Le gouvernement d’Abdelilah Benkirane
connaît une crise dans laquelle tout le monde semble s’acharner sur le
secrétaire général du PJD, le roi y compris. Mohammed VI a le pouvoir de
résoudre la crise. Mais le fera-t-il ?
« De nombreux indices laissent à penser que la chute du gouvernement islamiste
n’est plus qu’une question de temps » affirme le journal Akhbar al-Yaoum.
L’assertion est forte, mais pas infondée : Benkirane connait effectivement des
temps difficiles et commence à manquer d’alliés.
Abdelilah Benkirane
A la tête d’une majorité formée d’une coalition hétéroclite, le premier coup dur
porté au chef du gouvernement marocain a été le départ de l’Isqitlal, parti de
l’indépendance, en juillet dernier. L’Isqitlal étant la deuxième force de la
coalition, sa soudaine absence a laissé un vide difficile à combler.
Le PLD s’est alors tourné vers le Rassemblement national des indépendants (RNI),
malgré les tensions qui existent entre les deux partis. Mais le mariage est loin
d’être arrangé, laissant Benkirane dans une situation délicate. Les négociations
sont en cours, la date butoir étant reculée à la mi-septembre, dernier délai
possible avant que les affaires du pays en souffrent.
Une position attaquée
Tout homme politique doit faire face à son lot de réprobation, c’est un fait
établi. Sauf que ces derniers temps, Abdelilah Benkirane semble être la cible
d’un feu nourri de critiques.
L’opposition, et l’opinion plus généralement, lui reproche l’absence de réformes
sociales vues comme urgentes. La situation financière préoccupante du royaume
lui est également imputée, avec une dette qui a dépassé la barre des 7% du PIB
en 2012.
Sans compter les troubles subséquents à la situation en Egypte, qui ont
considérablement agité le Maroc. Les manifestations qui ont eu lieu à Rabat en
soutien aux Frères Musulmans ont en effet été le théâtre de divisions d’opinion
au sein même du PJD.
Plus douloureux encore peut-être, le roi Mohammed VI lui-même a grondé le chef
du gouvernement comme un père passe une rouste à son fils fautif, descendant en
règle sa gestion des questions concernant l’éducation dans un discours à la
Nation.
Sortir de la crise
Benkirane n’a pas fait l’erreur de se draper dans sa dignité : prudent, il a
répondu : « Le roi est au-dessus de nous. Notre combat est plutôt avec les
forces tyranniques qui veulent mettre la main sur les richesses du pays ». Un
message double : attaque à ses opposants politiques et main tendue vers Sa
Majesté.
Les appels du pied de Benkirane à Mohammed VI n’ont rien d’anodin. « Si j’échoue
à former une nouvelle majorité, je reviendrai vers Sa Majesté qui garde toute
latitude pour prendre la décision adéquate ».
Les pourparlers avec le RNI s’annoncent en effet assez mal. L’alternative serait
la mise en place d’élections législatives anticipées. Une intervention royale
pourrait éviter cette extrémité et mettre fin à la crise en faisant valoir son
autorité.
L’appel au secours a été lancé. Mais Mohammed VI répondra-t-il, ou laissera-t-il
Benkirane se débattre tout seul ?
Source:Afriquinfos
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