Le holding mauricien Avenport s'associe au chinois Ruixing Group pour soutenir ses projets laitiers en Afrique. Et en profite pour s'inviter en Asie.
Sur le continent, la majorité du lait consommé est importé.
Dans le lait africain, l'offensive est généralisée. Tandis que Danone poursuit
ses acquisitions (lire encadré), que Lactalis réfléchit à plusieurs
développements, notamment avec son partenaire tunisien Mabrouk, que Nestlé
conserve ses positions historiques, le mauricien Avenport n'est pas en reste.
Fonds contre savoir-faire
Début juillet, ce holding familial très diversifié (immobilier, sport,
agriculture, transport...) qui compte des participations jusqu'en France et en
Nouvelle-Zélande a conclu un partenariat avec Ruixing Group, première entreprise
privée chinoise spécialisée dans les fertilisants, qui envisage de se lancer
dans la production de lait.
"Nous partageons notre savoir-faire avec Ruixing et il nous apporte des fonds
pour nous développer dans nos périmètres traditionnels : l'Afrique de l'Est et
l'Afrique australe. Des études d'implantations sont en cours avec des
partenaires locaux au Botswana, au Kenya et au Zimbabwe", explique le
Franco-Mauricien Éric Sériès, président d'Avenport Investment, détenu par sa
famille.
La société envisage également de s'étendre plus à l'ouest, au Gabon, après avoir
été sollicitée par Libreville. Néanmoins, le patron reste modeste : "Nous sommes
trop petits pour nous battre contre les géants mondiaux qui arrivent sur le
marché. Nous intervenons sur un marché de niche et visons une clientèle locale.
Notre valeur ajoutée face aux marques importées, c'est la proximité. Elle
garantit la fraîcheur des produits."
Boom
Sur un continent où le lait consommé provient essentiellement de
l'étranger, le plus souvent sous forme de poudre, Avenport - qui refuse de
communiquer ses revenus - n'est pas un novice. En 2008, il a acquis une ferme
laitière industrielle tout juste créée par un investisseur sud-africain, à
Salazie, dans le nord de Maurice. Elle compte 600 vaches, génisses et veaux et
une production quotidienne de 25 litres de lait par vache soumise à la traite
rotative.
La naissance d'Agreenculture Holdings, la société qui exploite la ferme et
produit déjà 1,2 million de litres par an, a largement participé au boom de la
production nationale, passée de 2,5 millions de litres en 2007 à 6,5 millions
l'an dernier.
Vitrine
Une révolution dans un pays qui importait 98 % de son lait jusqu'à la
mise en place d'un plan stratégique en faveur de la sécurité alimentaire. La
ferme de Salazie sert aujourd'hui de vitrine au groupe.
Le 17 juillet, Luc Oyoubi, le ministre gabonais de l'Agriculture, a fait le tour
du propriétaire dans le cadre de négociations pour la création d'une unité de
production similaire au Gabon. Un projet auquel le Fonds gabonais
d'investissements stratégiques (FGIS) devrait participer.
Si Ruixing s'est intéressé aux projets d'Avenport, c'est pour son potentiel de
développement africain certes, mais pas seulement. Le mauricien sera aussi mis à
contribution en Chine.
Difficultés
Pékin connaît en effet des difficultés d'approvisionnement. Après les
scandales liés au lait contaminé produit sur le territoire chinois en 2008, les
autorités ont fait abattre plusieurs millions de vaches et fermé un grand nombre
d'exploitations, ce qui a fait chuter la production de 20 % en 2013, soit
l'équivalent de 6 milliards de litres en moins.
"Ruixing nous a proposé de nous associer au projet chinois de la plus grosse
ferme laitière du monde - 50 000 vaches -", précise Éric Sériès. Un pas de plus
dans l'internationalisation du mauricien Avenport.
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