L'un des chefs les plus radicaux
d'al-Qaida au Maghreb islamique aurait été tué par l'armée française. Alors que
l'information n'est pas confirmée, d'aucuns comparent déjà sa capture à celle de
Ben Laden... Et pourtant!
A gauche, Abou Zeid. Image extraite d'une vidéo diffusée
en 2010,
après l'enlèvement de Français à Arlit. © AFP
L'émir algérien Abdel Hamid Abou Zeid, l'un des principaux chefs de fil d'Aqmi
(al-Qaida au Maghreb islamique), aurait été tué, le 23 février 2013, lors d’un
raid aérien de l’armée française, dans la région d’In Sensa, dans le massif
montagneux de Tigharghar, au nord du Mali.
Sa mort n'a pas été confirmée officiellement par Paris.
«C’est à prendre au conditionnel, nous n’avons pas de confirmation officielle»,
a souligné ce vendredi 1er mars la porte-parole du gouvernement français, Najat
Vallaud-Belkacem, sur la chaîne France 2.
La prudence vaut d'autant plus que ce n'est pas la première fois que l'émir
algérien meurt. Retour sur les rares informations qui circulent sur ce chef
historique d'al-Qaida au Maghreb islamique.
1 - L'homme fort d’Aqmi
Abdel Hamid Abou Zeid est un Algérien d'une quarantaine d'années. Né en 1965
dans la région de Debdab, dans la province algérienne d'Illizi, proche de la
frontière libyenne, Abou Zeïd commande l'une des principales katibas d'al-Qaida
au Maghreb islamique.
Sa katiba, comme celle de son concurrent direct dans la région, Mokhtar
BelMokhtar, fait partie des katibas historiques d'Aqmi. Ensuite viennent les
émirats régionaux et parmi eux, les katibas —milices— du Sahel: Mauritanie,
Mali, Niger.
«Si la mort d'Abou Zeid est confirmée, Aqmi perdrait sa tête pensante et l'un de
ses élements les plus déterminés», analyse l’anthropologue André Bourgeot,
directeur de recherche émérite au CNRS, spécialiste de l’espace saharo-sahélien.
2 - Son passé algérien
Avant de devenir un chef d'Aqmi, Abou Zeid avait combattu dans les rangs du
Groupe islamique armé (GIA) puis du Groupe salafiste pour la prédication et le
combat (GSPC), durant la guerre civile algérienne dans les années 1990.
Abou Zeid, comme de nombreux cadres d'al-Qaida au Maghreb islamique est
l'archétype de l'islamiste algérien converti à l'islamisme djihadiste au
lendemain de la décennie noire. Selon André Bourgeot, Abou Zeid demeurait
toutefois un «marginal» au sein de la branche maghreb d'al-Qaida.
3 - Un ancien contrebandier
Abou Zeid est connu pour avoir été un grand contrebandier dans la région du
Sahel. Un trafiquant d'armes, de drogues et d'hommes.
Depuis 2003 et le premier enlèvement d'occidentaux dans le Sahel, Abou Zeid est
soupçonné de vivre du «business» des enlèvements dans le Sahel.
En 2012, le journaliste Serge Daniel confiait à SlateAfrique que les rançons
pouvaient atteindre 100 millions d'euros.
«Abou Zeid est rapidement devenu le maître d'oeuvre des prises d'otages et des
enlèvements d'occidendaux dans la bande sahélienne. Lui et sa katiba détenaient
des sommes importantes. Ce qui est une force supplémentaire pour s'imposer comme
leader d'AQMI», précise André Bourgeot.
4 - Des méthodes brutales
On le dit «cynique», «froid», «brutal», «déterminé», «sanguinaire», Abou Zeid
fait partie des têtes recherchées par les services de renseignements américains,
français et algériens depuis plusieurs années.
En 2006, un mandat de recherche d'Interpol avait été émis contre lui. On le
soupçonne d'être responsable de la mort de l'otage britannique Edwin Dyer en
juin 2009. C’est dans sa katiba que l’otage Michel Germaneau, l’humanitaire
français, aurait également été tué en 2010.
En janvier 2012, la justice algérienne l'a condamné à la prison à perpétuité par
contumace.
5 - L'autre Ben Laden?
La mort d'Abou Zeid n'est pas encore confirmée mais certains comparent déjà sa
capture à celle d'Oussama Ben Laden le 2 mai 2011.
Une comparaison «osée», selon André Bourgeot.
«Abou Zeid était certes une personne influente au sein d'Aqmi, mais ces derniers
mois, son concurrent Mokhtar Belmokhtar avait gagné des points».
Le chef de la katiba, surnommé Malboro à cause de son rôle dans le narcotrafic
dans la région, aurait piloté la prise d'otages du site gazier de
Tenguentourine, en Algérie.
Commanditaire de l'attaque, Mokhtar Belmokhtar, chef de la brigade djihadiste
«les Signataires par le sang» basé vers Gao au Mali, était ressorti renforcé de
l'attaque terroriste.
La mort de l'émir Abou Zeid pourrait-elle affaiblir la branche magreb
d'Al-Qaida? Pas forcément. La mort d'Oussama Ben Laden a-t-elle affaibli la
menace terroriste dans le monde?
Pour André Bourgeot, la mort d'Abou Zeid va surtout confirmer l'essaimage de la
nébuleuse djihadiste en Afrique.
Nadéra Bouazza
Source:Slateafrique
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