Un an après le long mouvement de grèves
sauvages de 2012, le patronat sud-africain des mines s'est mis d'accord avec le
syndicat national du NUM pour faire accepter aux mineurs d'or des augmentations
de salaires modérées, à l'issue d'une grève éclair qui devait s'achever vendredi
sans violence.
"Selon nos informations, la majorité des mines devrait avoir repris le travail
d'ici ce (vendredi) soir", pouvait se féliciter en fin de journée la Chambre des
mines.
Le NUM, dont l'objectif était de revaloriser les salaires pour couper l'herbe
sous le pied de son rival Amcu et tenter de gommer son image de syndicat
patronal corrompu, a présenté la nouvelle offre patronale aux mineurs moins de
48 heures après le début du mouvement.
Selon les catégories, les mineurs vont gagner 7,5% à 8% de plus avec effet
rétroactif au 1er juillet, et ils ont obtenu la promesse de voir leurs salaires
revalorisés avec l'inflation au 1er juillet 2014. L'aide au logement,
essentielle pour les nombreux mineurs migrants, augmente aussi.
On est très loin des 60% de hausse revendiqués au départ, voire des 150%
réclamés par Amcu, nouveau venu dans le paysage syndical sud-africain mais qui
s'est imposé chez les mineurs de platine.
Mais, dès vendredi matin, les salariés de quatre entreprises sur sept avaient
accepté, selon le NUM, notamment ceux d'AngloGold Ashanti, troisième producteur
mondial.
L'Afrique du Sud a perdu son rang de premier producteur mondial d'or en 2007 et
n'est plus que 5e mondial.
Secteur stratégique
Mais le secteur reste stratégique pour sa balance commerciale, emploie 140.000
mineurs dont la moitié représentés par le NUM, et ces négociations constituaient
un test pour les relations sociales de la première économie du continent, après
le dramatique conflit minier de 2012.
Le conflit des mines d'or coïncidait avec la période annuelle de négociations
salariales, et des grèves affectent aussi depuis plusieurs semaines d'autres
industries nationales, notamment les usines automobiles travaillant
majoritairement pour l'export, ou le BTP.
En août 2102, le NUM avait été pris de court par une grève sauvage des foreurs
d'un producteur de platine britannique, le groupe Lonmin, basé à Marikana dans
le bassin minier de Rustenburg (nord). Sa permanence avait attaquée et plusieurs
de ses représentants assassinés.
Au lieu de rétablir l'ordre, l'intervention de la police avait aggravé la
situation le 16 août en tirant sur les grévistes faisant 34 morts, la pire
fusillade policière depuis l'apartheid sans qu'aucun responsable n'ait eu à ce
jour à encourir des poursuites.
Tour à tour, la plupart des sites, y compris les mines d'or au départ pas
concernées, avaient débrayé, remettant en cause le NUM et parvenant à forcer la
main de la Chambre des mines pour qu'elle accorde de substantielles hausses de
salaire en dehors de tout cadre légal.
Le conflit a contribué à la chute de la croissance et à la dépréciation du rand,
qui alimente aujourd'hui le cercle vicieux de l'inflation et des revendications
salariales.
Pas de débordements
Cette année, la grève a ressemblé davantage à une formalité qu'à un vrai
conflit. L'enjeu, pour le patronat comme pour le NUM, était d'éviter d'être
débordés par les mineurs.
Le patronat, qui mettait 6,5% de hausse sur la table, a rapidement révisé son
offre. Elle "est un peu plus élevée que les employeurs ne l'auraient préféré", a
souligné la négociatrice en chef Elize Strydom.
"Néanmoins, nous avons gardé à l'esprit que l'accord nous permet d'éviter une
longue période de grève dommageable, tout en restant dans un équilibre
raisonnable entre son financement et la préservation de l'emploi", a-t-elle
ajouté.
Selon elle, l'accord est "dans le meilleur intérêt de tous, actionnaires,
direction et employés".
Si un rattrapage salarial notable s'est opéré depuis la fin de l'apartheid et si
les mines payent des salaires plutôt élevés à qualfication égale, les mines d'or
d'Afrique du Sud restent un lieu où il ne fait pas forcément bon travailler: la
tuberculose y bat tous les records.
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