On les soupçonne de préparer de nouvelles attaques dans l'est de la RDC. Mais les anciens rebelles du Mouvement du 23-Mars, officiellement dissous, affirment au contraire vouloir rentrer dans le rang.
Les deux leaders du mouvement : Sultani Makenga (treillis)
et Bertrand Bisimwa (chapeau).
"Des sources crédibles font état de la poursuite du recrutement militaire [et]
d'une résurgence d'activités du M23 en Ituri." À écouter Martin Kobler, le chef
de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RD Congo (Monusco), le
13 janvier, on pourrait croire que les ex-rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23)
sont sur le point de faire à nouveau le coup de feu dans l'est du pays, à partir
du Rwanda et de l'Ouganda, où s'est réfugiée la majorité d'entre eux. Comme les
autorités congolaises, les responsables onusiens fondent leurs soupçons sur la
relative liberté de mouvement dont bénéficie dans ces deux pays l'ex-mouvement
rebelle, officiellement dissous après les accords de décembre 2013.
Les anciens chefs du M23, parmi lesquels le "général" Sultani Makenga, se
déplacent très facilement en Ouganda. "Pour nous, ce sont des réfugiés, se
justifie Ofwono Opondo, porte-parole du gouvernement ougandais. Ils ne sont pas
formellement inculpés. Nous n'avons donc aucune raison de les arrêter."
Les hommes de troupe ont été regroupés dans le camp de Kasese, situé à une
vingtaine de kilomètres de la frontière. Selon une source onusienne, ils peuvent
circuler aisément. Au moins trois officiers de l'ex-M23 et leurs hommes se
trouveraient d'ailleurs sur le territoire congolais, selon une source interne au
mouvement.
Le scénario d'une relance des hostilités par l'ex-M23 ne paraît pas crédible à
court terme.
Toutefois, le scénario d'une relance des hostilités par l'ex-M23 ne paraît pas
crédible à court terme. Les hommes qui avaient pris la ville de Goma fin 2012 ne
sont plus en état de menacer directement la RD Congo. Après leur défaite
militaire, en novembre dernier, le gros des troupes a laissé derrière lui
l'essentiel de son matériel, puis traversé la frontière ougandaise, et Kampala
affirme les avoir désarmées. "Le moment serait très mal choisi pour mener une
nouvelle attaque, analyse Jason Stearns, chercheur et ancien coordonnateur du
groupe d'experts de l'ONU sur la RD Congo. S'il le faisait aujourd'hui, le M23
ne pourrait pas nier qu'il s'appuie sur l'Ouganda et le Rwanda. C'est intenable
politiquement."
Certains imaginent pouvoir participer au futur
gouvernement de "cohésion nationale"
Les ex-rebelles ne cherchent d'ailleurs plus à tenir le terrain, et les
principaux groupes armés agissant dans le Nord-Kivu sont désormais les rebelles
ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF-Nalu) et les Hutus rwandais des
Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), que l'armée congolaise
tarde à mettre hors d'état de nuire, au grand dam de Kampala et de Kigali.
Les ex-M23 attendent beaucoup de la déclaration de Nairobi.
Les ex-M23 attendent beaucoup de la déclaration de Nairobi, qu'ils ont signée
avec le gouvernement de Kinshasa le 12 décembre au terme de longues
négociations. Certains imaginent pouvoir participer au futur gouvernement "de
cohésion nationale". Et la majorité d'entre eux compte bénéficier de l'amnistie
promise à tous ceux qui ne sont pas soupçonnés d'exactions.
Le mouvement espère enfin que cette amnistie pourra également bénéficier à son
ancien mentor, Laurent Nkunda. L'ex-chef du Congrès national pour la défense du
peuple (CNDP), rébellion dont le M23 n'était que la continuation, est en
résidence surveillée au Rwanda depuis cinq ans, mais continue de jouir d'une
belle popularité chez ses anciens compagnons d'armes. "La loi d'amnistie sera
générale et impersonnelle, note sobrement François Muamba, chargé par Kinshasa
du suivi des négociations. Elle est donc applicable à tous ceux qui en
rempliront les critères."
À Kampala, Bertrand Bisimwa, chef politique de l'ancien M23, n'imagine pas pour
sa part que le Rwanda soit un obstacle. "Je n'ai pas de contact avec le
gouvernement rwandais, mais il détient Nkunda pour des raisons politiques,
notamment à la demande du Congo. Je ne vois pas quel problème sa libération
pourrait lui poser."
Jeuneafrique
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