femmes et d’hommes présentés en
sacrifice pour leur pleine et absolue liberté. Avec le père infini, notre
Libérateur Simon Bolivar, je dis une fois de plus : « Nous devons attendre
beaucoup du temps, son ventre immense contient plus d’espérance que de faits
passés et les prodiges futurs doivent être supérieurs aux anciens ».
Marchons donc vers notre union et notre indépendance définitive. En paraphrasant
Bolivar, je dis maintenant : « Formons une patrie,un continent, un seul peuple,
à tout prix et tout le reste sera supportable. »
Vive l’union sud-américaine et africaine !
Vive l ’ASA !
Jusqu’à la victoire toujours !
Nous vivrons et nous vaincrons !
Hugo Chavez Frias
Note :
(1) ASA : América del Sur/Africa.
Traduction Gaston Lopez
Source:http://venezuelainfos.wordpress.com
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