Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi, présidents des principales formations politiques tunisiennes, se sont rencontrés le 14 août, à Paris, en toute discrétion. Cette rencontre pourrait-elle participer à trouver la solution qui sortira le pays de la crise politique dans lequel il est plongé depuis l’assassinat de l’opposant Mohamed Brahmi ?
La Tunisie restait plongée lundi dans la crise politique. Les islamistes au
pouvoir, pas plus que la coalition d’opposition, n’ont cédé sur leurs
revendications, plus d’un mois après l’assassinat du député de l’opposition,
Mohamed Brahmi.
Une rencontre entre le chef du parti islamiste Ennahdha au pouvoir en Tunisie,
Rached Ghannouchi, et celui du puissant syndicat UGTT, Houcine Abassi, qui joue
le rôle de médiateur dans la crise, s'est achevée en fin de soirée lundi 19 août
sans réelle avancée. Une autre rencontre entre les deux hommes doit avoir lieu
mercredi.
Un autre entretien important, quelques jours auparavant, le 15 août, pourrait
cependant avoir participé à faire avancer le pays. Dans un palace du faubourg
Saint Honoré, à Paris, Rached Ghannouchi a eu un entretien avec Béji Caïd
Essebsi, fondateur de Nidaa Tounès et ancien Premier ministre qui avait mené les
Tunisiens aux élections en octobre 2011. Les deux hommes ne s’étaient jamais
véritablement parlés depuis deux ans.
L’échange s’est fait à l’initiative de Slim Raihi, le fondateur de l’Union
patriotique libre (UPL), et de Nabil Karoui, patron de Nessma TV, proche de Béji
Caïd Essebsi, nous a confié ce dernier. D’un commun accord, depuis juillet, ils
ont œuvré à convaincre les uns et les autres de la nécessité d’un dialogue pour
sortir le pays de la crise. Après plusieurs tentatives, rendez-vous a finalement
été pris à Paris, où Essebsi se trouvait déjà. Slim Riahi a mis son jet privé à
disposition de Rached Ghannouchi, afin de faciliter la rencontre.
Des pas importants accomplis
La tenue même de la rencontre montre qu’Ennahdha reconnaît l’importance de Nidaa
Tounes et l’accepte comme interlocuteur.
En comité restreint, Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi ont donc abordé
toutes les questions -même celles qui fâchent - sans pour autant trouver un
accord.
Mais des pas importants semblent avoir été accomplis. La tenue même de la
rencontre montre qu’Ennahdha reconnaît l’importance de Nidaa Tounes et l’accepte
comme interlocuteur. Mieux, en présence d'Ameur Larayedh, membre du bureau
exécutif d’Ennahdha, de Slim Riahi et de Nabil Karoui, les chefs des deux partis
ont décidé de poursuivre leur dialogue à Tunis.
Le principe de leurs discussions serait d’aboutir à une cohabitation pour
conduire la Tunisie aux élections. L’Assemblée nationale constituante (ANC)
devrait adopter, le 23 octobre, un projet de Constitution expurgé de l’article
141 qui ôtait à l’État son caractère civil. Elle devrait lancer l’instance
supérieure indépendante pour les élections et fixer des échéances électorales
définitives.
Quant au gouvernement, dont l’opposition et la société civile demandent la
démission, il serait toujours conduit par une figure d’Ennahdha mais les postes
clés seraient confiés à des technocrates indépendants. Béji Caïd Essebsi, qui
avait mené en tant que Premier ministre, la Tunisie à des élections
indépendantes, le 23 octobre 2011, serait désigné comme chef de l’État, son
expérience et sa crédibilité devraient permettre au pays de se repositionner sur
la scène internationale.
Reste aux deux hommes à trouver une plateforme commune puis de convaincre leurs
partis et leurs partenaires politiques ainsi que la puissante centrale syndicale
et le patronat. La sortie de crise n’est pas encore véritablement là.
Source:Jeuneafrique
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