La campagne pour l’élection
présidentielle malienne a officiellement débuté dimanche 7 juillet. Mode
d’emploi de ce scrutin crucial pour l’avenir du pays, dont le premier tour se
tiendra dans moins de trois semaines, le dimanche 28 juillet.
La campagne présidentielle est enfin lancée au Mali. Malgré les doutes émis par
différents responsables et candidats sur la bonne tenue du scrutin, le
gouvernement de transition, sous pression de la communauté internationale et de
la France, a maintenu son calendrier électoral. L’élection présidentielle se
tiendra donc le 28 juillet sur tout le territoire malien, et, si aucun candidat
ne se démarque, un second tour sera organisé le 11 août.
Officiellement lancée dimanche 7 juillet, la campagne se clôturera le 26
juillet, ne laissant que trois petites semaines aux candidats pour convaincre
les Maliennes et les Maliens de voter en leur faveur. Restauration de
l'intégrité nationale, négociations avec les groupes touaregs du Nord, lutte
contre la corruption, rôle de l’armée, redressement économique : les thèmes
importants ne manquent pas. Au-delà des programmes de chacun, les électeurs
choisiront surtout une figure providentielle, capable selon eux de redresser le
Mali de la plus grave crise de son histoire récente.
Les candidats en lice
La Cour constitutionnelle a officiellement enregistré 28 candidats pour
l’élection présidentielle. Ce chiffre élevé - ils n’étaient que 8 en 2007 –
laisse craindre un important éparpillement des voix.
Trois poids-lourds de la vie politique malienne font toutefois figures de
favoris : Ibrahim Boubacar Keïta (dit « IBK »), ancien Premier ministre
(1994-2000) et président de l’Assemblée nationale (2002-2007), Soumaïla Cissé,
ministre des Finances sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré, et Modibo Sidibé,
secrétaire général de la présidence (2002-2007) puis Premier ministre
(2007-2011) d’Amadou Toumani Touré.
Plusieurs autres candidats pourraient créer la surprise, comme Dramane Dembélé,
quarantenaire méconnu investi par l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema),
le principal parti politique malien, ou encore Tiébilé Dramé, ancien émissaire
du gouvernement malien pour les négociations avec les groupes rebelles touaregs
à Ouagadougou. Enfin, deux femmes se présentent, dont Haïdara Aïchata Cissé,
dite "Chato", députée de Bourem (80 km au nord de Gao).
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Une campagne
compliquée
De nombreuses voix se sont élevées ces dernières semaines pour réclamer un
report de l’élection présidentielle au Mali. Fin juin, Mamadou Diamountani,
président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), avait
affirmé qu'il serait « extrêmement difficile d'organiser le premier tour de
l'élection » à la date prévue, en raison du retard pris dans la production des
cartes d'électeurs et de la situation à Kidal - où l'armée malienne a fait son
retour, le 6 juillet, selon l’accord signé avec les rebelles touaregs à
Ouagadougou.
Quelques jours plus tard, un ministre malien, sous couvert d’anonymat, lui
emboîtait le pas en déclarant à l’AFP que « tout le monde [était] d'accord pour
le report » et craignait d’assister à des « élections bâclées ».
Des candidats ont, eux aussi, ouvertement exprimé leur mécontentement face à ce
calendrier électoral serré largement dicté par la France et la communauté
internationale. Tiébilé Dramé a par exemple affirmé haut et fort que les «
conditions n’étaient pas du tout réunies » pour l’organisation du scrutin.
Autre pomme de discorde : la période choisie pour la campagne électorale, qui
coïncide avec le début du mois de ramadan et la saison des pluies. « Nous allons
devoir nous adapter, confie Ibrahim Boubacar Keïta. Chacun va devoir trouver sa
formule pour toucher les électeurs. Personnellement, je vais organiser la
plupart de mes rencontres et meetings le matin. Le soir, après la rupture du
jeun, les gens sont trop fatigués ».
Le cas Kidal
Kidal, berceau des rebelles touaregs, est avant tout un enjeu symbolique de
l’élection présidentielle. La région ne compte en effet que 35 000 électeurs,
sur un total de 6,9 millions dans tout le pays.
Un accord préliminaire, signé le 18 juin à Ouagadougou par le gouvernement de
transition malien et la rébellion touarègue, prévoyait le « cantonnement » des
rebelles et le retour de l'armée et de l’administration malienne dans la ville
avant le 28 juillet. Après des négociations tendues sur l’application de
l’accord, l’armée a enfin fait son retour à Kidal, où 150 soldats sont entrés
pacifiquement, le 5 juillet.
Qui pourra voter ?
Tout citoyen ou citoyenne de la République du Mali, âgé de plus de 18 ans et
muni de sa carte Nina (Numéro d’identification nationale), pourra se présenter
dans un bureau de vote.
Spécialement conçues pour l’occasion, les cartes biométriques Nina ont été
créées à partir du recensement administratif de la population effectué en 2010.
Y figurent le numéro d’identification nationale du citoyen, ses données d’état
civil ainsi que sa photo et son empreinte digitale. Sur 13 600 000 Maliens, 6
877 449 majeurs doivent se voir remettre ce document avant le premier tour. Les
cartes, produites en France, sont actuellement en cours de distribution à
travers tout le pays. Reste un problème de taille non résolu : environ 350 000
personnes, enregistrées en tant que mineur(e)s il y a trois ans, sont désormais
en âge de voter.
Enfin, les électeurs potentiels figurant parmi les 200 000 déplacés et les 175
000 réfugiés dans les pays voisins (Burkina Faso, Niger, Mauritanie) pourront
également participer au scrutin présidentiel. « Nous avons pris nos dispositions
pour que chaque Malien, où qu’il soit, puisse voter », assure Gamer Dicko,
porte-parole du ministère de l’Administration territoriale. Afin que tout le
monde puisse glisser son bulletin dans l’urne, des bureaux de vote, en partie
gérés par des membres du HCR, seront installés à proximité des différents camps
de réfugiés.
Source:Jeuneafrique.com
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