Entre Niamey et le géant français du nucléaire Areva, les négociations sur l'exploitation des mines d'uranium patinent. Pour le ministre nigérien des Affaires étrangères, cette affaire doit se régler d'État à État.
Mohamed Bazoum, lors de son passage à J.A., le 4 février.
© Vincent Fournier/J.A.
Voilà des mois que le Niger et Areva, le géant français du nucléaire, négocient
âprement le renouvellement des contrats d'exploitation de deux mines d'uranium
situées dans le nord du pays. Alors qu'il ne leur reste plus que quelques jours
pour s'entendre, leur contentieux a pris une tournure politique. Questionné à
l'Assemblée nationale le 5 février, Pascal Canfin, le ministre délégué au
Développement, a pour la première fois exposé la position du gouvernement
français. "Nous considérons que les demandes du Niger sont légitimes", a-t-il
indiqué. La veille, lors d'un passage à Paris, Mohamed Bazoum, le ministre
nigérien des Affaires étrangères, avait abordé la question avec Laurent Fabius,
son homologue français.
JEUNE AFRIQUE : Jusqu'à présent, les négociations entre
Areva et le Niger ont été menées par des techniciens. Faut-il que les politiques
s'en mêlent ?
MOHAMED BAZOUM : Areva appartient à l'État français, l'uranium à l'État
nigérien : si les négociations bloquent, il faudra envisager des solutions
politiques. Je souhaite que cela se fasse le plus tôt possible. C'est ce que
j'ai demandé à M. Fabius. Il m'a répondu que son gouvernement allait jouer un
rôle.
Un accord sera-t-il trouvé d'ici à la fin du mois ?
Nous le souhaitons vivement. Les choses n'ont que trop duré.
Qu'est-ce qui bloque ?
L'un des points de blocage est relatif au code minier. Areva prétend que si la
loi que nous avons adoptée en 2006 était appliquée elle aurait des effets
dévastateurs sur les finances de ses filiales [nigériennes]. De notre côté, nous
avons des exigences en matière de gouvernance : nous voulons être mieux
représentés dans ces sociétés, et qu'Areva, avec d'autres, finance les travaux
de la route Tahoua-Arlit [qui relie les mines au port de Cotonou].
Enfin, si Areva n'exploite pas la mine d'Imouraren, comme elle s'y est engagée,
le permis devra retomber dans le domaine public. Les arguments des uns et des
autres sont valables. Nous devons trouver un consensus.
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