Sans nouvelle de l'état de santé du président, les prétendants à sa succession se mettent en ordre de bataille.
Abdelaziz BouteflikaCrédits,
photo : MOHAMED MESSARA/EPA/MAXPPP
Ce n'était pas arrivé depuis les années 1990. Les deux quotidiens Mon Journal et
Djaridati, de l'ancien officier des services secrets algériens Hichem Aboud, ont
été saisis à l'imprimerie et interdits de parution dimanche matin. Le parquet
d'Alger a par ailleurs ouvert une information judiciaire pour «atteinte à la
sécurité de l'État». En cause: un dossier sur le «coma profond» dans lequel se
trouverait le président Bouteflika, hospitalisé il y a trois semaines au
Val-de-Grâce, à Paris. Ce que les réseaux sociaux dénoncent déjà comme «censure»
accentue le malaise autour de l'état de santé du chef de l'État.
Plusieurs partis d'opposition réclament la publication de son dossier médical et
estiment qu'il est de la responsabilité du pouvoir d'informer le Conseil
constitutionnel, censé s'autosaisir pour appliquer l'article 88 de la
Constitution (destitution du chef de l'État en cas d'incapacité à gouverner).
«Il n'y a aucune activité politique à part celle d'un premier ministre qui n'a
aucun pouvoir!, s'emporte Ali Fawzi Rebaïne, président du parti AHD 54. C'est le
moment de réfléchir à l'après-Bouteflika. Parce qu'aujourd'hui, l'Algérie ne
pourra plus être gouvernée comme elle l'a été jusque-là, rattachée à un seul
homme. Il est temps d'instaurer un régime semi-présidentiel et une véritable
séparation des pouvoirs.»
« Il est indécent de décider quoi que ce soit tant que le président d'honneur
(Bouteflika) est absent»
Un cadre du parti
Dans le premier cercle du Palais, les fidèles comme le premier ministre
Abdelmalek Sellal ou le conseiller de la présidence Kamel Rezzag-Bara ont toutes
les peines à convaincre que le chef de l'État «se porte bien», qu'il «suit en
permanence les dossiers et questions d'intérêt national», ou que ceux qui
réclament l'article 88 cherchent à faire «un coup d'État médical», dixit le
ministre de l'Aménagement du territoire, Amara Benyounès.
Alors qu'un quatrième mandat semble exclu pour Bouteflika, le FLN assure que le
projet de révision de la Constitution, avec une possible limitation du nombre de
mandats présidentiels, arrive dans sa phase finale. «Le comité de rédaction
devrait remettre son travail au premier ministre qui le transmettra ensuite au
président, explique Kassa Aïssi, porte-parole du premier parti du pays. Aucune
date n'est arrêtée mais on peut imaginer que la nouvelle Constitution sera
validée en juin car nous allons ensuite entrer dans une autre période, celle de
la préparation des élections.»
L'absence du chef de l'État commence à faire sortir du bois les futurs candidats
à la présidentielle de 2014. Le plus sérieux, Ali Benflis, ne s'est pas encore
déclaré mais son local de campagne est ouvert et une équipe planche sur son
programme. Au FLN, sans secrétaire général depuis la destitution d'Abdelaziz
Belkhadem le 31 janvier dernier, l'horizon n'est pas si clair. «Il est indécent
de décider quoi que ce soit tant que le président d'honneur (Bouteflika) est
absent. Enfin, ça, c'est la version officielle, ironise un cadre du parti. En
réalité, notre sort est lié à celui du chef de l'État. Comme on ne sait pas dans
quel sens le vent va tourner, personne ne veut s'engager…»
Pendant ce temps, une nouvelle polémique se dessine autour d'Abdelkader
Bensalah, 70 ans, président du Sénat. Si l'article 88 devait être appliqué,
c'est à lui que l'intérim du pouvoir serait confié le temps d'organiser des
élections anticipées. Mais pour occuper ce poste, le candidat doit être de
nationalité algérienne d'origine. Les médias affirment que ce n'est pas le cas
d'Abdelkader Bensalah, Marocain naturalisé algérien en 1965.
Source:Le Figaro
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