De passage à Paris, le vice-président libyen de la Chambre des représentants, Ali Shoaieb Emhemed, a répondu aux question de Jeune Afrique sur la situation de son pays.
Ali Shoaleb Emhemed est le numéro deux du Parlement
libyen.
Originaire de Zawiya, Ali Shoaieb Emhemed, 64 ans, est le vice-président de la
Chambre des représentants, le Parlement libyen, qui siège depuis le 4 août à
Tobrouk, dans l'est d'un pays où les combats font rage. Mais à Tripoli, le
25 août, les islamistes ont reconstitué en toute illégalité l'ancien Parlement,
le Congrès général national (CGN). De passage à Paris, Shoaieb Emhemed dénonce
cette situation ubuesque et défend sa vision de l'État.
Jeune afrique : Le CGN ne reconnaît pas votre légitimité.
Faut-il craindre une partition politique de facto ?
Ali Shoaleb Emhemed : C'est un coup d'État ! Élu par le peuple,
notre Parlement est la seule institution légitime, comme l'a confirmé Laurent
Fabius lors de notre entretien à Paris la semaine dernière, ainsi que l'ONU.
Nous sommes néanmoins disposés à dialoguer avec les islamistes du CGN lorsqu'ils
le voudront.
Quelles sont vos priorités ?
Contrairement à ce qui a été dit, nous ne nous réunissons pas sur un
bateau au large de Tobrouk ! Dans les prochains jours, nous formerons un nouveau
gouvernement. Et d'ici à cinq mois, il y aura une élection présidentielle au
suffrage universel. Entre-temps, la Chambre des représentants exerce le pouvoir
exécutif. C'est aussi un lieu de dialogue et de réconciliation pour faire taire
les armes.
Dialoguerez-vous avec Ansar al-Charia et les milices
islamistes ?
Nous approuvons un dialogue inclusif avec toutes les parties disposées à
reconnaître l'État et à respecter les règles de la démocratie. Pas question, en
revanche, de négocier avec des organisations terroristes comme Ansar al-Charia.
L'élection du général Nazuri, ex-adjoint de Khalifa
Haftar, comme chef d'état-major ne constitue-t-elle pas une provocation pour les
islamistes ?
C'est le résultat d'une élection au Parlement qu'il faut respecter. Je
souhaite que Haftar se soumette à l'autorité de l'État. La lutte contre le
terrorisme ne le place pas au-dessus des lois. Nous souhaitons créer une
véritable armée et un appareil sécuritaire d'État qui intègrent les éléments du
général Haftar, mais aussi les milices.
La Ligue arabe a critiqué votre appel à une intervention
étrangère...
Que ce soit clair : nous sommes opposés à toute intervention armée. Les
islamistes et certains régionalistes ont manipulé notre position pour faire
croire le contraire. Nous avons en réalité appelé à une aide qui pourrait être
de nature politique, financière, humanitaire. Nous avons le devoir de protéger
les civils.
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