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Avions présidentiels - Libye : faste, fuite et décadence

Indispensable attribut du pouvoir ou plaisir dispendieux, l'avion présidentiel est un objet mythique. De Bouteflika à Biya en passant par Déby Itno, les dirigeants africains ne s'en privent pas plus que les autres.

 

 


L'avion présidentiel, une nécessité de souverainté ?

 


Il est des avions qui accompagnent l'Histoire. Le petit Falcon 900 immatriculé 5A-DCN avec lequel l'ex-Premier ministre Ali Zeidan a quitté précipitamment la Libye le 11 mars est l'un d'eux. Renversé par un vote de défiance controversé du Conseil général national (CGN, Parlement), Ali Zeidan a fait escale à Malte avant de s'envoler pour Düsseldorf. Son dernier vol à bord d'un avion d'État.

L'appareil, construit par le français Dassault, est un héritage de l'ère Kadhafi. Quelques semaines après le début de la révolution, en février 2011, Kadhafi s'était d'ailleurs rendu à Minsk, en Biélorussie, à son bord afin d'y négocier des armes supplémentaires et d'augmenter le flux des "rivières de sang" annoncées. En vain. En août 2011, les rebelles investissent Tripoli. Sur le tarmac de l'aéroport, ils découvrent un Airbus A340 d'apparence banale, peint aux couleurs de la compagnie libyenne Afriqiyah et logotypé 9999 en référence à la création de l'Union africaine, le 9 septembre 1999.

Cet appareil avait été cédé pour 95 millions de dollars (91,9 millions d'euros) par le sultan de Brunei au prince saoudien Al-Walid Ibn Talal, en 1999, qui l'a revendu 135 millions de dollars à Kadhafi sept ans plus tard. Dans l'appareil immatriculé 5A-One, un lit king-size, un Jacuzzi, des salons argentés pouvant accueillir 50 passagers... Un luxe insolent que des rebelles éreintés tournèrent en dérision devant le monde entier.

La nouvelle Libye a confié à un sous-traitant d'Air France le soin de transformer ce palace kitsch en avion de ligne banal d'Afriqiyah. Une bonne partie de la flotte fantasque du dictateur - composée d'Airbus, de Falcon, d'un Antonov 124 - a été détruite, de même que l'Airbus A300 de ses fils. Aujourd'hui, la plupart des ministres libyens empruntent un simple Falcon, ou prennent des vols réguliers. Une rupture hautement symbolique avec les extravagances d'une dictature révolue.

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