L'État hébreu n'a cessé de resserrer ses liens avec les pays à composante
chrétienne de l'Afrique. Une alliance essentielle à sa sécurité.
Que cherchent donc les Israéliens au Kenya ? Pourquoi sont-ils intervenus pour
secourir les otages du centre commercial Westgate de Nairobi ? Certes, cet
ensemble de magasins de la capitale kényane est la propriété, en partie, de
capitaux israéliens. Mais là n'est pas l'important.
Entre Israël et le Kenya, c'est une vieille histoire. En 1976 déjà, le commando
israélien qui était intervenu à Entebbe, en Ouganda, pour libérer les passagers
d'un vol Air France détourné au départ de Tel-Aviv, s'était posé auparavant à
Nairobi pour se ravitailler en carburant. À l'époque, le Kenya avait été
violemment critiqué par les pays arabes pour avoir aidé l'État hébreu.
Israël considère que la rive sud de la mer Rouge est essentielle pour sa
sécurité. La montée du fondamentalisme depuis une douzaine d'années, l'arrivée
d'al-Qaida, la volonté d'ouvrir des marchés sur le continent noir, autant de
raisons qui ont incité les Israéliens à développer des relations avec les pays
non arabes de l'Afrique de l'Est, en particulier l'Éthiopie et le Kenya. Ils ne
sont pas les seuls, l'Érythrée (au moins les premières années de son
indépendance), l'Ouganda, le Soudan du Sud, le Rwanda, la Tanzanie, toute cette
vaste région pro-occidentale et partiellement chrétienne entretient des
relations avec l'État hébreu.
La fragilité du Kenya
Le Kenya, de son côté, considère "Israël comme un partenaire stratégique clé ;
un contrepoids à certains États de la région qui ne respectent pas nos valeurs",
précisait un diplomate kényan en 2007 dans un télégramme diplomatique dévoilé
par le site WikiLeaks.
Ce n'est pas la première fois qu'Israël est directement ou indirectement touché
au Kenya. En 2002, un attentat à la voiture piégée contre un hôtel de Mombasa,
sur l'océan Indien, appartenant à des Israéliens, avait tué une quinzaine de
personnes, dont trois touristes israéliens. Un autre attentat avait été déjoué
de justesse par les Kényans contre un avion d'El Al.
Le Kenya est le plus fragile des pays de la région : non seulement il abrite des
dizaines de milliers de réfugiés somaliens, mais sa population où cohabitent
chrétiens et musulmans est travaillée par des radicaux islamistes, en
particulier sur la côte. De plus, Nairobi a envoyé des troupes dans le cadre de
la force de maintien de la paix en Somalie, à la demande des États-Unis, pour
soutenir le gouvernement pro-occidental qui tente de ramener l'ordre et de
rebâtir un État qui n'existe plus depuis 1990. Le communiqué des shebabs
avant-hier a précisé qu'ils entendaient punir les Kényans pour leur intervention
en Somalie.
Coopération économique
Pour les djihadistes somaliens, il est facile de franchir la longue frontière
entre les deux pays. À deux reprises, ils ont enlevé des humanitaires
travaillant dans les camps de réfugiés prés de la frontière. Et, en 2012, une
cinquantaine de personnes ont été tuées dans des attaques terroristes à Nairobi
et à Mombasa.
Depuis 2011, Israël a donc renforcé sa coopération avec les pays de l'Afrique de
l'Est, le Kenya, l'Éthiopie, le Soudan du Sud et la Tanzanie, des États qui sont
tous soucieux de lutter contre le fondamentalisme.
Les relations avec Nairobi sont particulièrement étroites. Tel-Aviv a vendu
beaucoup d'armement au Kenya depuis 2011, lui a envoyé des conseillers et a
formé des militaires kényans, soit sur place, soit en Israël même.
Parallèlement, l'État hébreu entretient une coopération économique avec les pays
de l'Afrique de l'Est, en particulier dans le domaine agricole. Parallèlement,
les sociétés israéliennes de travaux publics s'implantent de plus en plus dans
la région et remportent de gros contrats pour construire des infrastructures.
On est loin de l'époque d'Entebbe, lorsque seuls quatre pays africains
entretenaient des relations diplomatiques avec Tel-Aviv. Le Kenya lui-même a
attendu 1989 pour reconnaître l'État hébreu. Aujourd'hui, à l'exception des
États arabes d'Afrique, tous ont reconnu Israël, et nombreux sont ceux, en
Afrique anglophone comme francophone ou lusophone, dont Israël assure la
sécurité.
Source: Le point
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