Conséquence de la multiplication, ces
deux dernières décennies, des conflits armés sur son sol, l’Afrique est le
continent qui accueille le plus de missions de maintien de la paix. Combien
coûtent-t-elles ? Qui y contribue ? Que font-elles sur le terrain ? J.A. a
enquêté.
Plus de la moitié des missions des Nations unies de maintien de la paix se
trouvent en Afrique. De l’ONUST (Organisme des Nations unies chargé de la
surveillance de la trêve), déployé au Moyen-Orient depuis mai 1948 et dont une
base est implantée au Caire, en Égypte, à la Minusma (Mission intégrée des N.-U.
pour la stabilisation au Mali) qui interviendra à partir du 1er juillet, le
continent accueille au total 8 des 15 opérations de pacification menées par
l'ONU dans le monde. Et si l'on compte celles qui relèvent d’autres
organisations (UE, UA, CEEAC, CEDEAO …), cela porte le total à 19 missions.
Une conséquence de la « multiplication des violences » sur le continent, affirme
Jean Delors Biyogue, expert du Réseau de recherche sur les opérations de paix
(ROP). « Entre 1990 et 2006, l’Afrique a connu 26 conflits armés », relève-t-il,
soulignant que ces derniers sont dus à la fois au « refus des populations de
subir les dictats des régimes autoritaires », mais aussi aux « appétits
grandissants » des politiciens africains dans la « lutte pour accéder ou
conserver le pouvoir par tous les moyens ».
En Côte d’Ivoire par exemple, le Conseil de sécurité des Nations unies a dû,
pour la première fois de l’histoire des missions de maintien de la paix en
Afrique, intégrer en 2006 la certification du scrutin présidentiel au mandat de
sa mission sur place, l’Onuci (Opérations des Nations unies en Côte d’Ivoire).
Une expérience justifiée par « l’absence de crédibilité des acteurs et des
institutions ivoiriens devant organiser les élections », rappelle Jean Delors
Biyogue.
Coût
Au coeur du continent, une autre mission onusienne, la Monusco (Mission de
l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation du Congo, autrefois
Monusco), tente depuis 1999 d’aider les Congolais à restaurer et à consolider la
paix sur leur territoire national, en proie à une multitude des groupes armés
nationaux et étrangers, particulièrement dans la partie est du pays. À ce jour,
plus de 19 000 Casques bleus y sont déployés avec un mandat de « protection des
civils ». Coût annuel de l’opération : plus de 1,35 milliard de dollars.
Abstraction faite, néanmoins, des 140 millions de dollars additionnels prévus
pour le déploiement de la « brigade d’intervention » qui sera composée des
troupes de la Tanzanie, de l’Afrique du Sud, du Malawi, et qui sera chargée de
traquer les forces négatives au Kivu. Bref, c’est l’une des plus importantes
missions de maintien de la paix dans le monde.
"Africanisation"
Comme le démontre la composition de la brigade d’intervention en RDC, les pays
africains manifestent de plus en plus de volonté d’ « apporter des solutions
africaines aux problèmes africains », en engageant des troupes sur le terrain. «
On assiste petit à petit à l’africanisation des missions de maintien de la paix
en Afrique », explique, chiffres à l’appui, Jocelyn Coulon, le directeur du ROP
: les quelque 15 000 hommes de l’Amisom (mission de l’Union africaine en
Somalie), la plus importante opération de l’UA, proviennent essentiellement des
pays africains, particulièrement d’Ouganda (6 623 soldats), du Burundi (4 432)
et du Kenya (3 650). Les troupes africaines sont également en grand nombre dans
les missions hybrides ONU/UA sur le continent.
Seulement voilà, les contributions des États membres de l'UA aux opérations de
paix en Afrique ne représentent à peine que… deux mois du budget de l'Amisom,
selon une source du département Paix et Sécurité de l’organisation continentale.
Autrement dit, sans un soutien extérieur, il n'existerait aucune opération de la
paix chapeautée par l'UA. « Une solution africaine aux problèmes africains
devrait pourtant commencer par un financement africain », se désole Cheikh
Tidiane Gadio, ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères et président
de l'Institut panafricain de stratégie (IPS).
De fait, aucun pays africain ne fait partie du top 5 des contributeurs des
opérations de maintien de la paix des Nations unies. Sur 7,33 milliards de
dollars affectés aux 15 missions onusiennes en cours, les États-Unis y
contribuent à la hauteur de 28 %, suivi du Japon (10%), de la France (7,21%), de
l’Allemagne (7,14%) et le Royaume-Uni (6,68%). Les données sur les financements
des pays africains ne sont, elles, pas publiques...
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Par Trésor Kibangula
Source:Jeuneafrique
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