Pour Jeune Afrique et RFI, le patron de Cevital, premier groupe privé algérien, commente l’actualité économique, notamment en Afrique du Nord.
Issad Rebrab, PDG de Cevital. © Bruno Levy pour J.A.
Deuxième invité de la grande interview réalisée conjointement par Jeune Afrique
et RFI, Issad Rebrab évoque les derniers événements en Égypte, les difficiles
relations entre les autorités d’Alger et le secteur privé, la crise en Europe…
Président fondateur de Cevital, le premier groupe privé du pays, il revient
également sur ses ambitions agricoles au sud du Sahara.
La crise égyptienne
« Avec un PIB de plus de 5 000 dollars par habitant [plus de 3 850 euros] et un
pouvoir d’achat de 7 250 dollars par personne, l’Algérie a plus de potentiel que
l’Égypte [dont les problèmes économiques expliquent en partie les événements qui
ont abouti à la destitution du président Mohamed Morsi, le 3 juillet]. Notre
pays a fait un grand bond en termes économiques depuis l’indépendance. Nous
avons un chômage de 10 %, mais il est vrai que celui des jeunes dépasse 35 %. Il
faut que l’Algérie fasse un énorme effort en matière de diversification
économique afin de créer des emplois. Le décollage devra se faire d’ici à la
prochaine décennie, sinon nous allons au-devant de problèmes sociaux. »
Les relations du privé avec l’État
« Nous revenons de loin. Dans les années 1970, les opérateurs économiques privés
étaient à peine tolérés. Actuellement, nous sommes acceptés, mais pas encore
encouragés. L’État doit investir dans les infrastructures, être un facilitateur.
Aujourd’hui, il continue de se mêler de certaines activités qu’il devrait
laisser aux opérateurs privés. »
La fermeture de Michelin en Algérie
« Il y a sept ans, le groupe Michelin m’avait approché pour un projet d’usine de
7 millions de pneus par an. Malheureusement, il est tombé à l’eau, faute
d’autorisation. Aujourd’hui, avec la crise en Europe, Michelin ne parvient même
pas à faire fonctionner à pleine capacité ses unités européennes. Le groupe
français a donc voulu fermer son usine déficitaire en Algérie, et Cevital
récupère ses salariés ainsi que l’activité commerciale. »
Cevital au sud du Sahara
« À Djibouti, nous avons une plateforme logistique à réaliser, ainsi que des
silos et un site agroalimentaire. Nous voulons également construire à
Port-Soudan un complexe similaire à celui que nous avons à Béjaïa. L’Éthiopie,
la Tanzanie et le Mozambique nous intéressent aussi. Enfin, en Côte d’Ivoire,
nous voulons développer un ensemble agro-industriel sur l’île Boulay :
trituration, raffinage d’huile, transformation du sucre et un projet dans le
riz. »
Europe-Maghreb : un avenir commun ?
« La crise en Europe crée des opportunités pour un groupe comme Cevital. Nous
avons récemment racheté Oxxo, le leader européen des fenêtres en PVC, car il y a
une grande complémentarité entre nos activités en Algérie, où nous possédons le
plus grand complexe de verre plat d’Afrique, et l’usine française. Nous allons
lui apporter du verre plat à un prix beaucoup plus compétitif. Il peut y avoir
une grande synergie entre unités industrielles de part et d’autre de la
Méditerranée. »
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Propos recueillis par Frédéric Maury (J.A.) et Frédéric Garat (RFI)
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