La France a trop tendance à oublier ses
alliés dans la guerre au Mali
L'opération Serval n'aurait pas eu le même succès sans l'aide précieuse de
partenaires que la France remercie rarement.
Soldats français, près de Tessalit, mars 2013 / Reuters
On a souvent tendance à l’oublier, mais l’opération militaire au Mali lancée le
11 janvier n’est pas uniquement le fait de la France. Outres les forces
africaines qui ont largement participé à l’opération Serval (baptisée Misma par
la Cédéao), les grandes puissances occidentales alliées ont chacune fourni leur
aide à la France.
Car si François Hollande et Laurent Fabius se félicitent régulièrement des
succès militaires rencontrés lors de l’opération militaire, les dessous de
celle-ci sont quelque peu surprenants. Pensiez-vous par exemple que la France
aurait eu besoin de louer du matériel militaire à des sociétés privées russes et
ukrainiennes? Ce fut pourtant le cas!
Les coulisses
Dans un excellent article paru le 7 juin dernier, nos confrères du Nouvel Obs
dévoilent en quelques sortes les coulisses de l’opération militaire au Mali. On
y découvre avec délectation un président français étonnamment plus offensif que
son état-major, qui pousse les responsables militaires à s’engager vite sur le
terrain sahélien.
Ce que l’on retient surtout, c’est l’importance de l’engagement des alliés de la
France dans la «reconquête» du Nord-Mali. Car sans leur aide, l’ex puissance
coloniale aurait pu faire un flop complet et s’enliser dans le désert malien.
Par exemple, les journalistes expliquent que «(La France) manque cruellement
d’avions de transport et de moyens de renseignement. Le drone Harfang n’est pas
encore opérationnel. Pour suivre les déplacements en temps réel des 2.000
djihadistes, les militaires n’ont que des ULM et de vieux appareils Atlantic
(avions à hélices destinés à la base à la surveillance en haute mer ndlr). Les
Britanniques viennent immédiatement à leur rescousse. Dès le lendemain des
premières frappes, ils mettent un avion de renseignement dans le ciel malien».
On est ici loin de l’image diffusée par les médias français au lendemain du
lancement de l’opération.
Les autres
La France seule aurait, en réalité, eu bien du mal à remplir ses principales
missions de renseignement et de transport. A tel point que l’armée française
aurait été obligée de louer des avions-cargos à des sociétés privées russes et
ukrainiennes!
Britanniques, Américains, Belges et Allemands: tous ont finalement participé
d’une manière ou d’une autre à la victoire rapide sur al Qaïda au Maghreb
islamique.
«Les alliés nous ont fait gagner trois semaines dans le déploiement des forces
et deux semaines dans les frappes», conclut ainsi un responsable du ministère
français de la Défense.
Ambroise Védrines
Source:http://blog.slateafrique.com/maligraphe
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