Plus de 100 000 victimes du déversement de déchets toxiques par le cargo Probo Koala à Abidjan en 2006 ont assigné en justice aux Pays-Bas la société affréteuse Trafigura, réclamant des indemnités et le nettoyage des déchets, a-t-on appris vendredi auprès de leurs avocats.
Le Proba Koala au port de Tallinn en Estonie, le 27 septembre 2006.
"Il est demandé au tribunal de bien vouloir juger que la société Trafigura
Beheer BV est responsable civilement des dommages corporels, moraux et
économiques qu'elle a causés aux demandeurs", selon le texte de l'assignation
dont l'AFP a obtenu copie.
Outre l'achèvement des travaux de dépollution, les 110.937 plaignants réclament
des indemnisations de 2.500 euros par victime, soit une somme totale de près de
280 millions d'euros.
Le déversement des déchets toxiques du Probo Koala en août 2006 à Abidjan, en
Côte d'Ivoire, avait causé la mort de 17 personnes et des dizaines de milliers
d'intoxications, selon la justice ivoirienne.
Trafigura, qui a toujours nié que le déversement ait provoqué décès et maladies
graves, s'est refusée à tout commentaire.
La multinationale, spécialisée dans le courtage pétrolier, a ses quartiers
généraux en Suisse mais est enregistrée aux Pays-Bas. Elle n'a jamais été
condamnée pour le déversement alors que des accords à l'amiable ont été conclus
en Grande-Bretagne et en Côte d'Ivoire.
L'assignation a d'ores-et-déjà été envoyée à Trafigura, qui l'a reçue le 16
février, et la plainte sera envoyée au tribunal d'Amsterdam le 2 mars, a assuré
à l'AFP Mathieu Cencig, un des avocats des plaignants.
Accord à l'amiable?
Ce délai réglementaire de deux semaines doit permettre aux parties de trouver un
éventuel accord à l'amiable, selon Me Cencig. La procédure a été entamée via une
fondation de droit néerlandais créée pour représenter les victimes.
En 2011, la justice néerlandaise avait rejeté une requête de l'association
écologiste Greenpeace, qui souhaitaient que Trafigura soit poursuivie aux
Pays-Bas pour les faits commis en Côte d'Ivoire.
La Cour avait indiqué qu'aucune des victimes ne résidait aux Pays-Bas et que les
faits reprochés s'étaient produits hors des Pays-Bas.
Les plaignants assurent que ces arguments ne jouent plus dans cette nouvelle
affaire, et s’appuient sur le fait que la fondation créée pour les victimes est
de droit néerlandais.
En février 2007, la compagnie avait conclu un accord amiable avec l'Etat
ivoirien qui arrêtait toute poursuite en contrepartie du versement d'une
indemnisation globale de plus de 100 milliards de FCFA (152 millions d'euros).
En septembre 2009, dans le cadre d'une affaire en Grande-Bretagne, Trafigura a
versé 22,5 milliards de francs CFA (33 millions d'euros) destinés à quelque
30.000 victimes.
"Nous représentons dans cette affaire aux Pays-Bas les victimes qui n'étaient
pas concernées par l'accord conclu en Grande-Bretagne", a expliqué Me Cencig :
"nous voulons que cette histoire soit conclue une bonne fois pour toute".
(AFP)
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