Une étude indique que moins on est riche plus on dépense pour se nourrir.
Moins on a d’argent plus on en dépense pour se nourrir. C’est la principale
indication d’une étude que vient de publier le Département américain d’économie
agricole, USDA. Cette étude, abondamment commentée par le magazine Vox, permet
en outre de comprendre les inégalités qui existent entre les pays face à
l’augmentation du prix des denrées alimentaires. Mais elle indique aussi que les
pays qui dépensent le plus en nourriture sont ceux qui sont le plus vulnérables
à la malnutrition.
Pour illustrer cela, l’USDA a établi un classement des pays africains où le
budget en nourriture consommée à la maison est le plus élevé.
Selon ce classement, le Cameroun arrive en tête avec 45,9 % du buget des
familles consacré à l’alimentation, en 2012. Il est talonné par le Kenya (44%),
l’Algérie (43,7%), Egypte (42,7%). Le Nigeria et l’Afrique du Sud, bien que les
plus riches du continent, figurent aussi dans le tableau avec respectivement
39,5% et 19,4%.
Mais comment se fait-il qu’une part si importante du budget soit consacrée à
l’alimentation dans un continent où le revenu moyen par habitant en Afrique
subsaharienne est d’environ 2200 dollars par an, comme l’indique la Banque
mondiale?
L’étude de l’USDA évoque tout d’abord la faiblesse des revenus et le prix élevé
des denrées alimentaires. L’autre cause, tout aussi importante, est l’absence ou
la faiblesse d’une production agricole locale.
En Algérie, par exemple, tout ou presque est importé et donc forcément cher.
Beaucoup trop cher pour de trop petites bourses. Selon Ubifrance, l’Algérie
serait même le premier importateur africain de denrées alimentaires, avec 75% de
ses besoins assurés par des importations. La conséquence en est que les prix
grimpent souvent de manière drastique, comme c’est le cas en période de ramadan.
Le cas de l’Algérie fait d’ailleurs dire au site Arab Thinks que ce pays a
lui-même créé les causes de sa dépendance alimentaire par absence totale de
politique dans ce secteur. Il cite ainsi pêle-mêle les maux qui minent
l’agriculture en Algérie:
«Dépendance aux importations de produits alimentaires, mauvaise gestion et
vétusté des systèmes d’irrigation, dégradation des infrastructures, pénuries de
produits de large consommation, détresse des agriculteurs, etc.»
Si le Cameroun, lui, est moins dépendant des importations de denrées
alimentaires, la situation y est tout aussi préoccupante. Le coût de
l’alimentation est élevé et en constante croissance.
«Les budgets affectés à l'agriculture de consommation et au développement rural
ont diminué pendant les décennies des ajustements structurels. Les plans
stratégiques de réduction de la pauvreté accordaient une plus grande priorité à
la culture des produits tournés vers l’exportation (cacao, café, coton)»,
explique Le Journal du Cameroun. Du coup, le pays importe près de 600.000 tonnes
de riz, d’après des chiffres du ministère camerounais de l’Agriculture.
On est donc loin de l’autosuffisance alimentaire que le Cameroun disait avoir
atteint dès la fin des années des 1970. La situation ne s’améliorera que grâce à
des «technologies adaptées, [des] infrastructures de qualité, [un] environnement
institutionnel et économique incitatif et [la] préservation des ressources
naturelles», prévient Afrique Expansion.
Le classement de l’USDA apparaît donc comme un indicateur de la gravité de la
situation et des risques d’aggravation de l’insécurité alimentaire sur le
continent. Mais il souligne surtout que des solutions existent.
Raoul Mbog
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