À nouveau sur les rails depuis un an, le train express qui relie Douala à Yaoundé est plébiscité par les usagers.
À la gare ferroviaire de Yaoundé, le terminus.
En ce jour de Pâques, le train est bondé. L'Intercity, la ligne express
Douala-Yaoundé, vient de dépasser la cité industrielle d'Edea et file vers la
capitale économique, où il entrera en gare dans une demi-heure. Casquette sur la
tête, Robert Fah, cadre dans une banque, dévore les journaux posés sur la
tablette. Face à lui, deux de ses trois enfants se sont assoupis, indifférents
au bruit et à la fraîcheur de la climatisation. Après un coup d'oeil sur les
bambins, le père de famille reprend sa lecture. Ses voisins de banquette, eux,
préfèrent dormir. Un peu plus loin, des passagers regardent en silence les
vidéos musicales diffusées à bord. L'express devait ensuite effectuer son
deuxième et dernier trajet de la journée. Mais, avec près de trois heures de
retard au départ de la capitale, la seconde rotation a dû être annulée. "C'est
assez exceptionnel", assure un peu gêné un employé de la compagnie des chemins
de fer.
Locomotives
Relancé en mai 2014, après dix-huit années d'interruption liée aux diverses
crises économiques qu'a traversées le pays, l'Intercity connaît un véritable
succès. Plus de 325 000 personnes l'ont déjà emprunté. "Nous atteignons des taux
de fréquentation de 80 % en première classe et de 65 % en seconde", précise d'un
air satisfait Hamadou Sali, le président du conseil d'administration de la
Cameroon Railways (Camrail), la filiale du groupe Bolloré.
Pour améliorer ces chiffres, l'opérateur prévoit d'augmenter le trafic. Il vient
d'acquérir dix nouvelles locomotives. Coût de l'investissement : 20 milliards de
F CFA (environ 30 millions d'euros). De quoi satisfaire une clientèle
essentiellement issue des classes moyenne et supérieure. Elle choisit
l'Intercity malgré les tarifs très compétitifs proposés par d'autres moyens de
transport et au détriment des compagnies de cars, qui pratiquent pourtant les
prix les plus bas. Sur l'Intercity cependant, si les tickets de première sont
vendus à partir de 9 000 F CFA, ils sont trois fois moins chers pour les
étudiants.
Sécurité
"La sécurité n'a pas de prix", affirme Annick Laure, une habituée, faisant
allusion aux accidents récurrents qui endeuillent l'axe routier Douala-Yaoundé.
C'est sans doute l'argument le plus convaincant avancé par la société.
À chaque extrémité du train, des agents d'une entreprise de gardiennage prêtent
main-forte aux hôtesses pour ranger les plateaux-repas. Leur présence rassure.
Si bien que de grandes enseignes comme Cotco, Addax ou Les Brasseries du
Cameroun achètent des abonnements annuels à leurs employés. "Je suis plus
tranquille pour les enfants", confirme Pauline en regardant sa progéniture
s'amuser avec les tablettes louées à bord pour 1 000 F CFA. Autre avantage de
taille selon cette mère et sa copine : "Nous évitons les énormes bouchons aux
entrées et sorties des villes, les gares sont en plein centre."
Restent deux points noirs. Le premier : la restauration. "La nourriture laisse à
désirer", confirme Pauline, qui préfère emporter son propre repas. Autre bémol,
le système de réservation, non informatisé. "Le même siège peut être vendu
plusieurs fois", se plaint Robert. La compagnie prévoit de remédier à ce
problème. Pour autant, Robert ne compte pas changer de mode de transport, "quel
que soit le prix". Encore quelques petits détails à régler et l'Intercity
remportera tous les suffrages.
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