Rabat menace de fermer la mission des Nations unies à Laâyoune, capitale occupée du Sahara occidental.
Le roi Mohammed VI: «Le Maroc restera dans
son Sahara»
Depuis la dernière déclaration du monarque chérifien, l'on est définitivement
convaincu que le dossier sahraoui ne connaîtra pas d'avancées. «Le Maroc restera
dans son Sahara, et le Sahara demeurera dans son Maroc jusqu'à la fin des temps»
avait déclaré Mohammed VI dans une allocution adressée à ses sujets à l'occasion
de la célébration du 39e anniversaire de l'annexion du Sahara occidental. Ce
n'était pas à mettre sur le compte d'une saute d'humeur royale. Son ministre des
Affaires étrangères vient de le confirmer. Le Maroc refuse de négocier. «À aucun
moment, depuis 40 ans, le Maroc ne s'est inscrit dans une logique de négociation
de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. Notre objectif, c'est une
solution politique juste, mutuellement acceptable et stabilisatrice pour la
région...» a affirmé Salah Eddine Mezouar dans un entretien accordé au magazine
Jeune Afrique que l'actualité (attentats contre le journal satirique français
Charlie hebdo et le débat suscité par ses nouvelles caricatures du Prophète
Qsssl) a mis en veilleuse.
L'intransigeance marocaine a poussé le conflit sahraoui dans l'impasse. La
mission de l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental a été entravée.
Le pouvoir marocain veut la tête de Christopher Ross. «Il s'agirait donc, au
stade actuel, d'évaluer la situation dans son ensemble, et d'évaluer le prix
politique des événements à venir, en considérant éventuellement, la possibilité
pour notre pays de désavouer l'actuel envoyé personnel du secrétaire général...»
indiquait une note interne du ministère marocain des Affaires étrangères portant
la référence DG/7/6/N°/2014 rendue publique par un «Snowden» marocain.
L'héritier de Hassan II a même menacé de fermer la mission des Nations unies à
Laâyoune, capitale occupée du Sahara occidental. Et Mezouar que fera t-il? «Si
la Minurso persiste à sortir de son cadre, quelle solution voulez-vous qu'un
État envisage? Une facilitation qui n'est plus neutre, n'a plus de raison
d'être.», souligne le chef de la diplomatie marocaine. Plus que trois mois pour
le vote d'une nouvelle résolution pour le Sahara occidental. Le Conseil de
sécurité doit prolonger le mandat de la Minurso le 30 avril 2015. La mission des
Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental
sera-t-elle dotée d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme?
Le Maroc le craint. Il est aux abois. Il a été sur le point d'être «puni» à deux
reprises. En 2013, lorsque le projet présenté par les Etats-Unis pour doter la
Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara
occidental (Minurso) d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme (dans
le cadre de la résolution 2099) a été rejeté in extrémis. En 2014, quand la
résolution 2152 adoptée le 29 avril qui avait réaffirmé la volonté du Conseil de
sécurité de l'ONU «d'aider les parties à parvenir à une solution politique
juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du
peuple du Sahara occidental...» avait souligné que «la consolidation du statu
quo n'est pas acceptable, et notant en outre qu'il est essentiel que ces
négociations progressent pour que tous les aspects de la qualité de vie des
habitants du Sahara occidental s'améliorent».
Depuis, le quotidien des Sahraouis n'a fait qu'empirer. Les manifestations
pacifiques en faveur de leur autodétermination pourtant garantie par les
résolutions votées par le Conseil de sécurité de l'ONU sont violemment
réprimées. Les militants des droits de l'homme sont jetés en prison et jugés par
des tribunaux militaires. Les associations internationales des droits de l'homme
(Human Rights Watch, Amnesty International, La Fondation Kennedy...) ont dénoncé
la pratique de la torture...Un tableau qui renseigne sur le caractère violent et
répressif du pouvoir marocain. Echappera-t-il indéfiniment à la correctionnelle?
Verdict le 30 avril 2015.
L"Expression
Naviguer à travers les articles | |
Gambie : ils voulaient renverser Jammeh | Deux ans après l'opération Serval, où en est l'armée malienne? |
Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
|