La députée de Bourem se veut la candidate des femmes et des jeunes.
Aïssata Cissé, la candidate à la présidentielle prône un
féminisme pratique au Mali
Le 15 juin, Aïssata Cissé, dite «Chato», a été investie par son mouvement
politique à la course à la présidentielle qui se déroulera le 28 juillet
prochain. La députée de Bourem (nord de Gao) est la seule femme candidate au
scrutin. De quoi susciter notre attention.
Au-delà de ses positions politiques sur la crise malienne actuelle, Aïssata
Cissé se veut la porte-parole de la cause des femmes. Sa communication politique
tourne d’ailleurs principalement autour du fait qu’elle est à ce jour la seule
candidate féminine déclarée pour le scrutin du 28 juillet.
Dans un débat saturé par les mastodontes de la vie politique malienne,
intégralement masculins, sa stratégie détonne quelque peu. Et son logo de
campagne reflète à l’évidence sa posture ouvertement «girly»: une tête de cheval
façon «petit poney», frappée d’une étoile rose bonbon.
Question féminisme, on a déjà vu plus offensif et subtil comme communication.
Mais la candidate de l’alliance Chato ne désespère pas de rallier à elles les
femmes du Mali, qui constituent la majorité de la population.
Quid du féminisme?
Être femme ne signifie toutefois pas être forcément féministe. Et être féministe
ne signifie pas non plus la même chose, selon les pays et les époques (les Femen
en ont d’ailleurs fait les frais en Tunisie récemment). Si Aïssata Cissé ne se
catégorise pas en tant que telle, elle se place d’emblée comme la candidate des
jeunes, des femmes et du monde rural.
«Un pays qui compte plus de femmes que d’hommes ne peut pas viser le
développement sans s’appuyer sur cet atout majeur au niveau politique,
économique et bien entendu social», a-t-elle déclaré lors de sa cérémonie
d’investiture.
Voilà pourquoi certaines propositions envers les femmes sont mises en avant dans
son programme:
«Veiller à l’atteinte des objectifs de parité dans les emplois, les fonctions et
dans la scolarité.
Instaurer une Bourse de soutien familial de 100.000 francs CFA par an pour aider
les mères des familles les plus défavorisées.
Créer un guichet spécial dans un Fonds de Garantie Nationale doté de 50
milliards de francs CFA pour faciliter l’accès des femmes et des jeunes au
crédit et à l’accompagnement.
Renforcer et améliorer le système de protection sociale par une Couverture
Maladie Universelle pour permettre une meilleure prise en charge des femmes et
des familles en matière de santé.»
Au-delà de ces propositions, somme toute assez classiques, le constat dressé par
«Chato» quant à la condition des femmes maliennes devraient faire enrager les
Femen les plus déterminées. Ici, il n’est pas question de patriarcat ou
d’émancipation, mais plutôt de confort et de progrès social.
«Ces femmes qui doivent satisfaire à l’indispensable corvée du bois de chauffe
ou de l’eau qu’il faut aller chercher à des kilomètres, ou puiser à la force de
ses bras dans des puits souvent très profonds.»
Ça ne vend pas du rêve, évidemment, mais c’est un constat pratique pour les
Maliennes.
Reste à savoir si cette candidature pourra convaincre les Maliens le 28 juillet
prochain. Dans l’un des rares pays de la région à avoir été gouverné par une
femme (Mariam Kaïdama Sidibé, devenue Premier ministre entre le 3 avril 2011 et
le coup d’Etat du 22 mars), rien ne semble impossible.
Ambroise Védrines
Source:Slateafrique
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