Promue par le milliardaire espagnol Alberto Cortina, la Banque de Dakar débarque dans le paysage bancaire sénégalais dans quelques jours. Première née d'une serie d'établissements qui devraient voir le jour dans la région, explique son directeur général Vasco Duarte-Silva.
Vasco Duarte-Silva est le directeur général
de la Banque de Dakar. DR
Malgré un paysage bancaire presque saturé, avec plus d'une vingtaine de banques
en activité, la Banque de Dakar a décidé de se lancer dans l'aventure financière
au Sénégal. Un nouvel acteur qui suscite les rumeurs depuis que des informations
ont filtré sur le démarrage de ses activités. À quelques jours du lancement
effectif, prévu le 11 juin, Vasco Duarte-Silva, directeur général de la Banque
de Dakar, a accepté de répondre à nos questions (par écrit) et de faire la
lumière sur ce nouvel acteur, ses actionnaires, et ses ambitions.
Propos recueillis par Bintou Bathily, à Dakar
Jeune Afrique : Comment est née l'idée de la création de
la Banque de Dakar?
Vasco Duarte-Silva : Le projet BDK est né de la vision du
principal promoteur de BDK Financial Group, M. Alberto Cortina, et de l'ambition
d'investisseurs internationaux de créer un groupe financier en Afrique
subsaharienne pour accompagner le processus d'émergence économique de cette
partie du continent. Dans cette perspective, le holding Dakar Financial Group
(désormais BDK Financial Group), a été fondée, en mai 2014, au Luxembourg, puis
Groupe BDK, en novembre 2014, au Sénégal, pour porter les projets de banque dans
la zone UEMOA, choisie comme porte d'entrée en raison de la stabilité politique
d'ensemble, la qualité de la supervision bancaire et des ressources humaines
ainsi que la diversification du potentiel économique. BDK est la première née
des banques de Groupe BDK et d'autres devraient suivre au cours des années à
venir dans les autres pays de l'UEMOA.
Combien de temps a pris la réalisation du projet?
Le projet a duré sept mois entre le dépôt de la demande d'agrément en
qualité de banque, auprès de la BCEAO, en septembre 2014, et l'obtention de
l'agrément, le 20 avril 2015, par arrêté du ministre de l'Économie, des Finances
et du Plan du Sénégal.
On parle de BDK comme étant une banque d'affaires et
d'investissement. Pouvez-vous détailler davantage ses missions principales?
Au démarrage, BDK se spécialisera sur les activités de la banque de
marchés et de financement ainsi que celles de la banque privée. La banque de
marchés et de financement apportera les solutions adaptées aux besoins de
financement des entreprises et sera également active sur les marchés, notamment
celui des titres publics de l'Union pour permettre aux États de couvrir leurs
programmes d'émissions de dettes.
Pour sa part, la banque privée autorisera des produits de placement innovants et
le financement de projets au profit de personnes physiques. Avec la
mondialisation, le degré d'exigence de la clientèle impose, de plus en plus, aux
banques une qualité de services aux standards internationaux. BDK veut être ce
partenaire qui offrira à ses clients "Un autre regard sur la banque...".
La configuration du paysage bancaire sénégalais est
aujourd'hui caractérisée par la présence de nombreuses petites banques.
Qu'apportera de plus BDK?
La plupart des banques au Sénégal et dans l'Union sont à vocation
généraliste. BDK se focalisera, davantage, sur les activités de marchés qui
recèlent un potentiel important dans l'Union. La Banque s'est dotée, à cet
effet, d'une salle des marchés aux standards internationaux et a investi dans
des systèmes d'informations de marchés réputés sur le plan international,
notamment CALYPSO qu'utilise actuellement la Banque de France. En outre, BDK
mettra en oeuvre les actions afin d'attirer des investisseurs internationaux, à
même de contribuer à l'approfondissement du marché par l'accroissement des
volumes.
À quand la date de démarrage effectif de vos activités?
Nous comptons démarrer effectivement nos activités le 11 juin 2015.
Le Plan Sénégal émergent (PSE) comporte de nombreux grands
projets à financer. Y avez-vous déjà ciblé des projets précis?
La mise en oeuvre du PSE va nécessiter un recours accru aux émissions de
dettes sur le marché. Aux côtés des investisseurs régionaux et internationaux,
BDK prendra une part significative des émissions de titres du Trésor du Sénégal.
En tant qu'acteur du système financier, BDK va naturellement étudier avec
intérêt tous les projets stratégiques qui lui seront soumis. Bien entendu, ceux
du Plan d'Actions Prioritaires sont concernés.
Qui seront vos principaux clients?
Nous avons ciblé essentiellement une clientèle "haut de marché" tant au
niveau de la clientèle corporate et institutionnelle que privée. L'accent sera
mis également sur l'exploitation de la chaîne de valeur, permettant
d'accompagner les PME/PMI qui restent importantes dans le tissu économique
sénégalais.
Dans tous les segments de clientèle, l'accent sera porté sur la qualité de
l'accueil et de la prise en charge ainsi que la mise à disposition de services
aux standards internationaux aussi bien dans la banque électronique que dans les
solutions de placement et de financement qui leur seront proposées.
Avez-vous des secteurs prioritaires d'intervention?
Nous avons un intérêt pour tous les secteurs de l'économie sénégalaise et
bien évidemment, la préférence ira aux secteurs à fort potentiel de croissance.
Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés à court
et moyen termes?
Notre ambition est d'être un acteur de référence dans les services
financiers à l'intention des Trésors nationaux, entreprises, institutions
financières, institutionnels et personnes physiques. À court terme, notre
objectif est notamment de contribuer à l'animation du marché de titres publics
dans l'Union, d'offrir à notre clientèle des produits de placement sûrs et
rentables et d'apporter aux entreprises les solutions de financement adaptées.
À moyen terme, nous visons, dans un premier temps, l'agrément en qualité de
Spécialiste en Valeurs du Trésor pour les pays de l'Union. Ensuite, les
ambitions de Groupe BDK devraient tendre vers les services de banque
universelle, par l'élargissement de notre offre à l'ensemble des segments de
marchés et de clientèle. Cet objectif de diversification de nos activités pourra
nous conduire vers la banque de détail et même vers le secteur de la
microfinance. Bien entendu, les formes et les contours de cette expansion seront
déterminés en temps opportun.
Est-il vrai que la BDK a obtenu son agrément
d'implantation le 20 mars dernier?
Au cours de sa session du 20 Mars 2015, la Commission Bancaire a donné un
avis favorable à la demande d'agrément en qualité de banque de BDK. L'arrêté du
ministre de l'Économie, des Finances et du Plan du Sénégal s'en est suivi.
Qui en sont les différents actionnaires (nationaux comme
étrangers)?
BDK compte actuellement trois actionnaires : Groupe BDK (Sénégal), Coris
Holding (Burkina Faso) et Groupe Prestige (Sénégal).
Est-il vrai que la majorité stratégique des actions est
détenue par des privés espagnols et français?
L'actionnaire de référence, à savoir Groupe BDK (78 %), est détenu par
BDK Financial Group, dont l'actionnariat est exclusivement composé de quatorze
sociétés. Ces sociétés, quant à elles, appartiennent à des hommes d'affaires
internationaux, dont le principal est M. Alberto Cortina qui est de nationalité
espagnole.
Il n'y a pas de personnes physiques ou morales de nationalité française dans le
capital de BDK Financial Group. Toutefois, Groupe BDK compte parmi ses
administrateurs indépendants M. Bernard Kouchner, qui est français.
À combien s'élève le capital?
Le capital de BDK est actuellement de 16 milliards de F CFA contre un
capital social minimum requis des banques de 10 milliards de F CFA, au plus tard
le 1er juillet 2017, décidé par le Conseil des Ministres de l'UMOA, à l'issue de
sa réunion du 20 mars 2015.
Quel est le profil et le parcours du DG que vous êtes?
J'ai démarré ma carrière professionnelle en 1989 et passé quatorze années
sur les marchés, au sein de Citigroup Madrid, Lisbonne et Londres que j'ai
quitté comme Managing Director. En 2003, j'ai rejoint Banco Santander, en
Espagne, où j'ai successivement occupé les fonctions de Global Head of Corporate
and Investment Bank puis de Global Head of Equities.
Nous avons appris que le DGA est sénégalais, quel est son
profil?
Tout à fait, il s'agit de Monsieur Ibrahima Fall, qui est diplômé de
mathématiques appliquées à l'économie et la finance des universités de Paris
Dauphine et Paris Sorbonne. Monsieur Fall a passé seize années sur les marchés
régionaux et internationaux, dont huit à la salle des marchés de la BCEAO-Siège.
Quelle est la composition du staff de BDK?
L'équipe est constituée de professionnels avérés du secteur bancaire et
financier. Il m'a été donné de mesurer la qualité des ressources humaines au
Sénégal et le niveau de compétences qui à mon avis ne saurait justifier la
présence de personnel expatrié.
Présentement, à l'exception de moi-même, tout le personnel de BDK est de
nationalité sénégalaise et je dois vous dire que nous avons lancé le processus
de sélection d'un directeur général local pour BDK. Ce qui me fera évoluer sans
doute au poste de Vice-Président Exécutif et PDG du Groupe BDK. Ainsi, le top
management de BDK sera à 100 % local.
Quel votre effectif au démarrage nombre d'employés?
L'effectif actuel est de près de 40 personnes, dont des stagiaires
auxquels la banque souhaite donner la chance de se faire former et recruter.
Des rumeurs ont couru quant au rôle de M. Aliou Sall, le
frère de l'actuel président, dans BDK. Qu'en est-il exactement ?
Je dois vous avouer que nous sommes très gênés par cette situation dans
laquelle nous estimons avoir exposé M. Aliou Sall. Je m'explique.
Tout d'abord, M. Sall n'est pas actionnaire et ne représente aucun actionnaire
ni de BDK, ni de Groupe BDK, ni de BDK Financial Group.
Pour l'histoire, nous avons pris l'attache de M. Sall à notre arrivée à Dakar,
sur recommandation d'un ami commun. Au cours de nos entretiens, nous avons
évoqué, entre autres sujets, notre projet d'implantation d'un groupe bancaire en
Afrique subsaharienne et lui avions fait part de nos contacts assez avancés avec
un pays de la zone CEMAC. C'est alors qu'il nous a exposé tous les atouts de la
zone UEMOA et de la place de Dakar en particulier. Pour mieux nous édifier, il
nous a arrangé des rencontres avec des grands cabinets internationaux de la
place qui ont fini par nous convaincre de démarrer notre projet par la capitale
sénégalaise. Il continue de nous accompagner dans les autres pays de la zone
pour nos futures installations.
C'est pour cela que nous lui avons proposé un poste d'administrateur
indépendant, comme du reste nous l'avons fait avec M. Mamadou Seck qui nous a
été présenté dans les mêmes conditions et M. Jean Luc Konan qui est un banquier
de métier. Vous savez, nous sommes restés sereins malgré les rumeurs
persistantes et surtout irréalistes en attendant le moment opportun pour
éclairer définitivement l'opinion.
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