Si une opération militaire n'est pas du tout d'actualité, certains, notamment la France, s'y préparent déjà.
L'entourage de Jean-Yves Le Drian ne cesse de le répéter : "Le temps n'est pas
venu de lancer une opération militaire en Libye. Il y a plusieurs dynamiques à
construire : politique, régionale et internationale, militaire. Pour l'instant,
nous tentons de convaincre la communauté internationale de s'emparer de la
question."
Deux certitudes : les militaires français pensent qu'il faudra bien intervenir
un jour et se préparent en conséquence, même si l'on assure à Paris qu'il
n'existe pour l'heure aucun plan d'attaque ; et la France, si elle doit
intervenir, ne le fera pas seule. Elle n'en a ni l'intention ni les moyens,
malgré le dispositif Barkhane qui quadrille le Sahel et qui disposera, à terme,
de plusieurs bases près de la frontière libyenne (à Madama, au Niger; à Zouar et
à Faya, au Tchad).
"On ne fera pas comme Harmattan mais comme Serval"
Les États-Unis (qui disposeront bientôt d'une base de drones à Dirkou, au Niger,
à 400 km de la Libye) et le Royaume-Uni, les deux pays les mieux renseignés dans
la région, sont conscients des enjeux. Mais ils ont une autre priorité : l'État
islamique (EI). En Europe, les Italiens sont également inquiets. "Ils savent que
la vague d'immigration qu'ils subissent depuis quelques mois est directement
liée au chaos libyen", indique-t-on à Paris.
Les pays de la sous-région, qui craignent (ou subissent déjà) les répercussions
du chaos libyen, sont plus va-t-en-guerre. Cela fait des mois que le Niger et le
Tchad appellent de leurs voeux une intervention, à condition qu'elle soit cette
fois suivie d'un "service après-vente" et qu'elle ne soit pas simplement un
remake de l'opération Harmattan, qui, en 2011, s'était conclue par la chute de
Kadhafi. C'est aussi l'avis de la France : "On ne fera pas comme Harmattan, mais
comme Serval, avec un suivi du processus politique."
Si en Tunisie les avis divergent, l'Égypte et les Émirats arabes unis, eux, sont
tout disposés à agir. Voilà des mois que Le Caire et Abou Dhabi soutiennent
vraisemblablement le général Haftar dans sa lutte contre les islamistes en
Cyrénaïque, y compris par des raids aériens. Reste l'Algérie, qui enverrait
régulièrement des forces spéciales en Libye (comme les États-Unis et la France).
Si elle redoute de voir son voisin tomber entre les mains des jihadistes, elle
craint tout autant que ces derniers, en cas d'intervention, se replient sur son
territoire. Pour l'heure, les militaires algériens ne veulent pas d'une guerre.
Quant aux Libyens, ils se disent, par la voix de leur ancien chef de la
diplomatie Mohamed Abdelaziz et de leur Parlement, "fermement opposés" à des
opérations étrangères sur leur sol. Du côté des diplomates chargés du dossier
libyen, on soutient l'initiative de l'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye,
Bernardino León, qui prône une solution politique.
Naviguer à travers les articles | |
L'Afrique du Sud lève 500 millions de dollars pour son premier sukuk | La Russie va fournir jusqu'à huit réacteurs nucléaires à l'Afrique du Sud |
Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
|