Le président sénégalais, Macky Sall, a annoncé la suppression du visa d'entrée au Sénégal à partir du 1er mai, entre autres mesures pour favoriser le tourisme dans le pays. Une décision saluée par tous les acteurs d'une filière en crise.
Le président Macky Sall a annoncé la
suppression
du visa d'entrée au Sénégal pour le 1er mai.
Instaurée en juillet 2013, la mesure de réciprocité des visas à l'égard des
ressortissants de pays exigeant eux-mêmes un visa des Sénégalais désirant
pénétrer sur leur sol ne soufflera pas sa deuxième bougie. "Le visa payant pour
l'entrée au Sénégal sera supprimé à compter du 1er mai 2015", a en effet annoncé
Macky Sall le 3 avril, dans son discours à la nation. Si certains observateurs
ironisent sur ce renoncement annoncé la veille de la fête nationale, qui célèbre
la souveraineté du Sénégal, le secteur du tourisme, en revanche, célèbre à
l'unanimité le pragmatisme présidentiel.
"C'est une décision courageuse, attendue par de nombreux acteurs nationaux comme
internationaux de la filière", indique Moustapha Kane, secrétaire permanent du
Syndicat patronal de l'industrie hôtelière (SPIH). "C'est une mesure salutaire
pour le secteur, qui démontre l'intérêt manifesté par le président Macky Sall
pour le tourisme", confirme Jean-Jacques Bancal, opérateur touristique au
Sénégal depuis 25 ans, qui gère deux hôtels à Saint-Louis (Nord) ainsi que le
Bou El Mogdad, un bateau de croisière qui navigue sur le fleuve Sénégal. "Mieux
vaut tard que jamais", se console Jean-Paul Fontaine, gérant d'un 5 étoiles au
Cap Skirring, en Casamance (Sud), une région touristique sinistrée où l'effet
psychologique d'Ebola est venu s'ajouter au coût des taxes aéroportuaires – les
plus élevées du continent – et du visa biométrique (52 euros par personne),
aboutissant à rendre apocalyptique la saison 2014-2015.
Manque de concertation
Adoptée sans concertation suffisante avec les professionnels du secteur,
pourtant principal pourvoyeur de devises du pays, la réciprocité des visas aura
donc fait long feu. Macky Sall a préféré y renoncer, considérant qu'"en
politique, il faut avoir le courage de savoir revenir sur une décision". Face au
marasme qui frappe la filière, le chef de l'État ne s'est pas arrêté là. "La
parafiscalité sur le billet d'avion sera réduite de 50 % pour abaisser le prix
du billet, a-t-il ajouté. Seront concernées la redevance passager et la taxe de
sûreté, dont le cumul s'élève à 8,4 milliards de F CFA (12,8 millions d'euros)
par an."
Des mesures qui "s'ajoutent à la suppression du droit de timbres sur les billets
d'avion". Si les réductions en question ne devraient pas se traduire par une
baisse significative du coût des billets d'avion – la taxe la plus importante
perçue par l'État du Sénégal vise à rembourser les investissements consentis
pour la construction du nouvel aéroport de Diass, dont l'entrée en service se
fait toujours attendre –, Macky Sall s'est en outre engagé à mener "des
consultations avec les compagnies aériennes à l'effet d'examiner la possibilité
de réduire la surcharge carburant". "Au Maroc ou en Égypte, celle-ci tourne
autour de 70 euros par billet, indique Moustapha Kane, du SPIH. Au Sénégal, elle
avoisine les 215 euros."
Aujourd'hui, selon la même source, un package d'une semaine de vacances au
Sénégal souscrit auprès d'un tour opérateur "coûte autour de 1 200 euros, soit
300 à 400 euros de plus que pour le Cap-Vert". La baisse des taxes
aéroportuaires et la suppression du visa annoncées par Macky Sall devraient
contribuer à donner un coup de fouet à la destination Sénégal, à une période où
les tour opérateurs bouclent leurs brochures, qui seront disponibles en
septembre prochain.
Par Mehdi Ba, à Dakar
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