Le groupe British Petroleum (BP) a décidé de reporter deux projets prévus en Algérie.
La mauvaise nouvelle est accompagnée d'un message «global» des compagnies
étrangères: Alger doit être plus «souple» !
L'annonce faite par le PDG du groupe britannique Robert Dudley accompagne un
«message» véhiculé par l'agence Reuters sur la base de plusieurs sources
non-identifiées mais clairement marquées comme faisant partie de l'industrie
pétro-gazière : Alger doit donner plus d'assurance en matière de sécurité et
être beaucoup plus «souple» sur les conditions d'investissement. C'est tout
simplement, explique un responsable dans une entreprise pétrolière, «un
changement de mentalité» à Alger qui est attendu par les compagnies pétrolières
qui arguent de l'existence de marchés où les conditions sont plus avantageuses.
La décision de BP de reporter ses deux projets marque en tout cas un changement
de cap chez l'entreprise britannique. Après l'épisode tragique de l'attaque
terroriste contre la base gazière de Tiguentourine, BP avait indiqué qu'elle ne
renonçait pas à ses activités en Algérie. Même si le groupe britannique reste
présent, il y a désormais une inflexion dans l'attitude pour ce qui concerne de
nouveaux investissements. Le PDG de BP, Robert Dudley a indiqué que le report
des projets est lié à l'attaque terroriste contre la base gazière où quatre
employés du groupe faisaient partie des victimes. «Le calendrier de réalisations
des projets à In Amenas et In Salah est en cours de réévaluation à la suite de
l'incident tragique de janvier à In Amenas».
LES RAISONS D'UN CHANGEMENT DE CAP
D'autres sources «proches» de BP expliquent ce report par une insatisfaction du
groupe britannique, à l'égard des mesures de sécurité prises par les autorités
algériennes. BP, qui est le plus grand investisseur étranger dans le secteur des
hydrocarbures, considère que les autorités algériennes n'en ont pas encore fait
«suffisamment» en la matière pour «rassurer». Selon l'article de Reuters, les
entreprises étrangères ont procédé à une réévaluation des dispositifs en matière
de sécurité après l'attaque de Tiguentourine et cela se traduit globalement par
un surenchérissement des coûts de l'ordre de 15%. Du coup, le message est
transmis par plusieurs sources de l'industrie pétro-gazière : il faut que les
autorités algériennes fassent en sorte que l'investissement vaille la peine
d'être engagé. C'est clairement - selon le point de vue où l'on se place - une
pression ou une invitation aux autorités algériennes à tenir compte du fait que
des conditions d'investissements sont toujours plus avantageuses ailleurs.
A l'évidence, la récente révision de la loi sur les hydrocarbures qui maintient
la règle du 51/49 tout en octroyant de nouveaux avantages fiscaux applicables à
de nouveaux investissements est jugée encore insuffisante. C'est d'ailleurs
l'analyse qui en a été faite par certains cabinets d'analyses qui ont parlé de
«petits progrès» sans plus. D'où le message très limpide d'un responsable dans
une compagnie cité par l'agence britannique. Les compagnies ont «besoin d'être à
nouveau assurées que leurs investissements en Algérie valent la peine d'être
faits et cela exige un changement dans la manière algérienne de penser (ou dans
la mentalité algérienne)». Le secteur pétro-gazier était estimé ces dernières
années comme peu «attractif» en raison des conditions imposées par l'Etat
algérien et notamment l'introduction d'une taxe sur les superprofits jugée
dissuasive pour l'investissement dans des petits gisements. La récente révision
de la loi sur les hydrocarbures avait pour but de répondre à ces critiques en
supprimant la taxe sur les superprofits et en introduisant de nouveaux avantages
fiscaux. L'accueil des entreprises étrangères paraissait plutôt mitigé et les
différentes sources citées par Reuters confortent cette appréciation. Aucune
date n'a été fixée pour le quatrième appel d'offres de l'Alnaft qui sera le
véritable examen de passage de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, mais les
jugements émis incitent au pessimisme.
DIALOGUE DE SOURDS ?
Certes le dialogue avec les entreprises étrangères se fait à un «niveau élevé»
depuis l'attaque de Tiguentourine. Mais c'est une sorte de dialogue de sourds,
laissent entendre des compagnies qui font valoir que les conditions
d'investissements sont meilleures dans de nombreux pays et régions du monde.
L'agence britannique donne, en se basant sur des sources au sein des compagnies
pétrolières, un exemple d'une «occasion manquée» pour un vrai dialogue avec les
autorités algériennes. Il s'agit de la récente visite de M.Youcef Yousfi et de
ses collaborateurs à Londres où le Foreign Office a organisé une rencontre avec
des compagnies pétrolières comme BP, Shell, ExxonMobil, Hess, OMV et
Petroceltic. Des responsables au sein de ces entreprises ont déclaré qu'ils
s'attendaient à ce que les responsables algériens répondent au sujet des
questions de sécurité et d'investissement. Ils ont eu à la place un discours sur
la promotion du gaz de schiste
En tout cas le message qu'envoient les
compagnies étrangères n'a rien de réjouissant. Les responsables du secteur de
l'énergie ont du pain sur la planche, pour convaincre, dans un contexte très
concurrentiel.
Source:http://www.maghrebemergent.info
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