À Abidjan, le tribunal de commerce a condamné le 15 janvier le groupe bancaire panafricain Ecobank à payer 7,5 milliards de FCFA à Thierry Tanoh, son ancien dirigeant et actuel secrétaire général adjoint à la présidence ivoirienne.
Avant de rejoindre Ecobank, Thierry Tanoh avait
fait l'essentiel de sa carrière à l'IFC.
Mise à jour du 16/01/2014 à 09h41CET : la procédure pour licenciement abusif est
traitée au Togo. A Abidjan, Ecobank, PIC et Daniel Matjila ont été condamnés de
manière solidaire, affirme l'avocat de Mr Tanoh.
Onze mois après son départ forcé d'Ecobank, Thierry Tanoh a obtenu gain de cause
contre son ancien employeur. Selon nos informations, dans une décision rendue le
15 janvier 2015, le Tribunal de commerce d'Abidjan a condamné le groupe bancaire
panafricain à verser 7,5 milliards de FCFA (environ 11 millions d'euros) à son
ex directeur général. Une sentence particulièrement lourde dans le cadre d'une
procédure pour "diffamation".
Selon nos informations, le tribunal ivoirien - qui a délivré sa sentence, de
plus de 40 pages, durant 50 minutes - a jugé diffamatoire une lettre adressée le
1er mars 2014 par Daniel Matjila, chief executive officer (chief investment
officer à l'époque) du gestionnaire sud-africain PIC (actionnaire d'Ecobank),
aux administrateurs du groupe et reprise dans plusieurs journaux anglo-saxons.
"Dans ce courrier, l'administateur jugeait Mr Tanoh "immature", "menteur",
"manquant d'éthique" et "inapte à exercer la profession bancaire". C'est pour
ces termes, dont Ecobank ne s'est jamais désolidarisée, que la condamnation pour
diffamation a été délivrée", a expliqué le 16 janvier au matin à Jeune Afrique
Soualiho Lassomann Diomandé (cabinet Lexways), avocat de Thierry Tanoh. Ecobank,
PIC et Daniel Matjila ont été condamnés de manière solidaire à payer 7,5
milliards de FCFA à Mr Tanoh."
La décision devra également être publiée dans certains journaux.
"Regrettable"
Joint par mail par Jeune Afrique, Albert Essien, successeur de Thierry Tanoh,
n'a pas répondu à nos demandes d'entretien. Tout comme Thierry Tanoh.
En revanche, Richard Uku, directeur de la communication du groupe bancaire, a
jugé "la décision vraiment regrettable et injuste". "Le montant est excessif et
irrationnel", a-t-il témoigné par téléphone, depuis Abidjan, à Jeune Afrique. Le
porte-parole a également confirmé l'intention du groupe de faire appel et
contesté le choix d'Abidjan comme lieu de la procédure, le contrat de Mr Tanoh
avec Ecobank stipulant selon lui "un recours aux tribunaux britanniques ou un
arbitrage auprès de la CCI de Paris."
Conflits
Nommé à la tête d'Ecobank en 2013, après un processus compétitif, l'Ivoirien
avait rapidement connu de grandes difficultés à diriger. Accusé par Laurence do
Rego, alors directrice du groupe chargée de la finance et du risque, de
plusieurs irrégularités en matière de gouvernance, l'ancien vice-président de la
Société financière internationale (IFC) s'était également retrouvé au beau
milieu d'une bataille entre administrateurs, certains le défendant, d'autres
(notamment la partie sud-africaine) demandant ouvertement sa tête.
Après plusieurs départs d'administrateurs, le conseil avait finalement décidé le
11 mars 2014 de révoquer Thierry Tanoh de son poste, avant la fin de son
contrat.
3 février prochain
D'après nos informations, l'ancien directeur général d'Ecobank a également
entamé une autre procédure, au Togo : celle-ci porte sur la rupture du contrat
de Thierry Tanoh sans préavis, violant en cela les procédures de l'Ohada. La
décision du Tribunal dans ce dossier est attendue pour le 3 février prochain.
Un arbitrage serait également en cours à la CCI de Paris.
Résurgence
Réagissant à la condamnation, Renaissance Capital a estimé le 16 janvier que les
11 millions d'euros représentent environ "3% des bénéfices après impôts pour
2014". La banque d'affaires s'inquiète surtout "de la récurrence de mauvaises
nouvelles pour Ecobank", comparant ces difficultés à un monste à plusieurs têtes
refusant de s'en aller et provoquant des troubles tout au long de l'année 2015.
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