L'adoption du projet de loi portant sur
la baisse des loyers par l'Assemblée nationale mercredi dernier, a été bien
accueillie par les populations. Même si certains manifestent leurs inquiétudes
sur les éventuels litiges et conflits entre bailleurs et locataires lors de la
mise en application de cette loi.
Les députés, de la majorité et de l'opposition, ont voté à l'unanimité la loi
qui impose une baisse des loyers de 29,14% et de 4% selon le type de logement.
Une mesure saluée par la grande majorité des Sénégalais qui vivent en location.
C'est le cas de Marième Faye, restauratrice à Grand Yoff, un quartier populaire
de Dakar.
"Nous félicitons le gouvernement d'avoir baissé le prix des loyers, devenus
insupportables. Je loue mon restaurant à 50.000 F CFA et mon appartement de
trois chambres me revient à 110.000 F CFA", confie cette mère de famille.
Selon le ministre sénégalais du Commerce, Alioune Sarr, qui défendait le projet
de loi à l'Assemblée nationale, le prix des loyers supportés par les locataires
dans certains secteurs ont connu une hausse considérable, comparativement aux
coûts de construction à la charge des propriétaires.
Ce que confirment les statistiques. L'Agence nationale des statistiques et de la
démographie révèle que la hausse du coût des loyers est "de 256,06%" dans la
région de Dakar de 1994 à nos jours. Et que les ménages consacrent près d'un
tiers de leur budget à la location". Tandis que le coût moyen de la construction
des logements n'a connu qu'une augmentation de 44,04%.
Cette situation justifie, selon M. Sarr, l'engagement du chef de l'Etat à
prendre en charge cette question afin de mettre fin à la bulle spéculative dans
le secteur de l'immobilier. Et améliorer le pouvoir d'achat des Sénégalais.
Agent immobilier à la Gueule Tapée (quartier populaire de Dakar), Moustapha Coly
déplore toutefois la non-implication des bailleurs dans les discussions ayant
abouti à la baisse des prix du loyer.
"C'est bien de baisser le prix des loyers mais les concernés, c'est-à-dire les
bailleurs ainsi que les agences immobilières doivent être consultés pour qu'on
trouve une solution consensuelle", regrette M. Coly, courtier depuis 2004.
Conséquences : "C'est clair qu'il y aura des conflits entre bailleurs et
locataires dans la mise en application de cette loi", prévoit-il.
Pour sa part, Momar Ndao, président de l'Association des Consommateurs et membre
de la commission sur la baisse des loyers, indique que les taux de 29,14% et de
4% de baisse ont été fixés après de larges concertations et des enquêtes de
terrain de la commission.
Concernant l'application de cette loi, Ndao annonce la mise en place d'un
dispositif de contrôle composé par les services de contrôle de l'Etat, les
associations de consommateurs. Mais également la mise en place d'une brigade
spéciale de contrôle, d'un guichet de réclamation ainsi qu'un numéro vert pour
faciliter la communication avec les populations.
Quant aux bailleurs qui ne respecteront pas la loi, "ils encourent trois mois de
prison et une amende d'un million et demi F CFA".
Le gouvernement sénégalais promet par ailleurs d'initier la réflexion sur la
diminution de la pression fiscale sur le foncier, et la réduction du coût de
matériaux de construction.
Source: Xinhua
Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
|