La perspective d'un scrutin libre et démocratique s'éloigne, certains parlent déjà de boycott.
Le boulevard du Peuple à Bamako, janvier 2013
Le phénomène est assez rare pour être souligné: organiser des élections pourrait
bien s’avérer contreproductif pour la démocratie malienne.
Alors que le pays, tourmenté, peine à se projeter à long terme, que l’insécurité
du nord demeure un problème majeur et que les querelles politiques au sud n’en
finissent pas de diviser l’opinion, on imagine mal comment la tenue d’élections
pourrait avoir un impact positif sur la vie politique malienne.
Au contraire, celles-ci pourraient bien être catastrophiques pour la démocratie.
Nous en parlions déjà ici: comment diable peut-on imaginer organiser un scrutin
digne de ce nom alors même que le pays est en proie à la guerre, à la division,
vidé de plusieurs centaines de milliers de ses ressortissants, et que la
sécurité n’y est pas encore assurée?
Risques d'exclusion
Si le vote a lieu, ce seront essentiellement les populations du sud qui pourront
décider de la politique à mener pour le pays. Le nord se retrouvant, une fois
encore, exclu de facto.
Il est important de rappeler que c’est justement cette exclusion du nord, ou du
moins ce sentiment d’exclusion chez les populations du nord, qui fournirent le
terreau propice à l’insurrection islamiste et séparatiste de mars 2012.
Les Maliens, qui espèrent tourner la page de plusieurs décennies de piteuse
gestion étatique, se trouveraient une fois encore lésés par un processus
politique qui n’a de démocratique que le nom, et qui favoriserait finalement la
division et l’exclusion.
Rester dans la situation actuelle n’a toutefois rien de très enthousiasmant pour
les Maliens: des dirigeants illégitimes (au sens démocratique du terme), une
junte militaire toujours prête à fourrer son nez n’importe où et peu de réponses
cohérentes quant à la résolution des problèmes du nord font le quotidien de la
vie politique.
Faut-il pour autant céder à la panique et à la pression des pays étrangers en
organisant, coûte que coûte, des élections dans la précipitation?
Menaces de boycott
Pour le Rassemblement des jeunes du Mali, organisation étudiante pro-militaire,
une autre solution doit être mise en place. Et en attendant que celle-ci ne
puisse trouver de réel échos, il faut à tout prix abandonner l’idée de maintenir
les élections en juillet prochain.
«Le comité exécutif du Rassemblement des jeunes du Mali, réuni en session
extraordinaire, a décidé de ne pas participer aux élections présidentielle et
législatives si les dates de ces échéances ne sont pas reportées. De plus, le
Rassemblement des jeunes du Mali ne reconnaîtra aucunement les résultats
d’élections qui se tiendront au mois de Juillet 2013», explique ainsi
l’organisation dans un communiqué.
Selon elle, «à deux mois de ces échéances, un groupe criminel occupe encore une
partie du territoire national tandis que toutes les communes ne sont pas
contrôlées par les Forces armées et de sécurité. L’administration ainsi qu’une
partie de la population des régions de Gao, Kidal et Tombouctou ne se sont pas
redéployées dans ces régions. Enfin, la production des cartes électorales n’a
toujours pas commencé alors qu’il faut deux mois et demi afin de produire toutes
les cartes».
Une nouvelle situation explosive se profile donc autour de la tenue de ces
élections.
Ambroise Védrines
Source:http://blog.slateafrique.com/maligraphe/
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