L'Union européenne (UE) a officiellement lancé, le 18 février, la mission EUTM Mali (European Union Training Mission, mission de formation de l'Union européenne), dont l'objectif est de remettre sur pied l'armée malienne.
Le général François Lecointre
Prévue pour un mandat initial de 15 mois, cette mission vise à former les
soldats maliens pour leur permettre de défendre l'intégrité territoriale de leur
pays. Interview du commandant d'EUTM Mali, le général français François
Lecointre.
Jeune Afrique : quel est l’objectif global de la mission
EUTM ?
Général François Lecointre- Nous avons un objectif assez ambitieux de
régénération, de refondation et de reconstruction de l’armée malienne, pour
qu’elle soit à la fois efficace opérationnellement et respectueuse de l’État de
droit. Pour cela, notre mission repose sur deux piliers : d'une part, une
mission d'audit, d'expertise et de conseil auprès des autorités militaires
maliennes ; d'autre part, une mission de formation. Il faut que cette armée
devienne l'un des piliers de l’État malien moderne.
Combien de formateurs européens participent à la mission ?
Celle-ci est composée d'environ 550 personnes, issus de 22 pays européens. Un
peu plus de 10% font partie de l’état-major de la mission, 45% sont des
formateurs et conseillers au contact direct de l’armée malienne, et les 45%
restants sont des éléments d’environnement indispensables au déploiement de
notre force, assurant notamment sa protection et son soutien médical.
Quand commence la formation sur le terrain ?
Il y avait urgence et nous souhaitions aller très vite. Le plus compliqué et le
plus long était de réaliser les infrastructures afin d'accueillir les
instructeurs à Koulikouro. Il a également fallu réunir le premier bataillon
malien, dont la formation débutera le 2 avril. Globalement, je considère que
nous avons été assez rapide. On a commencé notre premier audit de l’armée
malienne une semaine avant le lancement de la mission. Nous avons d’ailleurs
débriefé le rapport de cette première expertise hier [jeudi 14 mars, NDLR], lors
d’une séance de travail avec le secrétaire général du ministre de la Défense et
les autorités militaires maliennes. Cette partie audit est essentielle pour la
suite de notre mission.
Quel sont les effectifs précis de l’armée malienne ?
Je ne peux pas vraiment vous le dire, nous sommes en cours de travail sur ce
sujet-là. Ce dont je suis certain, c’est que les effectifs opérationnels
(c’est-à-dire hors soutien, administration générale, etc…) seront de l’ordre de
6 000 hommes, capables de s’engager au combat. On peut donc estimer qu’on
arrivera à une force de 10 000 hommes une fois qu’on aura terminé la
réorganisation de l’armée malienne.
Combien de soldats maliens seront formés dans le cadre de
la mission EUTM ?
Dans un premier temps, nous allons former quatre bataillons, soit environ 3 000
hommes. C’est l’objectif fixé par l’UE. Cela représente la moitié des effectifs
opérationnels de l’armée malienne, car celle ci est capable de fournir huit
bataillons.
Combien de temps va durer cette mission ?
La mission EUTM est prévue sur quinze mois. Elle devrait donc se terminer en
2014. La partie initiale d’audit et de mise en place d’un plan d’action va être
très dense et devrait finir vers le mois de juin. À partir de là, on apportera
notre expertise technique dans les secteurs qui ont été ciblés jusqu’à la fin de
la mission. La procédure européenne prévoit un point d’étape au bout de six
mois, au mois de juillet. Soit on termine la mission comme prévue, soit on la
prolonge pour former quatre autres bataillons. C’est un vaste chantier, sur le
long terme, et il n’est pas question de se contenter d’un pansement sur une
jambe de bois. À ce sujet, j’ai d’ailleurs récemment rencontré une délégation de
l’ONU à Bamako pour préparer l’engagement d’une mission onusienne sur le
territoire malien.
Quelle va être la nature de cette mission onusienne ?
Elle est en cours de définition. L’ONU va collaborer avec EUTM et vice-versa.
Nous avons une vision très ambitieuse de reconstruction générale de l’État
malien. Sur le plan militaire, je pense, sans m’engager pour autant, que l’ONU
va décider d’une mission de stabilisation sous casques bleus, en attendant que
l’armée malienne soit à sa capacité maximum d’engagement.
Quel regard portez-vous sur l’état actuel de l’armée
malienne ?
L’armée malienne est aujourd’hui profondément délabrée et désorganisée. Elle est
aussi très appauvrie par vingt ans de sous-dotation budgétaire systématique.
Au-delà des problèmes généraux de corruption au Mali, on n’a pas donné à cette
armée les moyens de s’entraîner et de s’équiper pendant vingt ans. Les gens ont
alors perdu l'envie de s'investir, ont perdu confiance en leurs capacités à
remplir leurs missions et ne se croyaient plus capables de vaincre.
Source:Jeuneafrique
Naviguer à travers les articles | |
Ibrahim Boubacar Keïta : "La priorité, ce sont les élections" au Mali | Philippe Biyoya : "Hugo Chavèz défendait l'idée d'une Afrique faite de grandeur et de dignité" |
Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
|