Lomé veut être une plateforme financière majeure en Afrique de l'Ouest. Et prend exemple sur Singapour.
Siège de la banque panafricaine Ecobank, à Lomé.
En avril, après une visite en Malaisie, Robert Dussey, le ministre togolais des
Affaires étrangères, débarquait à Singapour avec une délégation d'hommes
d'affaires de la Chambre de commerce et d'industrie du Togo (CCIT) pour clore sa
tournée asiatique. Objectif de sa visite ? S'inspirer du modèle singapourien
pour transformer le Togo. Cette stratégie, impulsée par le chef de l'État, Faure
Gnassingbé, consiste à faire de Lomé une plateforme de services performante.
Transformation
La métamorphose de la capitale togolaise repose sur deux piliers.
D'abord, les infrastructures de transport, portuaires et aériennes. Selon le
gouvernement, la modernisation du port de Lomé ainsi que sa situation
géographique devraient lui permettre de devenir l'une des principales portes
d'entrée en Afrique de l'Ouest.
De même, le renforcement de la capacité d'accueil de l'aéroport international de
la capitale est en cours de réalisation. Et, en tant que siège de la compagnie
aérienne régionale Asky, Lomé a de bons arguments pour devenir un hub aérien
dans la sous-région.
Ensuite, les services. Dans ce domaine, Lomé entend devenir une place financière
de tout premier plan et dispose d'un certain nombre d'atouts.
Ainsi, la zone franche de la capitale est parvenue à attirer des sociétés de
poids : elle héberge non seulement le siège de la Banque ouest-africaine de
développement (BOAD) mais aussi celui d'Ecobank et d'Oragroup, deux importants
groupes panafricains. Le capital-investisseur Cauris Management a lui aussi élu
domicile à Lomé.
Le retour d'Abidjan
Malgré ces avancées, les défis ne manquent pas. Il faudra d'abord compter
avec le retour d'Abidjan sur la scène des affaires ouest-africaines. La capitale
économique ivoirienne accueille déjà la Bourse régionale des valeurs mobilières
(BRVM), une situation propice au développement des sociétés de services
financiers, traditionnellement associées à une place financière.
Ensuite, Abidjan s'apprête à recevoir à nouveau le siège de la Banque africaine
de développement (Bad), délocalisé à Tunis depuis le début de la crise politique
ivoirienne des années 2000. En termes de transports, le port d'Abidjan - le plus
important de la région - reste incontournable, d'autant que son extension est en
cours. Enfin, en tant que première puissance économique de l'Afrique
francophone, la Côte d'Ivoire dispose de sérieux atouts. "J'ai du mal à croire
que Lomé se développera de manière décisive dans les cinq prochaines années",
déclare un banquier d'affaires ouest-africain.
Réglementation
Dernier problème, et non des moindres : la réglementation. Si la société
Cauris management est installée à Lomé, le fonds Cauris Croissance II Limited,
qu'elle a lancé en 2011, est enregistré à Maurice.
Les contributeurs du fonds ont fait pression afin qu'il ne soit pas établi au
Togo, en particulier pour échapper au flou des règlements. C'est un point que
les autorités togolaises doivent étudier avec attention.
De même, il va leur falloir prévoir des réorganisations dans le secteur
financier, en particulier mettre un terme au feuilleton de la privatisation des
deux dernières banques publiques en vente, la Banque togolaise pour le commerce
et l'industrie (BTCI) et l'Union togolaise de banque (UTB). Un dossier qui
traîne depuis 2008.
Réformes
Cependant, il semble que le gouvernement a entrepris des réformes :
l'adoption d'un code des investissements plus attractif et d'un code des marchés
publics conforme aux normes internationales ainsi que la simplification des
procédures de création d'entreprise par la mise en place d'un guichet unique.
Annoncer de grandes stratégies est un premier pas, mais c'est sur la mise en
oeuvre que le pays sera jugé par les hommes d'affaires.
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