Co-organisée avec la France, la conférence « Investir en Tunisie : start up democracy » a rassemblé le 8 septembre Etats, institutions internationales et investisseurs. 22 projets pour une enveloppe globale de 5,2 milliards d'euros ont été présentés.
Le temps du retour de l'investissement et de la croissance en Tunisie est-il
venu ? « Nous avons oublié l'économie durant ces trois dernières années, mais
l'économie ne nous a pas oubliés », a rappelé Mehdi Jomaa, le premier ministre
tunisien, à l'ouverture de la conférence « Investir en Tunisie : start up
democracy » à Gammarth, près de Tunis. Depuis le début de l'année la croissance
tunisienne plafonne à 2,1 %, un taux en deçà des ambitions du pays, plus de
trois ans après la révolution. Par rapport à l'an dernier, les investissements
étrangers sont en baisse de près de 15% au premier semestre.
Politique
La Constitution a été adopté fin janvier, les élections législatives
auront lieu le 26 octobre suivies des présidentielles. Pour saluer la transition
politique en bonne voie selon tous les intervenants, l'ouverture de la
conférence a eu droit à un aéropage très politique : les premiers ministres
tunisien et français, les deux pays qui co-organisaient la conférence, ainsi que
leurs ministres des Affaires étrangères respectifs. Etaient au rendez-vous
également, les chefs du gouvernements algérien et marocain et des représentants
du Foreign Office américain.
"L'économie tunisienne est une start-up, une entreprise d'avenir dans laquelle
je vous invite à investir", a déclaré Manuel Valls, le premier Ministre
français.
22 projets
La conférence visait aussi à présenter vingt-deux projets d'envergure
pour un montant total de 12 milliards de dinars (5,2 milliards d'euros) dans
différents secteurs : infrastructures, transports, tourisme etc ... Quatre sont
des partenariats publics-privés. Certains sont sur les rails depuis longtemps et
déjà entamés, c'est le cas de Taparura ; l'aménagement des côtes de Sfax, la
deuxième ville du pays.
Le projet de port en eaux profondes d'Enfidha est lui-aussi très ancien. « Il
avait été pensé comme un investissement purement privé, mais il n'était pas
attractif faute de rentabilité, explique Nourreddine Zekri , secrétaire d'Etat
au développement et à la coopération internationale. Finalement ce sera un
partenariat public privé, plus à même de dégager une rentabilité. »
Grands travaux
Le retour des investisseurs étrangers, dépend étroitement de ces grands
travaux car le manque d'infrastructures et de transports freinent les capitaux.
Chiheb Ben Ahmed le ministre des transports en est conscient et pense que les
cinq projets portés par son ministère, ports, autoroutes, voies ferrées, «
peuvent révolutionner le paysage logistique à l'échelle de la région. »
Pas de promesses de dons ou de signature de convention à l'issue de cette
journée : dès le début, les architectes de la conférence avaient prévenu : il ne
s'agit pas de reconduire le modèle de la conférence de Deauville, après la
révolution où des sommes très conséquentes avaient été promises avec très peu de
concrétisations.
Réformes structurelles
En revanche certains financements (jusqu'à 500 millions de dollars), déjà
dans les tuyaux, sont suspendus à l'adoption de réformes structurelles. Le
dialogue national économique - réunissant le gouvernement, centrales syndicale
et patronale, la majorité des partis politiques et des experts - a dessiné ces
réformes à grands traits. A charge pour le prochain gouvernement de les faire
adopter par l'assemblée qui sortira des urnes à la fin de l'année.
La création de l'agence nationale du crédit, la loi sur la concurrence, les
Partenariat publics -privés, le régime des conventions collectives ou les
énergies renouvelables sont des priorités à entendre ministres, institutions et
investisseurs. La loi sur les partenariat publics privés est notamment très
attendue.
Financement
Pour Diane Binder, vice-présidente du développement international chez
Suez environnement, déjà actif en Tunisie notamment via sa filiale Segor ou ses
partenariat avec la Steg (électricité) , la Sonede (eau) et l'Onas
(assainissement) : « On sent une vraie volonté d'engager des réformes. ». Parmi
les 22 projets présentés, Suez est intéressée par les usines de désalement. A
condition que « les bailleurs de fonds se mobilisent et soient prêts à financer
des projets, » ajoute-t-elle.
Alstom, qui ne cache pas son intention de participer à l'appel d'offres du résau
Ferré régional pour le matériel roulant, pourrait aussi participer au projet de
voie ferrée Tunis- Kasserine. Philippe Delleur, président d'Alstom international
a apprécié que la conférence réunisse officiels, investisseurs, et bailleurs de
fonds « qui ont l'air d'être intéressés. » Reste à voir quels financements
seront annoncés dans les prochains mois pour permettre d'avancer concrètement
sur les projets.
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