La comparaison qui est faite par beaucoup
entre l’Irak et la Libye ne s’arrête pas seulement aux menées guerrières
étrangères, aux massacres, au non-respect de la mort de Saddam ou de Kadhafi, au
pillage des ressources naturelles, mais s’étend à la culture et aux pillages
d’antiquités que l’on tente de dissimuler.
Ce vol a été décrit comme le plus grand dans toute l’histoire archéologique. Une
collection de 7 700 pièces d’or, d’argent et de bronze, connue sous le nom de
Trésor de Benghazi, a été volée en forant une plaque de béton menant à une voûte
souterraine de la Banque Nationale de Commerce de Benghazi abritant la
collection. De nombreux articles dataient de l’époque d’Alexandre le Grand et il
est impossible de d’évaluer la valeur de la collection sauf si l’on sait qu’une
pièce grecque de Carthage a été vendue, dernièrement, pour le prix record de 268
000 dollars.
Le casse de la BNC de Benghazi
Le vol est intervenu peu après l’incendie criminel de la banque, en mai,
laissant croire qu’il s’agissait d’un incident découlant de la révolte contre
Kadhafi alors qu’en fait, le hold-up avait été particulièrement bien planifié.
Après avoir fracassé les coffres en métal et fait sauter les serrures des
caisses en bois, les voleurs ont soigneusement emporté le tout, laissant de côté
les objets de moindre valeur. Cinquante petits monuments et figurines en bronze,
verre et ivoire ainsi qu’une petite quantité de pierres précieuses ont également
disparus.
Pour Hafez Wald, archéologue libyen, du King’s College à Londres, le vol porte
toutes les marques de voleurs professionnels et « il peut être tout aussi bien
un travail de l’intérieur, car il a été mené par des gens qui savaient ce qu’ils
cherchaient ».
Jusqu’à présent, rien n’avait été divulgué sur ce pillage par leConseil National
de Transition, siégeant alors à Benghazi, par crainte d’une publicité négative,
mais le nouveau ministre des Antiquités, a, en juillet, alerté l’UNESCO, en
privé.
Khaled Mohammed al-Haddar, professeur au Département d’Archéologie à
l’Université de Benghazi, affirme que des pièces d’or islamiques et grecques
sont apparues récemment sur le marché de l’or à Benghazi. Un journal égyptien
rapporte qu’un paysan a essayé de passer en fraude 503 pièces d’or et une
statuette de 7,5cm en or à partir du port d’Alexandrie, alimentant les rumeurs
que cela ferait partie du trésor volé.
Trésors du temple d’Artémis
Interpol a été mise en branle mais la piste est morte car, pensent les
archéologues, il sera difficile de retrouver les objets s’ils sont sortis du
pays. Serenalla Ensoli, archéologue italienne de l’Université de Naples, et
spécialiste d’antiquités libyennes, estime que la perte de ces objets est «
inestimable car ils sont irremplaçables. La collection n’avait pas été très
étudiée, et c’est une grande perte pour le patrimoine libyen ».
La plupart des trésors de Benghazi a été découvert entre 1917 et 1922 dans le
temple d’Artémis, la déesse de la chasse, à Cyrène, une ancienne colonie grecque
et romaine, maintenant Shahat. Le territoire fut offert à Cléopâtre par
Marc-Antoine.
Certaines des pièces ont été frappées aux environs de 570 avant JC. Une face
porte la tige d’un silphium, plante médicinale dont on croyait qu’elle avait des
pouvoirs de guérison. L’autre face dépeint le dieu Jupiter arborant des cornes
de moutons.
Sara Hashah
Traduction Xavière Jardez – Intertitres : AFI-Flash
Article repris du Sunday Times, de Londres
Source:http://www.mondialisation.ca
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