Mamadou Moustapha Touré, président de la Commission électorale nationale autonome (CENA), été contraint à la démission par le président Abdoulaye Wade. C’est du moins, si l'on en croit la lettre que l'intéressée a adressé au président sénégalais. Une démission qui met l'opposition sénégalaise dans tous ses états.
Dans sa lettre de démission adressée au président de la République du Sénégal, le président de la Commission nationale indépendante n’a pas boudé son plaisir, en incriminant le chef de l’Etat sénégalais en une phrase : « J’ai décidé de remettre à votre disposition mon mandat comme vous me l’avez demandé », écrit-il. Ce bout de phrase a déchaîné depuis la polémique.
L’opposition demande en bloc des comptes et exprime son inquiétude sur le processus électoral. Seydou Guèye, porte-parole de l’APR/Yakaar, le parti de l'ancien Premier ministre Macky Sall : « Si nous apprenons de la bouche même du président de la CENA, Monsieur Moustapha Touré, que c’est contraint et forcé qu’il a rendu son tablier, cela nous inquiète. Tout ce que l’on nous prépare n’augure pas d’élections régulières et transparentes pour 2012 ou une date avant. Le président de la République est le seul à connaître la date des élections. A la limite, on pourrait même le soupçonner de délit d’initié. On n’acceptera pas, pour une raison ou une autre, un empressement à organiser des élections. C’est ce que révèle le comportement frénétique du pouvoir en matière électorale », ajoute-t-il encore.
Côté pouvoir, Serigne Mbacké Ndiaye, ministre conseiller politique à la présidence de la République s’explique en ces termes : « Nous n’avons pas de compte à rendre. Il appartient à celui qui a démissionné de dire pourquoi il a démissionné. Concernant l’accusation de délit d’initié, on ne peut pas soupçonner quelqu’un d’avoir commis un délit. On démontre que quelqu’un l’a commis ».
Le mandat du président de la CENA, le juge Moustapha Touré, devait prendre fin en 2011. Dans sa réponse à sa lettre de démission, le chef de l’Etat sénégalais dit qu’il prenait acte de sa démission en le remerciant au passage.
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