Dans son Rapport 2013 sur les progrès en
Afrique, l'Africa Progress Panel examine cinq accords de cession dans les mines
congolaises. Ces opérations, qui ont toutes transité par des sociétés offshore
opaques, auraient fait perdre au pays deux fois le budget annuel pour la santé
et l'éducation.
"Entre 2010 et 2012, la RD Congo a perdu au moins 1,36 milliard de dollars de
recettes provenant de la sous-évaluation des actifs miniers vendus aux sociétés
offshore", estime, dans un rapport paru aujourd'hui, l'Africa Progress Panel, un
groupe de dix personnalités éminentes dont Kofi Annan, à l'occasion de la
parution de l'édition 2013 du Rapport sur les progrès en Afrique. Cinq
transactions impliquant notamment la Gécamines, une entreprise détenue par
l'Etat congolais, et une ou plusieurs sociétés offshore ont été étudiées pour
aboutir à ce chiffre. "Les pertes totales des cinq accords examinés
étaient équivalentes à plus du double du budget annuel combiné alloué à la santé
et à l’éducation en 2012", souligne le rapport qui estime que chaque citoyen a
perdu dans ses accords l'équivalent de 21 dollars, soit 7% du revenu moyen.
Cinq opérations juteuses
Société Minière de Kabolela et de Kipese (SMKK)
Gain pour Emerald Star (Îles Vierges) : 400 % en quatre mois
Projet Kolwezi
Gain pour Highwind (Îles Vierges) : près de 1000%
Mine de cuivre de Mutanda
Gain (potentiel car la revente n'a pas eu lieu) pour Rowny Assets (Îles Vierges)
: 428%
Mine Kansuki
Gain (potentiel car les parts n'auraient pas été revendues) pour Biko Invest :
682%
Mines de cuivre de Frontier et Lonshi
Gain pour plusieurs sociétés offshore : 71,6%
Prix inférieurs au marché
Dans tous les accords, Africa Progress Panel souligne que les actifs
miniers de la Gécamines ont été cédés à des sociétés offshore à des prix
inférieurs à ceux du marché. "Des actifs estimés à 1,63 milliard de dollars
au total ont été vendus à des sociétés offshore pour 275 millions de dollars",
souligne l'Africa Progress Panel ajoutant que "la structure de propriété
effective des sociétés concernées n’est pas connue" même si elles semblent "en
rapport avec l’un des plus grands investisseurs privés en RD Congo, le
Groupe Fleurette", détenu par Dan Gertler, un proche du président Joseph Kabila.
Investisseur à long terme ?
Interrogé par le Financial Times, un porte-parole de Dan Gertler a dit : "Il est
décevant que le rapport 2013 de l'Africa Progress Panel ait publié des erreurs
basiques, des informations sélectives et répété les mêmes allégations anciennes
et réfutées contre le Groupe Fleurette et Dan Gertler. Le Groupe Fleurette est
le plus important contribuable de RD Congo et a généré des investissements
entrants substantiels, créant des dizaines de milliers d'emplois et il est le
plus important investisseur à long-terme du pays."
Non sans une certaine ironie, ce porte-parole dont le nom n'a pas été donné par
le Financial Times a proposé de mettre à la disposition de l'Africa Progress
Panel "la connaissance et l'expertise" du Groupe Fleurette.
Source:http://economie.jeuneafrique.com
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