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Afrique du Sud : Et le rival d'Areva arriva...

Rosatom, le géant russe du nucléaire, a-t-il remporté le plus grand marché public de l'histoire sud-africaine ? C'est en tout cas ce qu'il laisse entendre. De quoi inquiéter son concurrent français.

 

 

 


En signant un accord de coopération nucléaire avec la Russie, le 22 septembre, Pretoria semblait avoir confié à Rosatom, l'agence russe de l'énergie atomique, le plus gros marché public de l'histoire sud-africaine. Les chiffres très précis donnés à cette occasion par l'entreprise sont éloquents : huit réacteurs construits d'ici à 2023 pour une puissance de 9 600 mégawatts et un coût de 40 à 50 milliards de dollars (31 à 39 milliards d'euros)... sans qu'il ait été procédé à un appel d'offres.

Il n'en fallait pas plus pour que l'opposition sud-africaine réagisse, dénonçant vigoureusement un accord trop onéreux, voire douteux. Les autres pays sur les rangs - la Chine, la Corée du Sud, une alliance américano-japonaise et surtout la France - s'inquiètent. Le groupe français Areva, déjà fournisseur de l'unique centrale sud-africaine de Koeberg, se positionne depuis 2008 sur ce marché. Et compte sur ce dossier, qu'il n'estime pas bouclé, pour sortir de ses récentes difficultés - le groupe a perdu près de 700 millions d'euros au premier semestre 2014.

Présent en Afrique du Sud depuis les années 1970, Areva avait d'ailleurs remporté un appel d'offres en août, pour le remplacement des turbines de Koeberg (pour 300 millions d'euros), qui paraissait de bon augure pour le gros contrat à venir, même si Rosatom n'était alors pas sur les rangs.

À Paris, la clarification faite le 23 septembre par le gouvernement sud-africain a soulagé : l'accord avec les Russes n'est qu'un préalable, nécessaire pour soumissionner au futur appel d'offres, mais pas suffisant pour remporter la mise, a indiqué le ministère de l'Énergie de la nation Arc-en-Ciel. Au Quai d'Orsay, on a même fait savoir qu'un accord similaire a déjà été négocié avec Pretoria et qu'il ne reste qu'à fixer une date pour sa signature.

Garanties
Les Russes sont-ils allés trop vite en besogne, comme l'affirment certaines sources diplomatiques sud-­africaines ? Ou ont-ils obtenu des garanties qu'ils n'auraient pas dû dévoiler ?

Le président, Jacob Zuma - formé en Union soviétique dans les années 1980 -, s'est en tout cas beaucoup rapproché de la Russie de Poutine ces derniers temps. En octobre 2013, l'ANC avait d'ailleurs signé un protocole d'entente avec Russie unie, le parti du président russe. Et la visite de Zuma à Moscou, en août dernier, a étonné par sa durée : cinq jours. Selon l'hebdomadaire sud-africain Mail & Guardian, les deux chefs d'État auraient secrètement négocié les modalités du futur contrat. Dans un dossier aussi politique que le nucléaire, ces excellentes relations au sommet ne peuvent certes pas nuire.

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