Le président du Fonds international de développement agricole (Fida) est en colère : les pays africains ont échoué à consacrer 10% des dépenses publiques à l'agriculture, comme ils s'y étaient engagés en 2003. Et Kanayo Nwanze compte bien le rappeler aux chefs d'État du continent lors du 23e sommet de l'Union africaine, qui se tient à Malabo du 20 au 27 juin.
Kanayo F. Nwanze est le président du Fonds international
de développement agricole.
Dans une lettre envoyée par le président du Fonds international de développement
agricole (Fida) aux chefs d'État africains - et dont Jeune Afriquea obtenu une
copie - Kanayo F. Nwanze écrit notamment : "Plus de dix ans ont passé depuis la
déclaration de Maputo dans laquelle vous, leaders africains, vous êtes engagés à
allouer au moins 10 % de votre budget national au développement agricole [...].
Aujourd'hui, seuls sept pays ont respecté cet engagement." Et le Nigérian
d'asséner : "Arrêtez de promettre et faites-le maintenant." Un message on ne
peut plus clair...
Réactions
Cette interpellation est une nouvelle manifestation de l'agacement de la
société civile et des acteurs institutionnels africains face aux réticences des
gouvernements africains à respecter les engagements pris à Maputo.
Dans une tribune publiée en avril, Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam
et Ibrahima Coulibaly, vice-président du Réseau des organisations paysannes et
des producteurs de l'Afrique de l'Ouest (Roppa) exhortaient eux aussi les
ministres de l'agriculture de l'Union africaine, réunis alors à Addis Abeba, à
"renouveler, renforcer et respecter" ces engagements.
Données
Selon les données compilées [PDF]
par les chercheurs Samuel Benin et Bingxin Yu de l’Institut international de
recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), entre 2013 et 2010, seuls
treize pays africains ont au moins une fois consacré plus de 10 % des dépenses
publiques annuelles à l'agriculture (voir le graphe ci-contre). Seuls sept pays
franchissent régulièrement ce seuil, comme l'a rappelé Kanayo Nwanze, ce sont :
le Burkina Faso, l'Ethiopie, la Guinée, le Malawi, le Mali, le Niger et le
Sénégal. Aucun pays d'Afrique du Nord ne figure parmi ces "bons élèves".
Si les dépenses publiques destinées au secteur agricole en Afrique ont en
moyenne augmenté de 7,4 % chaque année entre 2003 et 2010, passant de 390
millions de dollars par pays en 2003 à 660 millions de dollars en 2010, cette
croissance n'a pas entraîné d'augmentation de la part des finances publiques
investies dans l'agriculture. En effet, sur la même période, les dépenses
publiques ont, dans leur ensemble, crû en moyenne de 8,5 % par an passant de
10,1 milliards de dollars par pays en 2003 à 16,9 milliards en 2010.
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