Plusieurs dizaines de civils et militaires ont été arrêtés en Gambie après la tentative de coup d'État contre Yahya Jammeh. Trois jours après les faits, retour sur ce que l'on sait de ce putsch manqué.
Que s'est-il passé le mardi 30 décembre à Banjul ?
Dans la nuit du lundi 29 au mardi 30 décembre, vers 3h00 du matin, des soldats
gambiens ont attaqué le palais présidentiel à Banjul. Le président Yayah Jammeh
était en visite privée à Dubaï et donc absent.
Les assaillants, dont certains étaient membres de la garde présidentielle,
seraient arrivés par pirogue. Lourdement armés, ils ont ouvert le feu sur les
forces de sécurité déployées dans le palais. Après d'intenses échanges de tirs,
ils ont été neutralisés. Au moins trois d'entre eux ont été tués et d'autres
arrêtés. Aucun bilan n'était en revanche disponible du côté des militaires
loyaux au président Jammeh.
Qui sont les assaillants ?
Peu d'informations ont filtré sur l'identité des putschistes. Selon un officier
de l'armée gambienne, les assaillants étaient sept et lourdement armés. Ils
auraient été dirigés par un dénommé Lamin Sanneh, un ex-capitaine qui aurait
déserté l'armée et qui a été tué lors de l'assaut du palais.
D'après Yayah Jammeh, "des soldats qui ont été renvoyés (de l'armée)" figurent
parmi les assaillants. "L'un d'eux était l'(ancien) chef de la garde
présidentielle, il pensait que parce qu'il était là, il connaît tout" du palais,
a ajouté le président, sans plus de précisions.
Que sait-on de cette opération manquée ?
Plusieurs dizaines de civils et militaires ont été arrêtés et soumis à des
interrogatoires de la National Intelligence Agency (NIA), les redoutés services
de renseignements gambiens. L'identité de ces personnes, ainsi que la date de
leur arrestation, n'est pas connue. Selon une source proche de la NIA, certaines
d'entre elles étaient logées dans "quatre villas" à Banjul et dans ses environs,
où devaient les rejoindre d'autres participants au putsch.
Toujours d'après cette source, des documents contenant notamment un plan de
l'attaque ont également été découverts par les enquêteurs, qui ont aussi mis la
main, au port de Banjul, sur un container avec "une grande quantité d'armes
automatiques, très sophistiquées, et d'explosifs". Cet arsenal était caché dans
"des ballots de friperie". "Les enquêtes sont maintenant orientées vers la
provenance du container et surtout les commanditaires" de l'assaut.
Furieux, Yayah Jammeh fustige un complot des puissances étrangères
Rentré à Banjul quelques heures après les violences, Yayah Jammeh a effectué peu
après une apparition surprise dans les rues de la capitale, circulant dans un
cortège avec escorte surarmé. Dans un discours prononcé dans la nuit de mercredi
à jeudi à la télévision nationale, il a affirmé que l'attaque du palais
présidentiel avait été menée par un "groupe de terroristes soutenus par des
puissances que je ne voudrais pas nommer, des dissidents basés aux États-Unis,
en Allemagne et au Royaume-Uni".
Ce "n'est pas un coup d'État militaire comme on l'a appelé dans certains
médias", a aussi assuré le président qui dirige la Gambie d'une main de fer
depuis vingt ans. Il n'y a eu "aucune participation d'éléments des Forces armées
de Gambie" à cette attaque, elles "ont été vraiment loyales", a-t-il encore
affirmé. Martelant qu'"aucune force ne peut prendre cette place et personne ne
peut déstabiliser ce pays", Yayah Jammeh a fustigé les comploteurs visant "un
changement de régime par la violence". Et de conclure son discours, visiblement
remonté : "ceux qui jouent avec Dieu le paieront cher".
Quels sont les risques de représailles ?
La crainte de représailles commence à se manifester en Gambie. Quatre officiers
soupçonnés d'avoir participé à la tentative sont arrivés mercredi soir en
Guinée-Bissau. Ces officiers gambiens, dont l'identité n'a pas été révélée, se
sont rendus aux autorités militaires bissau-guinéennes à leur arrivée à Bissau.
"Les accusations fusent de partout", s'est inquiété une source diplomatique à
Banjul. "Les noms de personnalités militaires et civiles commencent à tomber sur
la table de la NIA. Je crains que des innocents soient pris à partie par simple
dénonciation", a commenté cette source sous couvert d'anonymat.
"Il y a un risque que le président Jammeh profite de cette situation pour se
livrer à une répression", a estimé pour sa part Aboubacry Mbodj, responsable de
la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (Raddho), une ONG
panafricaine basée à Dakar.
(Avec AFP)
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