Fondé le 2 mai par des notables touaregs
de la région de Kidal, le Haut conseil de l’Azawad (HCA) ne réclame pas
l’indépendance du nord du Mali et se définit comme un outil au service du
dialogue entre tous les Maliens. Son président, l'ancien député de Tinassako
(région de Kidal), Mohamed Ag Intalla, explique sa démarche vis-à-vis de Bamako.
Mohamed Ag Intalla, président du HCA
Jeune Afrique : Pourquoi avoir pris la décision de créer
le haut Conseil de l’Azawad (HCA) ?
Mohamed Ag Intalla- Aujourd’hui, force est de constater que la guerre
n’est pas la solution, ni pour le nord ni pour le sud du Mali. La solution
consiste à oganiser une table ronde avec tous les acteurs concernés afin de
dégager une stratégie commune. Et le HCA est cette structure créée pour que tous
les fils de l’Azawad se retrouvent dans une même entité et avancent ensemble
pour de sortir de la crise. Le 11 mai, les cadres du HCA vont se rencontrer en
assemblée générale et formeront le bureau ainsi que les autres commissions,
notamment celles des jeunes et des femmes qui joueront un rôle important par la
suite.
Quels sont les objectifs du HCA ?
Le premier objectif c’est d’abord la réconciliation des Azawadis entre eux, puis
de ceux-ci avec Bamako. Je me limite là car, ces derniers jours, des femmes ont
manifesté, nous accusant de vouloir faire revenir le Mali dans l’Azawad… Nous
avons un bébé, le HCA, qui vient de naître, il faut le laisser respirer et
grandir.
Le HCA n’est-il pas juste une nouvelle association formée,
en réalité, par les rebelles du Mouvement national pour la Libération de
l’Azawad (MNLA) et du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA) ?
Il y aura en effet, en grand nombre, des membres du MIA et du MNLA. Nous
espérons que le secrétaire général sera issu de l’un de ces deux groupes.
Comment avez-vous fait pour réunir à vos côtés les
indépendantistes du MNLA et ceux du MIA, qui viennent d’un groupe cherchant à
instaurer la charia ?
Le MNLA et le MIA, s’ils sont des vrais Azawadis, doivent chercher avant tout à
trouver la solution pour l’Azawad. En réalité, le HCA est devenu la seule voie
pour retrouver la paix et la stabilité.
Je ne vois pas l’avancée de l’armée malienne vers le Nord comme une solution
mais plutôt un danger.
Ces deux groupes ne sont pas aimés par la population au
sud du pays, et même au nord. Comment allez-vous faire pour les faire accepter ?
C’est le travail de sensibilisation et de réconciliation qui fera cela. Ce
travail doit être fait dans les deux sens, par les responsables du sud et du
nord, car dans cette guerre il n’y a pas de gagnants, mais que des perdants.
Est-ce que vous avez pris contact avec la commission
dialogue et réconciliation ?
Je préfère ne pas en parler pour le moment, le HCA est encore fragile. Mais dans
les jours à venir, nous allons prendre contact avec Bamako.
Est-ce que l’avancée de l’armée malienne sur Kidal peut
remettre en cause la paix ?
Je ne vois pas l’avancée de l’armée malienne vers le nord comme une solution
mais plutôt un danger, car nous sommes sur la bonne voie, celle du dialogue et
de la réconciliation. Si la guerre reprend maintenant, je ne sais pas comment
évolueront les choses. J’en profite donc pour lancer un appel aux forces armées
maliennes pour qu’elles cessent toutes les hostilités et donnent la chance au
dialogue.
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Propos recueillis par Baba Ahmed, à Bamako
Source: Jeune Afrique
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