COOPÉRATION SÉCURITAIRE
Ce que Tripoli attend d’Alger
La visite du ministre libyen en Algérie s'inscrit dans le cadre des initiatives
engagées depuis décembre 2013 à Tripoli, à l'occasion de la tenue de la grande
commission mixte de coopération bilatérale.Les Libyens ont besoin des Algériens.
C'est ce qui ressort de la visite d'une importante délégation libyenne qui
séjourne depuis mercredi dernier à Alger. Ainsi, et après les premières
entrevues et échanges entre les parlementaires des deux pays, le ministre
d'État, ministre de l'Intérieur et des Collectivité locales, Tayeb Belaïz, a
réaffirmé "l'entière disponibilité de l'Algérie à apporter son soutien au peuple
et aux autorités en Libye pour l'édification d'un nouvel État à la faveur de la
paix et de la stabilité (...) et pour franchir cette étape de transition
politique." M. Belaïz, qui s'est longuement entretenu avec le vice-président du
Conseil des ministres libyen au développement chargé du ministère de
l'Intérieur, Seddik Abdelkrim, a appelé son homologue à prendre des mesures
unifiées "pour la sécurisation des frontières et la garantie d'un climat propice
au développement des régions frontalières sans omettre l'aspect sécuritaire qui
figure au titre des priorités de l'action commune, laquelle passe par la
consolidation de la coopération entre les différents services concernés pour une
meilleure mobilisation face aux menaces sécuritaires."
D'ailleurs, M. Seddik a affirmé que "les mutations profondes et effrénées que
connaissent certains pays arabes en général et les pays du Maghreb et d'Afrique
du Nord en particulier, se caractérisent désormais par la propagation du crime
organisé et le lien étroit entre les groupes criminels, le trafic de drogue et
de psychotropes et l'immigration clandestine. Ces mutations en appellent à la
conjugaison des efforts de tous et l'intensification de la coopération."
Préconisant la mise à jour de la convention sécuritaire conclue en 2001, les
deux parties estiment que ce texte "constituera l'outil juridique idoine sur
lequel reposent les différents programmes et activités." En ce sens, M. Belaïz a
rappelé la formation en 2013 d'éléments de la police libyenne dans les écoles de
la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), soulignant que cette
opération se poursuivrait à travers d'autres cycles de formation et serait
élargie à la Protection civile et à d'autres secteurs. Suite à quoi, d'autres
entretiens ont eu lieu entre M. Seddik et le Premier ministre, Abdelmalek
Sellal, sur ce chapitre précis.
De son côté, et lors de sa rencontre avec le chargé des Affaires maghrébines et
africaines, Madjid Bouguerra, le deuxième vice-président du Congrès national
général libyen, Salah Al-Makhzoum, a exhorté l'Algérie "à accompagner la Libye
dans ses efforts visant à ouvrir une ère nouvelle de son histoire (...). Il est
temps pour l'Algérie de jouer son rôle dans cette ère nouvelle de l'histoire de
la Libye."
Les Libyens s'inspirent de l'INCC-GN et du DSI-GN
La journée d'hier a été chargée pour la délégation libyenne. Et pour cause, la
coopération sécuritaire opérationnelle a été au cœur d'une visite des
institutions de la Gendarmerie nationale. À commencer par l'Institut national de
la criminologie et de la criminalistique (INCC-GN) de Bouchaoui où le commandant
de la GN, le général-major Ahmed Bousteila, a reçu le vice-président du Conseil
des ministres libyen au développement chargé du ministère de l'Intérieur, Seddik
Abdelkrim. Celui-ci a eu droit à une visite de tous les départements de
l'INCC-GN.
Le patron de cet institut, le colonel Abdelhamid Messaoudi, a longuement
expliqué l'évolution de son département qui, depuis 2005, a réalisé de grandes
enquêtes dans le domaine de la criminalité globale et du crime organisé. "Les
Libyens ont exprimé leur admiration face aux avancées qu'a connues l'Algérie à
travers l'INCC-GN. Cet institut permet aux enquêteurs d'élucider toutes formes
de crimes et de trafics à travers les derniers outils scientifiques et
technologiques acquis", a indiqué notre source. Les Libyens ont également visité
le Détachement spécial d'intervention (DSI) à Sidi Abdellah (Mahelma). Les
Libyens ont été impressionnés par la qualité de la formation que dispense le
DSI, notamment dans le cadre de la lutte antiterroriste, l'intervention
aéroportée pour la libération des otages, la protection des hautes personnalités
(présidents, ministres, hommes d'affaires... etc.) et autres missions de choc.
Des démonstrations à couper le souffle ont également été exécutées par ces
élites de la GN qui met, par ailleurs, à la disposition du gouvernement libyen
son capital expérience dans le cadre de la coopération sécuritaire
opérationnelle. "Face à la mondialisation et l'itinérance du crime et les
changements que connaît la carte criminelle, l'INCC-GN, comme d'ailleurs le DSI
et autres unités du corps d'armes, adapte la formation de ces élites en
s'inspirant de chaque cas d'enquête traitée afin de prévenir, anticiper et
combattre efficacement le terrorisme, le crime organisé, comme le trafic d'armes
et le trafic de drogue et de véhicules, le crime transfrontalier et
transnational ainsi que toutes formes de crimes émergents", a indiqué une source
proche du dossier. Celle-ci précisera, en outre, "que cet échange permettra aux
Libyens de s'inspirer de notre expérience afin d'adapter leurs moyens humains et
matériels pour recouvrer la stabilité tant dans les villes qu'aux frontières."
Source:Liberté-Algérie
Par : Farid Belgacem
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