La pénurie d'essence qui paralyse le Nigeria depuis près d'un mois serait sur le point d'être résolue. Une entente entre les importateurs de carburant et l'État a été conclue le lundi 25 mai. Au cœur du litige : environ 900 millions d'euros d'arriérés de paiement des subventions au carburant.
Un homme transporte des jerrycans d'essence
vides à Lagos au Nigeria.
Des générateurs électriques qui manquent de diesel, des avions cloués au sol,
des voitures moins nombreuses sur les routes et une explosion du prix des
courses de taxi à Lagos (ils ont plus que quadruplé). Au Nigeria, l'économie
tourne un peu au ralenti depuis près d'un mois, conséquence d'une des pires
pénuries d'essence connues par le pays ces dernières années.
Premier producteur de pétrole du continent africain, avec 2 millions de barils
de brut extraits par jour, le Nigeria doit importer l'essentiel de son carburant
en raison de ses faibles capacités de raffinage. Les Nigérians dépendent ainsi
des importateurs de produits pétroliers qui ont choisi de stopper la
distribution il y a un mois en raison, disent-ils, d'arriérés de paiement d'une
valeur de 200 milliards de nairas (environ 904 millions d'euros) dus par le
gouvernement sortant de Goodluck Jonathan.
L'État verse en effet des subventions aux importateurs afin de contrôler les
prix et s'assurer de leur uniformité dans l'ensemble du pays. Or, avec
l'effondrement du cours de l'or noir, le Nigeria est confronté à de fortes
pressions sur son budget, financé à près de 80 % par les recettes pétrolières.
Un choc pour l'économie
La pénurie d'essence a forcé de nombreuses entreprises à couper leurs services.
Lundi, l'institution financière Guaranty Trust Bank a fermé ses portes
temporairement en raison du manque de carburant avant de les rouvrir mardi.
Au cours des derniers jours, au moins deux importants opérateurs de téléphonie,
MTN et Airtel, avaient annoncé des coupures de services dans l'éventualité où
aucun accord n'était trouvé.
De plus, plusieurs vols domestiques ont été annulés et certains vols
internationaux ont été forcés d'atterrir dans les pays voisins pour faire le
plein de carburant. Des stations de radio ont aussi été contraintes de réduire
les heures de diffusion de leurs émissions. Plusieurs entreprises et familles
nigérianes dépendent des générateurs alimentés au carburant pour obtenir de
l'électricité.
La fin des subventions aux carburants
La crise serait cependant sur le point d'être résolue. Le lundi 25 mai,
un accord a été trouvé entre le gouvernement nigérian et les principaux
importateurs du carburant, rappporte Reuters.
Solution plus radicale : le nouveau président Muhammadu Buhari, qui prend les
rênes du pays le vendredi 29 mai, pourrait tout bonnement mettre un terme aux
subventions du pétrole. Le budget 2015 ne prévoit que 100 milliards de nairas
(447 millions d'euros) au titre des subventions aux carburants, soit une baisse
de 90 % par rapport à 2014.
Une précédente tentative de réduction des subventions en 2012 visant à doubler
le prix du litre d'essence avait suscité une vive colère dans la population. Une
grève nationale de huit jours avait même été décrétée et une partie des
subventions avait été restaurée pour régler le conflit.
(Avec AFP)
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